samedi 19 novembre 2011

Le temps c'est de l'argent ! Et en plus ça file à une vitesse...


"Mademoiselle, connaissez-vous Karl Marx ? "
-Non, répondit-elle, mais je suis blonde !
- Et bien voyez-vous, c'est lui qui a inventé le communisme.
- Dites, ça va être encore long ? Je suis blonde je vous le rappelle… "


À peu de chose près, ce dialogue pourrait être réel. L'inculture devenant une vertu aux yeux de plus en plus de membres de la population ( du politicien qui aime que le peuple soit abruti aux abrutis qui aime avoir des neurones libres de tout sauf de pub pour coca). Bref, le communisme c'est le partage des richesses (je résume , je résume).

Et le partage des richesses, c'est le sujet du nouveau film d'Andrew Niccol ( réalisateur/ scénariste de Gattaca, S1m0ne et Lord Of war, et scénariste de Truman Show et Le Terminal): In time( rebaptisé Time Out par le distributeur français...si le titre peut s'appliquer au film, il reste à noter que la signification est tout à fait opposée au titre original donné par le réalisateur !!!!!).

Dans une époque que l'on imagine futur, la vieillesse n'existe plus et le temps a remplacé l'argent : chaque humain a été modifié génétiquement pour stopper son vieillissement à 25 ans. Ensuite il vous reste un an à vivre sauf si vous gagnez du temps, temps que vous dépensez (naturellement, puisque chaque seconde qui passe est une seconde perdue) pour acheter des biens et des services. Les pauvres meurent jeunes, les riches sont virtuellement immortels. Will Salas ( Justin Timberlake ) vit dans le ghetto de Dayton. Il a 25 ans + 3 et travaille dans une usine, gagnant à peine de quoi tenir au jour le jour, il ne se réveille jamais avec plus d'un jour restant au compteur. Une nuit, il sauve la vie d'un homme possédant plus de 116 ans au compteur d'une attaque des "minutemen", un gang voleur de temps qui sévit dans le ghetto. L'homme lui révèle que du temps il y en a pour tout le monde, mais que pour quelques immortels beaucoup doivent mourir. Et à passé 105 ans, il désire enfin mourir. Il transfère en douce son compte à Will et garde 5 minutes pour partir vers son trépas. Will devient riche mais les gardiens du temps (la police monétaire) le soupçonne de meurtre…

Andrew Niccol avait besoin d'un succès commercial pour se remettre en selle après la débâcle financière de Lord of war ( qui n'a pas eu le succès escompté, une véritable honte ! ). Il revient donc à son genre de prédilection : la science-fiction, en y injectant de l'action, du suspense… Mais pas n'importe laquelle, la science-fiction dénonciatrice ! Que cela soit dans Gattaca où il entrevoyait le fossé entre les humaines améliorés génétiquement et les gens conçus de manière naturelle (notons que depuis quelques années, le rêve de chosir le sexe de son enfant et d'éliminer ses tares n'est plus de la fiction si vous avez plusieurs millions à dépenser !!!! Flippant…) ou S1m0ne qui voyait une actrice numérique remplacé une véritable personne (métaphore à peine voilée de la place de plus en plus importante des machines à la places des humains, en plus d'être une attaque acide sur le monde des acteurs). Mais comme la science-fiction a si bien été cataloguée comme un sous-genre à peine digne d'être lu ou regardé par les autoproclamées élites intellectuelles ( et que la majorité des gens en bons moutons de Panurges suivent parce que si l'élite le dit c'est forcément vrai) et bien tout le monde se contre-fout de ce que la SF peut dire. Mais ici il y a peut-être un espoir tant l'analogie avec le monde actuel est forte : c'est exactement la même chose sauf que la monnaie a changé..et qu'on meure plus vite si on arrive à zéro sur son compte.

Malgré un côté " film commercial assumé", il est rassurant de voir que Niccol ne se renie pas et se paye même le luxe de s'auto-citer à travers des références très explicites à sa filmographie ( les voitures électriques , le futur non daté au look rétro, voire même certains plans de la scène de nage, renvoient à Gattaca par exemple). Mais la palme de la citation revient à une référence minuscule à James Bond ( My name's Salas...Will Salas).

Le récit ne connait pas vraiment de temps mort (la première partie qui présente les personnages et les enjeux reste néanmoins la plus prenante) et oscille entre critique sociale( les pauvres plus pauvres, les riches plus riches. Séparés par des routes dont le péage est de plus en plus élevé à mesure qu'on approches des beaux quartiers), course-poursuite et hommage appuyé à Bonnie & Clyde.C'est la partie Bonnie & Clyde qui voit le concept de partage des richesses vraiment se révéler dans le film : les braquages ne se déroulant pas pour le seul profit des instigateurs qui ont bien décidé de pourrir le système aussi longtemps que possible! On reprochera sans doute , tout comme pour Gattaca (encore !!!) ,qu'aucune explication ne soit donnée sur la décision qui poussa l'humanité à adopter cet manipulation génétique (mais cela reste évident, si Gattaca voyait une humanité tentée de rejeter tous les défauts par la manipulation des gènes, ici c'est clairement la surpopulation qui était visée : que cela soit dans les quartiers riches ou les ghettos, la population est mince et évolue dans des décors semi-désertiques) et qu'une piste narrative ( celle de la mort du père) ne soit pas vraiment développée.
Dans un monde où tout le monde a 25 ans, il fallait trouver des acteurs capables d'assurer une présence et une aura de vieillesse quand le rôle l'exigeait. Si Justin Timberlake et Amanda Seyfried ( sexy en rousse) ont un rôle qui colle avec leur âge, d'autres comme Olivia Wilde ou Vincent Kartheiser (Angel, Mad Men) arrivent à faire transpirer l'âge de leur personnage, un peu comme des vampires . Beaucoup des seconds rôles proviennent du monde de la télévision et on retrouve , outre les deux précités, Matt Bomer ( White collar ou FBI: Duo très spécial en VF) ou encore Johnny Galecki ( qui s'est échappé sans lunettes de The Big Bang Theory…bon niveau look ils auraient mieux fait de lui laisser ses 4 yeux! ). Par contre on sent un peu trop que Cillian Murphy a dépassé l'âge de 25 ans depuis plus de 10 ans…ce qui dénote dans cet univers.
En fait, le gros hic du film c'est peut-être son manque d'investissement émotionnel. Les séquences fonctionnent bien mais il manque un je ne sais quoi de vraiment touchant. Le suspens, le drame, l'humour , … tout fonctionne mais sans éclat. Et la musique de Craig Armstrong , même si elle est belle et allie sans problèmes orchestration minimale et synthétiseur, ne relève pas la sauce et reste en deçà de ce qu'il avait composé pour Incredible Hulk.

Au final, le film n'arrive pas à se hisser aussi haut que ses petits frères, mais il serait dommage de le bouder pour autant.

1 commentaire:

Cancereugène a dit…

Pour ma part, j'ai trouvé très décevant ce film. Beaucoup de questions, de thèmes sont survolés au profit d'une action banale, sans véritable enjeu. Du gâchis... bon, ça se regarde, mais avec un tel potentiel, quel dommage de se contenter du minimum...