samedi 5 février 2011

Deus In Machina


La Grille. Frontière numérique de l'infini. Un espace virtuel créé par Kevin Flynn, programmeur informatique de génie et président de Encom ,leader des jeux vidéos jusqu'en 1989. Cette année là il disparaît sans laisser de trace, laissant son fils Sam orphelin! Sam dont l'imaginaire a été nourri des années durant par les histoires de son père à propos de la grille…et d'un prétendu miracle qui venait de s'y produire !

De nos jours, Sam est devenu un jeune adulte un peu rebelle, légèrement accro à l'adrénaline et versé dans l'informatique comme son père. Il vit dans un grand garage aménagé en appartement. Chaque année, il rend visite à Encom pour s'amuser et nourrir sa soif d'adrénaline en pénétrant illégalement dans la société de son père disparu. 

Mais un soir, Allan, le meilleur ami de son père et figure paternelle de substitution de Sam vient le trouver en lui annonçant une nouvelle bouleversante. Il a reçu un message sur son vieux biper, un message provenant du bureau de Flynn situé dans une ancienne salle de jeux d'arcade. 
Malgré son scepticisme, Sam se rend sur place et découvre une pièce secrète dans laquelle se trouve un matériel informatique étrange…une fausse manipulation et le voila propulsé dans la Grille,vivant le fantasme (in)avoué de presque tous les gamers : pénétrer dans la matrice...euh dans un jeu vidéo! 

Mais la Grille est un monde dominé par CLU, un programme tyrannique dont les hommes ont cueilli Sam à son arrivée et le propulse dans une arène digitale où il devra affronter de multiples dangers. Enfant nourri aux jeux vidéos, Sam lutte pour sa survie.Il est d'ailleurs jouissif pour les gamers de chercher les emprunts au monde des bons vieux jeux d'arcade ( à l'instar des flèches imprimées sur un circuit et qui permettent de subir une accélération monstre,comme dans des jeux du type " WhipeOut")!
J'ai l'air d'en raconter beaucoup mais pas du tout. Il ne s'agit ici vraiment que de l'introduction.





Sam va en fait vivre l'initiation d'un héros . J'ai déjà parlé des travaux de Joseph Campbell dans l'article sur Fray. Il s'agit d'un schéma récurrent que l'on retrouve dans les mythes les plus anciens, schéma commun à toutes les civilisations, ce qui fait parler de mono-mythe. Et bien ce schéma Sam Flynn va le suivre : l'appel de l'aventure, la rencontre avec le vieux sage, la recherche du père etc… Le dernier film vraiment marquant à avoir suivi ce parcours c'est bien entendu Star Wars episode IV : Un nouvel espoir (On me signale dans l'oreillette que la trilogie Matrix pousserait le vice jusqu'à dépasser Un Nouvel Espoir car elle ne se limiterait pas aux premiers chapitres du livre de Campbell). Il n'est donc pas étonnant que le film Tron : Legacy fourmille de petit clins d'œil à la saga de Lucas (" Je ne suis pas ton père Sam!"). 

Evidemment, si on est familier avec ce schéma, certains éléments qui vont arriver sont prévisibles. Ce n'est pas en soit un défaut car, malgré un manque de rythme et de tensions dans certaines scènes d'action et de suspense, le tout est réalisé avec passion et avec du cœur. On ne s'ennuie jamais et on suit les pérégrinations de Sam pour retrouver son monde avec un plaisir certain et ce malgré un manque d'enjeux dramatiques et quelques petites naïvetés. La musique de Daft Punk est encore plus agréable en salle qu'en écoute seule et enveloppe tout le film, lui conférant une atmosphère étrange renforcée par le travail du directeur photo qui fournit un travail exemplaire aussi bien dans les séquences du monde virtuel que dans celles du monde réel ! Les effets spéciaux sont de toute beauté, les design épurés et les rares couleurs donnent à la Grille une ambiance froide et dangereuse, le minimalisme couplé au gigantisme des environnements et des véhicules forment un paradoxe utilisé comme un chef par le réalisateur.

On regrettera simplement que le rajeunissement numérique de Jeff Bridges sente autant le travail de synthèse. Cette technique avait été éprouvée sur X-men : the last stand mais les acteurs restaient assez figés. Ici l'acteur bouge, s'énerve et le travail a effectuer s'en trouve plus compliqué. Si un être de synthèse peut paraître photo-réaliste quand il est peint en bleu ( Avatar) l'illusion tient bien moins quand ce sont des pigments humains qu'il faut reproduire ! L'effet est donc supérieur mais de peu au rendu des personnages de Final Fantasy : the spirits within.

Jeff Bridges qui joue ici deux rôles biens différents ne surjoue dans aucun cas alors qu'il aurait été facile d'employer ce procédé pour bien différencier ses personnages. Son fils Sam est interprété par Garrett Hedlund qu'on avait pu voir en Patrocle dans Troie. Il aurait pu être le point noir du casting tant il était un petit merdeux dans le péplum suscité. Il n'en est heureusement rien, le petit a muri. Quant à la belle Olivia Wilde, elle hérite du rôle de la guerrière redoutable Qorra…mais il apparaît très vite que cette dernière n'est pas qu'une battante sexy comme on en voit tant. Derrière son caractère rentre-dedans se cache une envie d'apprendre sur notre monde, un certaine naïveté poétique et le refoulement de certains souvenirs douloureux : le personnage principal c'est elle au final !

Bref, Tron Legacy ne révolutionne pas le genre loin de là…mais il reste très agréable à suivre et ne perd jamais le spectateur dans sa mythologie établie dans le premier film…qu'il n'est pas nécessaire de voir pour bien comprendre celui-ci tant il a été conçu pour pouvoir être indépendant( même l'explication de ce qu'est TRON vous sera donnée ici )…et peut-être lancer une franchise tant la fin offre des possibilités nouvelles (et il y a fort parier que Cillian Murphy ne s'est pas déplacé pour juste apparaître 5 minutes à l'écran) . À voir et revoir…en tout cas à la première occasion j'y retourne !

2 commentaires:

Wade Wilson a dit…

Je t'avoue qu'il me fait un peu peur ce film... J'ai tenté de regarder l'original il y a quelques mois, je n'ai pas réussi... Bon, les effets ont heureusement évolué!

Geoffrey a dit…

Pas vu l'original pour ma part. Le film Legacy est vraiment fait pour toucher un public qui n'a pas vu l'original et qui n'en connait que ce que la pop culture a emmagasiné en son sein!