jeudi 8 mars 2012

Trinité (1/3) : Superman.


La fin du mois de Février était attendue fébrilement par les amateurs de bande-dessinées américaines. En effet, après avoir réédité Watchmen en Janvier, les éditions Dargaud sous le couvert du label " Urban comics " allaient enfin éditer des comics inédits dont ils allaient eux-mêmes assurés la traduction. Avant de commencer la critique des albums consacrés à Batman, Superman et Wonder Woman, petit rappel sur le pourquoi du comment.

Panini : l'enfer c'est les vendeurs d'autocollants.

Les éditions DC Comics n'ont jamais vraiment eu, sous nos latitudes, la même notoriété que Marvel. Aux USA, ils se partagent le marché mais chez nous, Marvel gagne le combat à tous les coups. Ces 5 dernières années, ce sont les éditions Panini, déja détentrices des droits Marvel, qui ont eu la charge de publier le matériel DC. Et l'ont saboté : retard énorme par rapport aux publications américaines, publication noyée dans la masse ( plein de Marvel, peu de DC et zéro pub pour tenter de les faire exister), traduction souvent calamiteuse ( Batman a souvent été traduit de manières un peu…exotique). Et quand Panini, contre toutes attentes, a perdu les droits de DC, en plus des " bien fait pour vous ! ", une explosion a retenti. Enfin, une chance de voir DC exister et s'affirmer. Tache ardue mais qui ne semble pas insurmontable.
Bon, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas avec le chevalier noir mais avec le dernier fils de Krypton qu'on attaque !
Le premier tome de Super-fiction contient 6 épisodes scénarisés par Joe Casey et dessinés par Derec Aucoin ( il a pas été sage sans doute).

Urban comics : premiers pas d'un sauveur ? 

Joe Casey décide de raconter des histoires complètes en peu d'épisode. Comme au bon vieux temps car il est rare dans les comics actuels de voir un numéro auto-suffisant. Il n'en oublie pourtant pas de placer par petites touches une intrigue secondaire qui arrivera à son point culminant très vite. Casey ne tire pas en longueur, c'est bien. Ensuite, les thèmes abordés sont originaux, c'est mieux. Pêle-mêle, Superman retrouve son ancien prof de journalisme quand, au même moment, un personnage de fiction, issu du roman de son professeur prend vie. Ce personnage, double de Superman ( il porte d'ailleurs le costume de l'homme d'acier tel qu'il était dans les années 30 ) est une représentation de ce que le super-héros devrait être. Le second épisode, centré sur Lois Lane, voit un arnaqueur profité du vide juridique sur les logos des super-slips pour se faire de l'argent et Lois couvre l'évènement…tout en s'immisçant dans l'affaire. Etc… en plaçant Superman dans des situations moins périlleuses que d'empêcher une énième fin du monde, Casey arrive  à rendre humain le plus extra-terrestre des hommes. Fort, très fort. Mais c'est le dernier épisode du recueil qui emporte l'adhésion la plus totale.


Clark enquête sur les conditions de travail dans une mine, il s'y infiltre comme simple ouvrier et découvre vite ce que l'Amérique profonde pense de Superman. Mais les évènements vont l'amener à déchirer sa chemise. Autant super-héros que défenseur social, l'épisode joue avec les diverses facettes de l'identité du grand bleu, mais dans les dernières pages c'est un Superman humain qui apparaît. Sans déflorer l'intrigue, je peux quand même dire qu'il aborde un sujet grave et poignant. Écrit avec justesse, l'épisode arrive à tirer une ou deux larmes ( un exploit étant donné que Superman , je ne le supporte qu'à petites doses).
Les dessins de Aucoin sont anguleux, parfois légèrement cartoony. Mais pas désagréables, bien que loin des dessins que l'on aurait l'habitude de trouver sur Superman. Il n'empêche que jamais les yeux ne pleurent du sang et que son sens du découpage de l'action est plus que satisfaisant.

Au niveau éditorial, Urban a la bonne idée de placer une ligne du temps situant l'action des épisodes par rapport aux grandes sagas DC. De plus, un rapide passage en revue des divers protagonistes et du contexte sont proposés avant que l'aventure ne commence. Idéal pour les lecteurs qui voudrait tenter DC sans rien y connaître. Le bas blesse en deux occasions : 1°, on retrouve le diminutif LDJ plusieurs fois. Pour ceux qui n'y connaissent rien, il s'agit en fait de la tradcution de JLA ( Justice League of America) qui devient Ligue des Justiciers. Mais à vous de le deviner puisque seul LDJ est indiqué. Ensuite, alors qu'en interview l'un des responsables annonçait que la dénomination classiques de certains vilains allait revenir (Pile-ou-Face redevenant enfin Double-Face en VF), le Riddler ( l'homme-mystère) est cité en tant que Sphinx. Faudrait savoir !
Mis à part cela, l'album est de bonne facture et se lit avec grand plaisir. Vivement avril pour la suite !

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