dimanche 28 novembre 2021

Vesper

Bandes dessinées - Vesper L'Amazone - DARGAUD

Dans un univers où chaque nom sur la carte est à coucher dehors, Vesper est une sorcière-guerrière menant une guerre pour un prince bâtard lui-même sous les ordres d’une plus haute autorité. Devenus politiquement gênants après la dernière bataille, nos deux héros sont soumis aux sévices les plus vicieux.

Mais dans l’ombre, une étrange créature humanoïde pactise pour sauver Vesper et la ramener en lieu sûr. 


L’album s’ouvre sur une énorme carte du monde que nous allons arpenter, les noms des cités, peuplades, factions sont jetés à la tête du lecteur dans d’immenses cases de textes disséminées sur la planche. Difficile, voir très ardu de retenir qui est qui, où est où et ainsi de suite tant les informations font effet de coups de massues, anesthésiant tout espoir de voir l’esprit retenir autant de choses.

 

 

Mais cela ne serait rien si, dès la seconde planche, une scène d’action, l’auteur n’en rajoutait pas : des dialogues ampoulés et peu naturels côtoient des paroles trop explicatives pour couler naturellement des bouches des protagonistes. L’héroïne, que l’on a découverte in media res au milieu d’une action pleine de bravoure révèle soudain qu’elle dispose de pouvoirs surnaturels à même de changer le cours d’une bataille en 3 phrases d’incantations ( apparemment, elle s’en est souvenue à la fin , quand énormément de morts et de blessés ont jonchés le sol ). 

Les intrigues de cours et de palais ( politique, religion ) sont plus téléphonées que le service démarchage d’Orange et SFR réunis, les métaphores visant notre monde sont grossières et sentent la bien-pensance repentante et auto-flagellante à des kilomètres.  

Le «  world building » dans ce qu’il a de plus basique et cliché en somme. Jamais, au grand jamais, une once de malice dans l’écriture ne viendra retourner les attentes du lecteur. Tout a déjà été vu, revu et re-revu des milliers de fois. Un catalogue presque complet de ce qui ne doit plus se faire en fantasy depuis plus de 20 ans.

Vesper T.1 : L'Amazone – Par Jérémy — Ed. Dargaud - ActuaBD

Restent des dessins léchés qui ne convoquent toutefois pas assez un imaginaire original pour vraiment décrocher la rétine. Les courbes et la mise en couleurs évoquent parfois Marini mais sans arriver à injecter les éléments érotiques/horrifiques/fantastiques de façon satisfaisante. Au scénario lourd et pompeux est associé un trait agréable mais trop doux pour vraiment déclencher les émotions voulues. 


Une belle déconvenue qui n’aurait pas dépareillé chez Soleil. Mais l’on est chez Dargaud.