samedi 2 avril 2016

La classe britannique.

La BBC , chaine nationale de télévision de la perfide Albion, réputée pour ses émissions animalières aux images à faire pâlir le National Geographic et ses séries télés de qualité , nous revient avec l’adaptation du roman d’espionnage de John Lecarré : The Night Manager.
Publié en 1993, le roman a bien entendu été adapté à notre époque pour une aventure sous tension de plus ou moins 6 heures.

2011, Le Caire. Le printemps arabe est sur le point d’éclater. Jonathan Pine, ancien militaire , est le directeur de nuit d’un hôtel de luxe dont les clients veulent avant tout se sentir en sécurité en ces temps troublés. Discret et distingué, Jonathan est approché par Sophie, charmante jeune dame proche de Freddie Hamid, membre de la plus puissante famille de la ville.
Freddie entretient des liens avec un marchand d’arme, Richard Roper, et Sophie a dérobé des documents incriminants.
Désireuses de partir, elle remet une copie à Jonathan pour qu’il les rende publiques s’il devait lui arriver quelque chose. Poussé par la curiosité, Pine consulte les documents et les remets à un ami à l’ambassade. Cela déclenche une série événements qui mèneront à la mort de Sophie avec qui Pine a entamé une liaison.
4 ans plus tard, Jonathan travaille désormais en Suisse, toujours à son aise dans le monde hôtelier. Une nuit, sa route recroise celle de Roper. L’occasion de se venger  et de le faire tomber ne se représenteront peut-être plus et Jonathan prend contact avec Angela Burr, directrice d’une petite agence de renseignement avec moins de moyens que le MI-6 mais résolument moins pourrie. L’infiltration du monde de Roper est lancée, sans retour possible…


Il y a diverses façons d’aborder l’espionnage au cinéma, dans la littérature, à la télévision…Vous pouvez opter pour l’option «  agent de terrain rompu à l’action » et cela donnera James Bond, Mission : Impossible, Alias. Ou l’option plus posée, reposant non pas sur les balles de revolver bien placées mais plus sur les relations humaines et la fatale erreur qui pourrait en découler, comme l’excellent Spy Game de Tony Scott.
Erreur pouvant provenir autant du gibier que du prédateur en position de faiblesse avant d’abattre ses cartes. Tout le sel est là : le côté humain de la chose.
C’est cette option qui est prédominante ici : point de gadgets fantastiques, peu de femmes fatales destinées à être dégustées par le héros et les fusillades ne sont pas l’articulation principale du rythme du récit.



Tom Hiddleston, révélé au grand public par le rôle de Loki dans les films Marvel, incarne Jonathan Pine et lui prête une foule d’émotions et de détails faciaux. Ses mimiques, ses regards, ses gestes portent le personnage qu’il est et qu’il est supposé être. Un caméléon dont le camouflage risque à chaque instant de sauter. Aidé par une réalisation très télévisuelle mais très efficace, ses tensions deviennent nos tensions. Si monsieur prenait un peu de muscles autour des bras, il pourrait devenir sans problèmes le nouvel agent 007 au cinéma (oui, même devant Michael Fassbender pourtant parfait pour reprendre le célèbre permis de tuer et le Walter PKK qui va avec).

Richard Roper, salopard charmeur mais au cynisme exécrable est joué par Hugh Laurie. Le célèbre Docteur House trouve ici un rôle où le bon fond et l’humour de House sont complètement absents. Son regard froid et ses manières de gentleman ( souvent mais pas toujours, le personnage est un salopard après tout ) contraste avec l’image que les spectateurs ont l’habitude de recevoir de la part de l’acteur. Excellent choix de casting qui fait que chaque effet dramatique se voit multiplier grâce à la rupture entre le personnage et celui de House tapi dans l’inconscient collectif des sérievores !

On pourrait passer des heures à détailler le casting, impeccable au demeurant, de la série : du petit Tom Hollander à la géante ( 1m88 de charme) Elizabeth Debicki (ici plus à son aise que dans le rôle fade qu’ « Agents très spéciaux » lui avait réservé) ou encore Olivia Colman, tout droit sortie de Broadchurch, autre série à avoir misé sur l’atmosphère et les personnages s’y mouvant.



L’intrigue est bien menée et , malgré quelques petites ficelles inhérente au genre, captive et ne nous lâche plus avant la toute fin.Intelligente, elle oblige le spectateur à être attentif sans jamais le perdre par excès de zèle ou pour passer pour plus maligne que lui.
Qui dit espionnage dira toujours visites exotiques autour du monde et The Night Manager ne fait pas exception : des rues agitées du Caire à la campagne anglaise plus ou moins paisible en passant par le désert Syrien ou la nuit Stambouliote, ça bouge.



Prenant le temps de poser ses protagonistes et son intrigue sans jamais envisager de ronfler, The Night Manager est une série de qualité au charme certain qu’une réalisation un peu trop plan-plan et factuelle vient l’empêcher d’atteindre des sommets. Mais peu importe si l’emballage est juste correct tant que l’intérieur est en or.

2 commentaires:

Margaux a dit…

J'ai adoré visionner cette série. Au-delà du casting, qui est vraiment le gros point fort de la série, c'est aussi bien écrit que bien jouer. Il n'y a pas tant d'action que ça, et pourtant, on est toujours tenu en haleine, on tremble vraiment pour les personnages. J'ai adoré. Surtout, j'étais heureuse de retrouver Tom Hiddleston et Hugu Laurie dans des rôles à la hauteur de leur talent ! Je te rejoins, je verrais beaucoup Tom en James Bond, il en a l'élégance et le charisme.

Geoffrey a dit…

Je l'ai dévorée en deux coups, si je n'avais pas tant de retard je crois que je prendrai le temps de lire le roman. Hiddleston a une classe folle, si Loki marche si bien au ciné, c'est surtout parce qu'il l'incarne. Je t'avoue que j'adorerais le voir face à Cumberbatch ( déja fait dans War Horse ) et Fassbender dans le même film, histoire de voir qui tire vraiment son épingle du jeu ^^ (j'aime les grands duels d'acteurs comme Heat par exemple).
Et c'était vraiment plaisant de retrouver Hugh Laurie que l'on voyait trop peu dans Tommorowland.