vendredi 7 octobre 2011

Drive through !

Alors que " Drive " vient de sortir dans les salles en France (mais il ne sortira que le 2 novembre en Belgique), je me suis dit qu'un retour sur le livre à l'origine du film vainqueur du "prix de la mise en scène" à Cannes cette année n'était pas une mauvaise idée.

Lorsque l'on ouvre le livre, le Chauffeur (on ne connaîtra jamais son nom ) est assis contre le mur d'un hôtel miteux. Une marre de sang se répand sur le sol et commence lentement mais surement à se rapprocher de ses pieds. Comment en est-il arrivé là ? Que va-t-il faire ensuite ? Voila à quoi va répondre James Sallis au court de 175 pages. Oui le roman est court, mais percutant comme un accident frontal avec une Ford Mustang lancée à 200 à l'heure venant se fracasser sur votre véhicule.

Sallis écrit son histoire de manière décousue, nous narrant par morceaux la vie du Chauffeur : comment il a grandi, comment il déménage tout les 2 ou 3 mois comme un nomade sédentaire,comment il devient cascadeur pour le cinéma et comment il finit par devenir chauffeur pour des braqueurs sans jamais participer au casse ! Et finalement comment il se met à devoir mettre les mains dans la merde pour retrouver ceux qui l'ont doublé et tenté de le buter ! Une trame classique me direz-vous ? Pas sûr.

Déjà,Sallis ne livre pas l'histoire dans l'ordre chronologique. Entre chaque chapitre sur la vengeance du Chauffeur viennent s'intercaler des chapitres flashbacks. Au lecteur de remettre dans l'ordre. Sallis n'utilise pas ce procédé pour complexifier artificiellement son intrigue mais pour permettre au lecteur de respirer et d'éprouver de l'empathie pour son personnage. Il faut dire que James Sallis ne s'encombre pas d'une véritable description psychologique du personnage : il est carré, a ses principes, il vit une vie. L'écriture s'en retrouve âpre, dépouillée et allant droit au but. Des blancs sont laissés dans la narration sur certaines relations entre les personnages sans que cela ne soit gênant ( et cela renforce le sentiment que les gens ne font que passer dans sa vie comme lui passe dans la leur), le sujet n'est pas là, le sujet , au-delà de la vengeance du protagoniste principal, c'est aussi de dresser un état des lieux. Celui de l'Amérique et de ses villes interchangeables, de ses autoroutes tentaculaires, de la misère ordinaire, des ruelles salles, des hôtels merdiques que les touristes ne verront jamais, la ville dans ce qu'elle a de plus moche et se rapprochant de ce qu'elle est vraiment. Et au milieu de ça : un personnage fort et fascinant qu'on suit jusqu'au bout de l'aventure.

Alors au lieu de perdre des heures de lectures en vous lançant dans le nouveau très mauvais Jean-Christophe Grangé, laissez-vous bercer quelques heures par une plume qui va à l'essentiel sans vous prendre pour un con !

Le livre vient d'être ré-édité avec en couverture l'affiche du film. Celle-ci ne cherchant pas à faire de l’esbroufe, elle colle parfaitement au livre et, à part la tête de Ryan Gosling, aurait pû être la couverture d'origine. Par acquis de conscience je diffuse aussi celle de la précédente édition.

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