vendredi 25 septembre 2015

Rendez-vous à Bagdad : meurtres en Mésopotamie !

Bagdad, 2004. La guerre en Irak de W. est terminée. Pourtant , les rues sont pleines de soldats américains,la guérilla fait rage et les mercenaires engagés par des boîtes privées écument la ville, assouvissant des envies que la justice ne viendra jamais leur reprocher. Au milieu de ce merdier sans nom rappelant plus un Vietnam sec qu'une victoire de la seconde guerre mondiale, des meurtres portant ce qui semble être la marque d'un serial killer sont commis.
La guerre se justifie plus ou moins facilement, les meurtres barbares un peu moins. C'est pourquoi une jeune juriste de l'armée US est envoyée sur place pour mener l'enquête avec l'aide d'un mercenaire étrange dont les motivations sont aussi floues que son passé.

Stephen Desberg (le scénariste du Scorpion ) nous concocte ici un one-shot de 80 pages, un thriller situé dans un espace et une époque finalement peu utilisés ces dernières années (et ce même si les américains semblent avoir vite digéré cette part de leur histoire : les films sur le 11 septembre ou la guerre en Irak n'ont pas tardé…mais n'ont jamais atteint le nombre d'œuvres sur la guerre au Vietnam par exemple ).
Desberg livre un travail intéressant, fouillant ses personnages principaux mais en n'évitant pas l'écueil de quelques clichés: le mercenaire taiseux forcément chevalier, les riches et les puissants tous pourris.
Clichés vite pardonnés (car le format, très court, pousse aussi au niveau de l'écriture à emprunter quelques raccourcis : peut-être une histoire en trois tomes de 44 pages aurait été mieux servie ? ).
L'enquête est bien menée et nous montre aussi les coulisses d'une guerre qui a été médiatique…et dont on nous a montrés les "bons" morceaux, le rôle crucial des sociétés de sécurités ayant été vraiment ramené à une anecdote de l'histoire, presque une note de bas de page.




Les dessins de Thomas Legrain sont emprunts de réalisme, nous sommes très loin d'un ton cartoonesque à la Spirou ( et ne me faites pas dire que je n'aime pas Spirou !!! ) et son découpage est efficace (quoique peu original) puisqu'il a opté pour des cases rappelant le format cinémascope bien que, quelques fois, des plus petites cases soient offertes à nos petites rétines. Alors certes, c'est direct et violent (mais la guerre et ses boucheries ne font pas partie du monde des Bisounours) et un peu sexy (mais est-ce vraiment pour être vendeur que l'héroïne est toujours en sous-vêtements dans sa chambre d'hôtel ? Parce que soyons francs, il doit faire foutrement chaud à Badgad ! ).


Le souci reste peut-être le média en lui-même : la bande-dessinée. Là où un film et un roman peuvent étirer la sauce pour créer une ambiance, une bande-dessinée est énormément tributaire du temps que le lecteur va accorder aux cases. Dès lors, l'ambiance que les auteurs veulent distiller peut se perdre en chemin. Et cette histoire n'y échappe malheureusement pas. Mais malgré cela, la lecture de Bagdad Inc. est chaudement recommandée !

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