samedi 13 avril 2013

Obviously Oblivion.


La saison estivale ( oui je sais, nous sommes au printemps, mais les studios lancent leur films estivaux dés le printemps justement  pour étaler la sauce et ne pas trop se tirer dans les pattes) est officiellement lancée au cinéma avec le film de SF à grand spectacle Oblivion mettant en vedette Tom Cruise et réalisé par Joseph Kosinski, réalisateur de Tron : Legacy.

Alors,après avoir exploré la matrice…euh pardon, un univers virtuel connu sous le nom de La Grille (déjà moins sexy), Joe nous revient pour explorer une planète Terre dévastée. Nous sommes en 2077. Il y a 60 ans, nous conte le narrateur, la Terre a été attaquée par les aliens, les scavs. L’humanité a gagné la guerre mais au prix fort : la Terre a été ravagée. Les survivants ont migré vers Titan, satellite de Saturne. Les humains ont laissé derrière eux le TET, une gigantesque base spatiale qui dirige les opérations au sol, à savoir l’entretien des drones de sécurités protégeant d’immenses tours d’extraction de toute l’eau de mer sur Terre.
Cette eau doit rejoindre Titan et être partiellement transformée en énergie pour les humains. Mais les scavs survivants attaquent les drones de sécurités.

Jack Harper* et sa compagne Vika sont chargés de traquer les drones défaillants et de les réparer. Vika reste à la base et Jack est l’agent de terrain. Tout deux ont vu leur mémoire effacée avant leur mission, de sorte qu’ils ne puissent pas être une source d’infos pour l’ennemi. Deux semaines avant leur rapatriement sur Titan, un vaisseau s’écrase. Dans les débris, des tubes cryogéniques protégeant des être humains. C’est à ce moment que les drones commencent à canarder. Jack a juste le temps de sauver une survivante, Julia. Hors, celle-ci hante la mémoire résiduelle de Jack depuis des lustres. Sentant ses convictions trembler, Jack embarque Julia à la recherche de réponses.

La Terre et Titan, une lune saturnienne moins d'1 fois et demi plus grande que notre lune. L'exode a pas du être très massif.

Tom Cruise et la SF, c’est en général une bonne équation : Vanilla Sky ou encore Minority Report et La Guerre des Mondes . Les deux derniers étant de Steven Spielberg.
Mais Joseph Kosinski n’est pas Steven Spielberg.

Il y a deux parties bien distinctes dans ce film. La première nous montre le quotidien de Jack et Vika. Cette partie nous fait découvrir le monde tel que la guerre l’a laissé : désertique, en ruines. Jack , pourtant, de nature curieuse, n’hésite pas à enfreindre les règles et récupère certains objets d’antan qu’il « cache » à sa compagne dans un petit coin de verdure qu’il a aménagé. Si le contraste avec le reste du monde est flagrant, Kosinski manque d’en faire une poésie visuelle.





La seconde est un très centrée sur l’action et moins sur la réflexion  C’est carré, c’est correct mais sans génie, le potentiel des designs de production explose ( dans tous les sens du terme) dans cette partie plus riche en suspens et en émotions fortes. Dommage que le passage de l’une à l’autre soit si abrupte. Kosinski démontre pourtant dans cette partie plus violente qu’il est capable de quelques fulgurances visuelles, comme cette mort arrivant en hors champ mais dont les conséquences éclaboussent Tom Cruise. On a rien vu de gore mais on a tous compris ce qui se passe (et parfois, c’est même plus fort comme procédé que montrer l’horreur de visu).

Oblivion souffre d’autres maux. Tout d’abord un scénario vaguement complexe qui se trouve ne pas l’être tant que ça ( les vieux briscards de la SF, surtout littéraire, auront vite et facilement compris certaines choses )  tout en comptant quelques incohérences ( demandez-vous à quoi lui sert sa moto intégrée dans son vaisseau quand ce dernier peut le déposer n’importe où) et un montage bancal qui rend le travail narratif laborieux.

La direction des acteurs n’est pas non plus au top. Si Cruise reste un bon acteur, il serait bon de ne pas le laisser aller vers le trop théâtral. Quant à Olga Kurylenko, son jeu est assez fade alors qu’elle était plus que convaincante dans Quantum of Solace et Centurion.Seule Andrea Riseborough tire son épingle du jeu en incarnant une Vika ambiguë  Les autres second rôles sont à peine esquissés et on se demande encore pourquoi avoir sorti Morgan Freeman et Nikolaj Coster-Waldau ( Jaime « Le Régicide » Lannister de Game of Thrones ) si c’est pour si peu les exploiter. Mais pire que tout, les personnages peinent à exister, conséquence directe d'un manque de rigueur dans leur écriture. Dés lors, fort peu d'empathie à leur égard se dégage.






La musique composée par le groupe M83 est très agréable, mêlant électro et instruments physiques mais ils ont clairement eu la directive de singer celle que Daft Punk avait écrite pour le film précédent de Kosinski, Tron : Legacy ( elle-même singée à dessein sur le style de Hans Zimmer. À tel point que les Daft Punk l’avaient engagé comme consultant musical et utilisé ses studios pour écrire et enregistrer).

Au final, Oblivion n’est pas la révolution du siècle. Son manque de transcendance et son classicisme ( dans sa réalisation et ses thèmes ) jouant clairement contre lui.En bon petit soldat de la SF, Kosinski a étalé sa connaissance des sujets forts de ce genre particulier mais n'a pas su trouver un liant assez porteur pour le tout.
Il n’en reste pas moins un agréable divertissement loin d’être bête , qui ne tire pas en longueur du tout malgré sa durée et qui devrait ravir les amateurs pas trop exigeants et bon public. Les autres risquant plus d’y voir un simple produit agréable mais dispensable.
Le potentiel du réalisateur est bien visible, un peu de prise de risque, un scénariste plus ambitieux et un monteur plus pointilleux lui feraient le plus grand bien.


Ces deux affiches proposent des images que vous ne verrez pas dans le film.
Les concept-arts suivant ont plus de gueules que le résultat à l'écran : dommage.









*À croire que tous les Jack de fiction ont des noms en « er » : Jack Slater, Jack Bauer, Jack Reacher ( déjà incarné par Cruise d’ailleurs).

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