samedi 7 janvier 2012

La vie c'est l'enfer.

Todd McFarlane a été un dieu pour les amateurs de comics des années 80. Dessinateur, il a redynamisé graphiquement la série Amazing Spider-man en dotant Peter Parker de poses plus bizarres les unes que les autres et d'une toile dont la texture gluante nous sautait aux yeux.Depuis lors (et même après son départ), Spider-man a continué à bénéficier des apports de ce jeune dessinateur. Il devint même si populaire que Marvel créa pour lui un nouveau mensuel consacré à l'araignée et sobrement intitulé Spider-man ( venant s'ajouter à l'historique Amazing Spider-man et sa série-sœur Spectacular Spider-man ) : le jeune homme en est dessinateur ET scénariste. Il restera 18 mois sur le titre avant departir avec d'autres dessinateurs vedettes fonder le collectif " Image Comics ".

" Image Comics " n'est pas une maison d'éditions comme les autres. Comme je l'ai dit, il s'agit d'un collectif. Ce collectif est formé de divers studios, chacun fondé par l'un des dessinateurs ayant quitté Marvel en 1992. Car Marvel, comme DC d'ailleurs, a une politique éditoriale claire : ce que les scénaristes créent chez eux appartient à Marvel! Cela peut sembler aller contre les droits d'auteurs mais rappelons que les auteurs ont des contrats clairs sur le sujet : ils ne sont que des employés dont on loue le "génie" créatif. En fondant " Image Comics ", les auteurs possèdent donc les droits de leurs créations. Et grâce à sa renommée, la création de Todd MacFarlane, Spawn, se vend à plus d'un million d'exemplaires pour son premier numéro. 20 ans et plus de 200 numéros plus tard, Spawn est un rescapé de la première vague de comics lancée par le collectif en 1992.

Au départ pourtant on ne peut pas dire que le titre brille par son originalité : Spawn c'est Al Simmons, ancien soldat d'élite trahi par ses supérieurs et assassiné. Arrivé en enfer, le diable Malebolgia lui propose un pacte : s'il devient un rejeton infernal (Hellspawn) , Al pourra revoir sa femme. Mais le diable est fourbe et Al revient sur Terre 5 ans plus tard (quelques secondes seulement dans sa perception du temps, comme quoi tout est relatif ) et pas dans son corps. Pire, sa femme Wanda est remariée et a eu un enfant avec le meilleur ami de Al ! Très vite des auteurs comme Neil Gaiman ou Alan Moore vont venir enrichir le petit univers de Spawn en introduisant et/ou en approfondissant certains concepts ( et depuis, McFarlane est en procès sur procès avec Neil Gaiman, mais c'est une autre histoire ).Spawn brasse les influences de 3 super-héros. 3 super-héros que McFarlane a mis en scène : Batman pour : le look général, la cape qui s'étire parfois au-delà de toute limite logique et le côté polar/thriller; Spider-man pour le costume vivant ( McFarlane co-créa le célèbre Venom, ennemi intime de Peter Parker) ; et Ghost Rider pour le côté pacte avec le diable qui tourne mal bien évidemment. Pendant presque 200 numéros, Al Simmons va croiser la route de démons, de robots colorés mais aussi de mafieux plus terre à terre, de pédophiles,etc... Petit à petit le héros de la série ne va plus devenir qu'une ombre, permettant à McFarlane et ses co-scénaristes d'aborder divers sujets de sociétés. Certes cela fait avancer lentement la série ( il faudra arriver au numéro 100 pour que Spawn affronte son créateur, presque 10 ans en somme pour arriver à cette confrontation annoncée dès le début) mais la série est libre de toutes contraintes éditoriales extérieures, cela ancre Spawn dans un univers et inversement cela ancre l'univers de la série !


Un air de famille...ou de décalcomanie ? 




























En ce mois de janvier, les éditions Delcourt lance une nouvelle collection d'albums consacrés à Spawn : " Spawn la saga infernale". Le premier tome débute avec le numéro 201 du magazine américain et continue jusqu'au 206. Pour ceux qui auraient raté le départ, c'est l'occasion idéale de prendre le train en marche. En effet le statu quo a changé : Al Simmons n'est plus Spawn depuis quelques numéros ( parus dans le magazine défunt " les chroniques de Spawn) : il a mis fin à ses jours et le pouvoir a sauté sur un comateux amnésique:Jim Downing. Contrairement à Al Simmons, Jim ne reste pas dans l'ombre et ses premiers exploits ( avoir joué les thaumaturges ) ne passent pas inaperçus. Le voila traqué par les journalistes en même temps qu'il essaye de comprendre ce qui lui arrive et de découvrir qui il est. Mais Jim attire trop l'attention et très vite un certain Mr Bludd, un vampire (aux bras aussi longs que ses canines) décide de le mettre à sa botte !
La nouvelle mouture est scénarisée par un inconnu dans le milieu : Will Carlton. Il a eu le job en tweetant avec McFarlane ! Laisser la série aux mains d'un fan est un pari risqué mais payant dans ce cas-ci.Carlton a non seulement le champ libre puisque le personnage est totalement nouveau mais dispose aussi une mythologie de 200 numéros derrière lui sur laquelle s'appuyer. Et Carlton, en introduisant de nouveaux joueurs avec un groupe de vampires commence à créer la sienne sans jamais renier ce qui a été fait avant lui, ainsi les connaisseurs du personnage ne seront pas dépaysés.Il introduit un nouveau "supporting cast"(les personnages secondaires), plaçant les relations humaines et ce qui les motivent comme éléments centraux de la série ( la soif d'argent, la reconnaissance, la peur, le sexe,la soif de pouvoir etc…ponctuent le récit) Et on remerciera Delcourt d'avoir fait écrire un petit article résumant ce que le nouveau lecteur a besoin de savoir et de l'avoir placé en début d'ouvrage.
Les dessins sont signés par Simon Kudranski et lorgnent autant vers l'épure que le photo-réalisme. Le résultat est noir, glauque, beau.




























20 ans plus tard, Spawn est mort. Vive Spawn !

6 commentaires:

Matt Murdock a dit…

Tu les as lu tous les Spawn ou juste les grands arcs ?

Geoffrey a dit…

Tous jusque l'épisode 100, j'ai tour repris grâce aux intégrales de Delcourt. Quand Spawn a commencé en VF j'étais jeune (donc niveau argent de poche c'était pas la gloire) et trouver des comics c'était la galère ( ça l'est toujours remarque par chez moi mais j'ai bien plus facile maintenant alors qu'à l'époque j'aurai sans doute payer autant en ticket de bus train etc qu'en achat de comics). bref j'avais à dispo que les albums édités par les défuntes éditions Bethy, plus aisés à trouver en librairie...mais elles ont fermés et j'ai plus su suivre Spawn avant Delcourt. Je continue de les prendre quand elles sortent. Sinon je me fais aussi " Sam et Twitch " et j'ai lu Spawn The Undead et Hellspawn chez Semic.

Matt Murdock a dit…

Moi j'ai lu que les Sam & Twitch de Bendis et les suivant de Mc Farlane et Andreyko. Du coup, je pense que j'ai manqué quelques petits trucs sur les déboires familiaux de Twitch par exemple.

Mais, c'est le genre de série auquel j'ai envie de me mettre. Mais si je me lance dedans, ça va faire comme pour Hellblazer, et je vais tout lire de A à Z du début à la fin.

Je dois avoir une des collections d'Hellblazer des plus complète de France. C'est simple, je les ai TOUS. Donc même si j'en suis ravi, mon compte en banque apprécie moins.

Donc pour l'instant, Spawn, j'essaye de m'en tenir éloigné. Les nouvelles séries sont dangereuses pour la santé financière....

Geoffrey a dit…

Hellblazer j'aime beaucoup aussi mais pas au point de tout me prendre, en VF j'ai le run de Carey,le spécial en noir et blanc et la première partie de Diggle ( qui n'a pas intérêt à me refaire le même coup que sur Losers ou Daredevil : ça démarre toujours mieux que bien avec lui et ça retombe comme un soufflé après). Mais il manque un truc à cette série pour que j'aie envie de tout lire : Constantine a toujours soit un coup d'avance soit un sort en réserve ( souvent un nouveau ) et ça m'ennuie un peu, c'est son côté manipulateur, franc parleur etc qui me plait. Je sais, je suis fan de Batman qui est sensé toujours avoir un coup d'avance mais c'est un mythe ça : sinon les histoires se terminerait avant de commencer ^^. Bref Hellbalzer c'est quand j'ai envie que je m'y plonge, je lorgne sur les premières aventures publiées par Panini, par contre je louperai sans doute pas le premier tome vendu par Urban (même si ce n'est pas la suite de Diggle).

Matt Murdock a dit…

Moi ce que j'aime avec le perso c'est qu'il nous fait bien comprendre que magie et manipulation sont deux versants d'une même pièce. Le type se sort des situations en mentant et en trichant. Et je trouve ça cool.^^

Sinon, Diggle s'est plutôt bien débrouillé sur Hellblazer et son run a su rester cohérent. Y avait même de bonnes idées et c'était fidèle à ce qu'avait fait les autres avant lui. C'est pour ça que j'étais plutôt confiant quand j'ai appris qu'il s'occupait de Daredevil.

J'ai été un peu déçu par la suite, mais bon, passons...

Le run qu'il faut à tout pris lire, c'est celui d'Ennis.

Urban comics va publier quelle histoire ?

Geoffrey a dit…

Oui le run de Ennis j'en ai entendu (enfin lu surtout ) beaucoup de bien ( sur ton blog aussi si je me souviens bien). Bon tu es l'expert donc si le run de Diggle se tient,je te fais confiance à 100% ;-) Vraiment dommage que son DD se soit cassé la gueule parce que ça partait vraiment bien ( j'attends de lire Reborn avant de chroniquer son run, comme je l'avais fait l'an passé sur ceux de Bendis et Brubaker). Le changement total d'orientation de Mark Waid m'intrigue beaucoup, mais voila, Waid est un scénariste que j'apprécie beaucoup donc je lui fait confiance, on verra sur le long terme ( il parait que pour retrouver le Hell's Kitchen glauque et corrompu il faut se tourner vers Black Panther).

Urban lance Hellblazer avec City of demons, dessiné par Sean Gordon Murphy. Ça sort le 24 février.