vendredi 1 juin 2012

On ne peut sauver nos sauveurs : une déesse est morte ce soir.


Christian Walker est inspecteur de police. Son boulot c'est d'enquêter sur les crimes en rapport avec les super-héros, ces justiciers costumés qui patrouillent en ville. On lui adjoint une nouvelle équipière, Deena Pilgrim. Deena est énergique et ne manque pas de volonté, mais elle est plongée dans un monde que Walker arpente depuis plus longtemps. C'est un spécialiste de la chose et il est connu et reconnu dans le "monde derrière le monde" . Aussi, lorsque Retro-Girl, la super-héroïne la plus puissante et la plus aimée du pays est retrouvée assassinée, c'est lui qui est chargé d'enquêter.

Polar et super-héros ont souvent fait bon ménage. Batman par exemple ne se prive pas pour faire mumuse dans ce genre littéraire. Mais cette série, entamée en 1999 touche quelque chose de nouveau : le quotidien des flics confrontés à ce monde un peu à part. Le concept sera un peu repris dans la série Gotham Central ( quoique plus terre à terre , Gotham n'est pas le terrain de jeu des criminels les plus métaphysiques…les plus cintrés et dangereux pour l'homme de la rue par contre…) scénarisée par Ed Brubaker et Greg Rucka. Qui ont scénarisé Daredevil également. Tout comme Brian Michael Bendis, le créateur de POWERS !

L'écriture est carrée et répond bien aux codes du genre. L'originalité vient bien entendu du contexte de la série et surtout de l'incroyable talent de Bendis pour écrire des dialogues qui sonnent justes et qui en plus fournissent une voix propre à chaque personnage. C'est d'ailleurs une qualité qu'il insuffle souvent dans ses autres séries (et ce même quand l'intrigue n'est pas des plus relevée, les dialogues sont bons). Il use aussi de certains tours de passe-passe ( dans le découpage, dans l'utilisation des émissions télés que les héros regardent, etc…)

Les dessins de Michael Avon Oeming sont presque de nature cartoony, un peu simple. Mais il joue sur les ombres et les ambiances. Son découpage de l'action est assez lisible (toujours un plus) et ne jure pas trop avec l'écriture noire de Bendis. Surtout, elle offre une vision clairement fictionnelle à des années lumières de certains dessinateurs qui tentent de coller le plus près à la réalité ( je n'ai rien contre, remarquez).  Quelque part, cet "antagonisme" dessin-scénario est salutaire, salvateur. Car nous naviguons ici dans un monde ou non seulement les homicides sont légions mais où le déicide a désormais sa place. Oui, le déicide : les mythes d'antan ont donné naissance aux super-héros, dieux d'un panthéon moderne. Et si les dieux lumineux peuvent être abattus, alors un peu de légèreté visuelle n'est pas un luxe.

3 commentaires:

Zaïtchick a dit…

Qu'apporte cette réédition par rapport à l'édition Sémic ?

Geoffrey a dit…

Aucune idée, je découvre la série avec Fusion Comics.J'imagine que la traduction de Jérémy Manesse n'est pas celle de Semic par contre.

Zaïtchick a dit…

Probable.
La couverture est plus accrocheuse, je dirai.
Bon.
Merci de ta réponse.