mercredi 8 juillet 2015

La chair de poule.

Penny dreadful.
À l'origine, l'expression désigne des récits d'horreur pas chers ( un penny ) à l'écriture facile.
Mais ces récits pleins de monstres et de meurtres vont peu à peu façonner l'imaginaire victorien. Sans cette forme de littérature, nous n'aurions sans doute jamais eu Dracula par exemple ( tout comme sans les pulp fictions, les comics n'auraient sans doute pas eu le même essor : pour le rapport entre les pulp fictions et les comics, je vous conseille «  Super-Héros » de Jean-Marc Lainé, aux éditions Les Moutons électriques).

En 2012, Skyfall de Sam Mendes explose le box-office et l'image de James Bond. Le co-scénariste, John Logan ( également auteur ou co-auteur de : Gladiator, The Last Samurai, The Aviator) arrive avec une idée auprès de Mendes : une série télévisée articulée en saison très courte ( entre 8 et 10 épisode), reprenant le concept du «  World Newton » ( popularisé par la création de Alan Moore La ligue des gentlemen extraordinaires) : faire se télescoper différents personnages de fictions au sein d'une même histoire ( attention , ce n'est pas la même chose que faire se croiser les héros Marvel ou DC dans le même comic book ou le même film car Thor et Iron-Man vivent dans le même monde à l'inverse de Dracula ou Frankenstein).
Mendes est conquis et deviens producteur exécutif du show qui sera co-produit par Sky et Showtime (la grande concurrente de HBO : True Blood, Game of Thrones, True Detective) qui avait déjà proposé Dexter, Les Tudors.

Vanessa Ives, jeune femme de la bourgeoisie britannique engage le tireur d'élite américain Ethan Chandler pour l'aider elle et Sir Malcolm Murray à retrouver la fille de ce dernier,Mina (Mina Murray étant la fiancée de Jonathan Harker dans Dracula de Bram Stoker). Confrontant et terrassant une créature aux longues dents après 8 minutes d'épisode, notre petit groupe confie l'autopsie à un docteur désargenté mais brillant : Viktor Frankenstein. Les découvertes qu'ils vont faire sur le cadavre les mèneront vers la découverte d'un monde bien plus complexe inconnu de la plupart du commun des mortels, un demi-monde contenu entre ce que nous connaissons et ce que nous craignons.





Parallèlement à l'intrigue de «  groupe », chaque personnage est confronté à une « malédiction » qui lui est propre, la série fouillant ses personnages, leurs secrets et leurs âmes.

La première saison souffre de quelques défauts mineurs mais dérangeants : le grotesque côtoie souvent le trop plein. Et il est bien difficile de savoir s'il s'agit là de faiblesses d'écriture ou d'une réelle envie de coller au style outrancier des penny dreadful de l'époque victorienne. Cependant, cet aspect disparaîtra dans la saison 2 : à vous de tirer les conclusions que vous voudrez.







Hasard ou pas, Sam Mendes a bossé sur James Bond et on retrouve pas moins de 4 acteurs de la saga au générique ( dont deux seconds rôles sortis de Skyfall !! ).
Eva Green ( à prononcer non pas à l'anglaise mais bien à la suédoise, ce qui donne quelque chose comme «  graine » ) , qui incarna Vesper Lynd dans Casino Royale, incarne la forte mais fragile Vanessa Ives : sa prestance, sa voix particulière confèrent déjà une aura impressionnante à son personnage mais son interprétation tout en classe et en finesse ( contre-balancée par des moments de sauvageries animales et sexuelles assez impressionnants) finit de convaincre que son interprétation est impeccable.
Timothy Dalton ( 007 himself dans Tuer n'est pas jouer et Permis de tuer ) est Sir Malcolm Murray : un aventurier déterminé à retrouver sa fille. Direct, brutal et parfois élégant : l'homme joue un Bond mature en somme et cela lui va bien.
Rory Kinnear ( l'assistant de M dans Quantum of Solace et Skyfall ) incarne la créature de Frankenstein, un être tourmenteur envers son créateur et timide et effacé dans le monde des hommes : un contraste intéressant qui en fait un des personnages les plus attachants de la série.
Mais le personnage le plus difficile à appréhender et donc à jouer est sans doute la version du docteur Frankenstein que le show se propose de nous présenter. Incarner par Harry Treadaway, le docteur est tour à tour exalté par la science, terrifié par le monde occulte (et courageux face à celui-ci).
Quand à Josh Hartnett, son rôle de porte-flingue américain à l'accent improbable évolue tout au long de la série pour révéler sa vraie nature en toute fin de la première saison.






Si un étrange vampire et ses mignons formaient le danger principal de cette saison, la seconde verra l'arrivée des Nightcomers ,des sorcières particulièrement revêches.
Quant à Dorian Gray, son importance dans l'histoire semble très secondaire...à moins que…



L'overdose aurait pu guetter ( multiples intrigues parallèles et parfois imbriquées , nombreux concepts fantastiques : vampires, sorcières, médium, Dieu&Lucifer, immortalité,,etc…) mais tout est dosé. De plus, le style narratif donnant à chaque personnage une aptitude spécifique est un schéma auquel le spectateur est habitué depuis des siècles ! Et Penny dreadful se glisse très bien dans ce genre.


La réalisation est correcte et très télévisuelle de luxe ( c'est classique mais travaillé ) donc rien de révolutionnaire mais le travail sur la lumière, les décors et les costumes est de toute beauté : on est très loin de l'image des reconstituions à la française ( alors que, si le cinéma français avait recours à des techniques simples comme l'étalonnage ou un vrai travail sur la photo, le côté artificiel des costumes pourraient disparaître : c'est incroyable ce qu'on peut obtenir en travaillant la lumière!). L'ambiance est toujours palpable, souvent étrange, parfois malsaine et choquante.
Bref, malgré des défauts dans sa jeunesse, la série mérite que l'on se penche sur son cas.

dimanche 5 juillet 2015

Déjima, mon amour !

David Mitchell est un auteur britannique relativement inconnu de par chez nous. Et ce même si son roman Cartographie des nuages a été adapté au cinéma, avec brio, il y a quelques années sous le titre Cloud Atlas (le titre original du roman d'ailleurs). Il gagnerait pourtant à être connu !

Été 1799, Jacob De Zoet, jeune clerc, débarque à Déjima, au Japon.
Cette île artificielle située dans la baie de Nagasaki est le seul point d'accès au Pays du soleil levant, l'archipel étant encore fermé aux étrangers (et aux autochtones a qui il était interdit de quitter le territoire ! ).
Jacob travaille pour la compagnie des indes néerlandaise et est amené à se plonger dans les comptes de l'entreprise. Il fait la rencontre de divers personnages dont Mlle Aibagawa, sage-femme au visage brûlé dont il tombe amoureux.

Un papillon de nuit fonce dans la flamme d'une bougie. Il tombe sur la table, agitant les ailes. 
"Pauvre Icare." Ouwehand l'écrase d'un coup de chope. "N'apprendras-tu donc jamais?".

Certains romans sont conçus comme des poupées gigognes. Celui-ci est conçu comme un éventail : l'éventail se déplie comme l'auteur déplie son intrigue. Ensuite, chaque partie de l'éventail se déplie également pour venir approfondir les relations entre les personnages et leur background, pour multiplier les points de vue et les rebondissements et ce faisant, part dans énormément de directions sans jamais perdre de sa cohérence.  Des histoires dans l'histoire qui viennent nourrir l'histoire. Un ensemble qui aurait pu être totalement foutraque et qui ne l'est pas, jamais.

"Imprimés, les mots sont nourriciers, déclare Marrinus, et vous me semblez affamés, Dombourgeois."

Car au-delà de la rigueur chirurgicale de l'intrigue, il faut y ajouter celle des mots. Tout , absolument tout, est choisi avec soin, faisant couler la lecture comme une douce liqueur dans la gorge.  Rigueur de la recherche historique et culturelle également : Mitchell a vécu 8 ans au Japon et a épousé une fille du pays. Impensable qu'il puisse se planter, il mettra  4 ans à écrire le livre, souhaitant l'achever avant que le livre ne l'achève lui !



Jouant avec les genres (sommes nous face à un roman historique, une romance contrariée, un livre au fantastique diffus ou un récit exotique, etc…?) , Mitchell nous entraîne dans un aventure où les temps morts n'en sont pas tant l'envie de tourner les pages se saisit du lecteur une fois le roman ouvert. Un vrai piège dans lequel il fait bon tomber !

Pour finir, un petit mot pour mes lecteurs français : les belges sont habitués à lire le néerlandais (et ce même si les francophones ne le comprennent pas toujours ) mais pour le lecteur situé en dehors des frontières du plat pays, les patronymes des héros Néerlandais pourraient être sujets à certaines difficultés ( non, Kim Clijsters ne se prononce pas comme vous le faisiez à Rolland Garros, désolé). Mais il est vrai que, comme Mitchell le fait dire plusieurs fois dans son roman, cette langue est une vacherie rude à l'oreille. C'est pourquoi je ne résiste pas à livrer ces doux écrits qui résument parfaitement cette langue :

"Quelle drôle de langue que le néerlandais, songe Penhaligon. On croirait entendre quelqu'un s'étrangler en lapant de la boue."
"Les sonorités de la langue néerlandaise font penser à un porc montant une truie."

Cruel, mais terriblement vrai !

mercredi 10 juin 2015

Le monde de demain , aujourd'hui !

Brad Bird, le réalisateur des films d’animation que sont Le Géant de Fer, Les Indestructibles et Ratatouille, était passé derrière la caméra physique avec Mission :Impossible-Ghost Protocol .
Quelques mois plus tard, son collègue Andrew Stanton, réalisateur de Wall-e, sortait son « John Carter », produit par Disney. Et Disney refait le même coup : foirer la campagne de promo.

Bref, Brad Bird ancien de Pixar et de facto proche de Disney, accepte de rejoindre le projet « Tomorowland » et d’y imprimer sa patte (mais pas que la sienne, on y reviendra aussi).
Bref, Disney était un studio écolo, on le voit recycler ses idées depuis des années maintenant : que ça soit des faux remakes de ses films d’animation ( tous plus terribles les uns que les autres et même moralement douteux dans le cas de Maleficient/Maléfique avec Angelina Jolie) ou, plus fou, recycler des attractions de Disneyland pour en faire des longs métrages. La trilogie « Pirates des Caraïbes » (non, y a pas eu de 4 , non ! ) sort de là : une attraction mineure sur laquelle les scénaristes et le réalisateur Gore Verbinski ont pu faire ce qu’ils voulaient.
Et bien, Tomorrowland, c’est pareil. La base provient de Disneyworld, mais le film est la somme de son réalisateur et ses scénaristes ! Bref, un autre titre et un autre studio pouvait nous sortir le même film.  Ajoutons que Disney produit des films « live » depuis les années 50 ( L'île au trésor, 20.000 lieus sous les mers, etc...)
La polémique c’est un film Diseny donc ça suit la logique Disney n’a même pas à aller plus loin, merci.

Cassey Newton est une jeune adolescente de 16-17 interprétée par Britt Robertson (qui a en réalité 25 ans) dont le père est ingénieur à la NASA. Elle tient du papa un intellect supérieur voir supérieur à celui de son géniteur. La NASA ayant abandonné ses projets, les plateformes de lancement sont démontées et son père travaille à ce démantèlement. Quand il n’y aura plus rien, son père sera sans emploi. Voila pourquoi Cassey s’introduit illégalement sur le terrain pour saboter les grues et faire gagner à son père du temps avant sa mise à la porte. Un jour, elle entre en possession d’un étrange pin’s qui, une fois touché, vous projette dans une vision d’une ville au look retro-futuriste où tout semble possible grâce à la science avancée. ( Tomorrowland, c’est un peu Poudlard,l’école de magie d’Harry Potter, pour les génies scientifiques en fait).
Cassey se met en route pour trouver cet endroit et rencontre Frank Walker, ancien inventeur juvénile qui a perdu ses illusions sur le monde et joué par George Clooney qui a pris visiblement beaucoup de plaisir à s’amuser en faisant ce film. Son humour à froid et désabusé lui vont très bien.
J’en ai sans doute trop raconté donc je n’irai pas plus en détails sur les personnages incarnés par Hugh Laurie ( la seconde vie du Dr House commence à prendre au ciné, et c’est un vrai plaisir de le revoir même s’il joue à la « House » sans vraiment proposer autre chose mais le kiff est là, et le personnage d’Athéna, jeune fille incarnée par Raffey Cassidy, jeune actrice sorte de mini Audrey Hepburn, qui livre un jeu étonnant qui nous rappelle que, parfois, des réalisateurs arrivent à faire ce que seul Steven Spielberg fait : tirer une performance exceptionnelle d’un enfant. Et c’est le cas ici.





La révélation du film. " Je suis le futur, Frank Walker." Puisse le sien être lumineux.

Brad Bird s’amuse et nous amuse avec une réalisation classe et moderne sans céder aux effets faciles (beaucoup d’effets spéciaux certes mais toujours là pour accompagner et non écraser les acteurs : il le dit lui-même, Spielberg a été une inspiration sur ce projet, tout il l’a été pour J.J Abrams depuis qu’il fait du cinéma. Et ça se sent, ce film aurait pu être réalisé par le grand Steven si cette humaniste convaincu n’avait pas commencé à perdre sa foi en l’humanité (et je dis ça sans le juger aucunement : lui, plus que tout autre, a changé ma vision du cinéma, faisant de votre serviteur un cinéphile alors qu’il aimait juste aller au ciné comme tout le monde).
On retrouve les goûts de Bird pour les gadgets, les visions d’une autre époque etc…Tommorowland ( tant le film que le lieu ) est imprégné de rétro-futurisme ( la vision du futur que l'on avait dans le passé). Cet aspect rétro-futuriste (et même un peu steampunk lors d'une séquence particulière), participe à l'ambiance et la volonté de Bird de se poser en défenseur d'une ambiance certes empreinte de suspens et d'action mais définitivement anti-grim & gritty (le grim & gritty est une période sombre, cynique, violente, désabusée et parfois nihiliste qui a commencé dans les comics des années 80 et a contaminé la fiction en générale dès les années 90 ). En citant l'époque de Jules Verne, de Nikola tesla, etc...Bird convoque une époque qui avait foi dans la science pour améliorer la vie humaine. Ce qui est la base du projet «  Tommorowland ».




Cette foi en la science est palpable dans les propos de plusieurs personnages, en particulier Cassey qui, devant le discours alarmant de ses professeurs qui débutent des faits et des causes, les poussent à donner des solutions. Solutions qu'ils n'ont pas. Vous la sentez la charge contre le système enseignant tel que conçu chez nous ? ( et défendu avec trop d'assiduité pour être vraiment honnête par la saga Harry Potter ? ).

Niveau charge, le film est également une charge (oui, je me répète ) contre le manque d'ambition de la société ( du politicard au simple citoyen ), charge contre le manque d'imagination ( nous vivons une époque qui se repose encore et encore sur le recyclage de vieilles technologies : le cd a donné le dvd, le dvd a donné le blu-ray mais il s'agit d'améliorations et non d'innovation ! Je ne peux que vous conseiller le livre «  Futurs ? La panne des imaginaires technologiques. » si le sujet vous branche ou vous interpelle).

Il est notable que ce film, du pur Brad Bird, soit aussi le reflet des constructions scénaristiques de son scénariste principale, Damon Lindelof ( Lost, Prometheus, Star trek Into Darkness ) : il aime poser ses personnages et introduire des flashbacks. Devinez ce qu'on retrouve ici pour tout mettre en place et enrichir le background ?


Le cinéma français a tellement peur des films de genre, qu'il doit attendre les américains pour faire les fous avec la Tour Eiffel ! Si les ricains n'étaient pas là...

J'ai parlé de Spielberg plus haut dans cette critique, j'y reviens encore une fois. Le grand barbu (oui, Spielby et Dieu ont le même surnom. Coïncidence ? Je ne crois pas ! ) est une des influences revendiquées par le réalisateur ( il le disait sur Twitter, je ne spécule pas ) et cela se ressent. Le film aurait pu être une création spielbergienne si le multi-oscarisé n'avait pas bifurqué ces dernières années vers un certain pessimisme quant à l'avenir de l'humanité (et comme le mec est un humaniste, ça doit lui faire mal).


En œuvrant à fournir du rêve tout en poussant à rêver, le film de Brad Bird est un must see, aussi bien pour les adultes, les ados et les enfants. Emmenez les voir ce film seulement, ne les enfermez pas dans l'air du temps qui consiste à accélérer alors que le mur est devant ! Il ne vous demande que deux choses : être attentif ( on vous donne les infos dans l'action et on ne vous le répétera pas 20 fois : le film vous croit intelligent, prouvez-lui qu'il ne se trompe pas ) et laissez votre cynisme au vestiaire (parce qu'en plus, ce film vous veut du bien ! ).

samedi 6 juin 2015

Hacker, de Michael Mann : le test du blu-ray.

Difficile de parler de Hacker sans parler de son réalisateur, Michael Mann.
Le grand public ne connaît pas forcément son nom (honte à lui !) mais il connait ses films, tout du Heat, le formidable thriller/film de gangsters/film policier/drame poignant (ne biffez aucune mention, elles sont toutes utiles) avec Robert de Niro et Al Pacino. Un film colossal auquel le reste de sa filmographie sera toujours comparée et rabaissée : Heat était un spectacle unique et Mann ne cherchera jamais à le refaire sous une autre forme. Ce qui frustrera souvent les personnes allant voir « un film par le réalisateur de Heat » et qui ressortiront déçu de ne pas avoir ressenti les mêmes émotions. Mais mes cocos, si vous voulez sentir Heat, revoyez Heat !
moins un :

Mais Heat est une bonne porte d’entrée pour saisir son cinéma : des personnages introspectifs saisis par des plans qui le sont tout autant, des personnages qui ont besoin de se connecter aux autres tout en étant souvent des solitaires acharnés ( tu m’étonnes que leur passe-temps soit l’introspection avec un tel caractère ) , des intrigues tentaculaires dans lesquelles les personnages vont tenter de continuer à avancer. Personnages, personnages, personnages. Voila le sujet de Mann. Le tout (en de rares exceptions près) , plongé dans une intrigue que l’on pourra de manière simplette qualifiée de policière. (Miami Vice est-il un film policier portant une grande romance ou un grand film romantique dans un univers de polar ? ). Le tout lui-même englobé dans la jungle urbaine, véritable terrain de la vie selon Mann. Et lorsque la révolution numérique débarque, Mann saisit la chose à bras le corps : voila l’outil dont il se servira désormais pour amplifier le réalisme de ses villes, et donc, en augmentant son terrain de prédilection, les tentacules de l’intrigue vont se fondre dans les rues, les ruelles et les méandres urbains. Et un univers expansé aura toujours un impact sur les personnages. Quadrature du cercle les enfants ! Revoyez Collateral, Miami Vice et Public Enemies. Jamais auparavant dans le cinéma de Mann, les héros n’avaient été à ce point impacté par leur environnement.

Les bases étant posées, attaquons-nous à son dernier film en date.
Une centrale nucléaire chinoise se voit être l’objet d’une cyber-attaque. L’homme chargé de l’enquête, Chen Dawai, un officier ayant fait ses études aux USA reconnait le code utilisé pour l’attaque. Peu après, le même code est utilisé aux Etats-Unis pour faire grimper le cours du soja à la bourse. Chen demande l’aide du FBI dans un effort conjoint pour retrouver le pirate derrière ses attaques. Pour cela, il a besoin de l’aide de sa sœur, Chen Lien ( le nom de famille passe en premier dans nombre de pays asiatiques ) petite génie en informatique et d’un détenu, Nick Hathaway. Nick accepte d’aider ce petit groupe si sa peine est commuée. Il sort de prison, escorté par un US Marshall bad-ass et de l’agente du FBI qui a réussi à le faire sortir. Très vite, ce petit monde décide que la mission est plus importante que tout, même certaines lois.





Grand film bancal ? Série B sérieusement pensée et troussée ? Difficile de qualifier Hacker de chef-d’œuvre, il est même décevant dans la filmo de Mann. Mais, est-ce pour autant un mauvais film ? Que nenni !
Tout d’abord, Mann utilise ce qui, il me semble, est une première pour lui : les séquences en pure image de synthèses. Le piratage informatique étant au centre de l’intrigue, Mann a imaginez comment rendre visuellement une telle attaque au sein d’un ordinateur : pour cela, il emprunte la technique chère à David Fincher jusque 2004 : laisser la caméra explorer tout ce qu’elle veut, même l’immensément petit, comme l’intérieur d’un circuit imprimé. Sans parole, sans indication, le spectateur assiste et comprend d’instinct que des lignes de codes sont déroutées, détournées, etc… Mine de rien, c’est simple mais qui y avait pensé avant ? La simplicité est la sophistication ultime nous disait Léonard De Vinci !

Ensuite, l’intrigue, complexe mais pas absconse, réserve sont lot de péripéties et de retournements de situation. Pourtant, les scènes d’actions sont peu nombreuses et même assez courtes. Mann s’attardant plus sur les conséquences de celles-ci ( avec une brutalité telle qu’elle est choquante : bien, le cinéma et l’art doivent choquer  et bousculer les spectateurs).



Là où le bas blesse c’est dans les caractérisations des liens entre les personnages. Si ceux-ci sont bien écrits et bien campés ( encore une fois, Chris Hemsworth prouve que non, il n’est pas que la montagne de muscle pour midinette qu’est Thor), les liens se forment trop vite entre les protagonistes , comme si il fallait absolument que certaines alliances se forment avant tel ou tel moment du chronomètre. Le script est faiblard sur ce point, quand il est fortiche sur les aspects techniques des cyber-attaques. Contrairement à son habitude, Mann n’a pas signé ou co-signé le scénario, cela explique peut-être cela.
Ensuite, la présence au générique de 4 monteurs laisse présager que Mann n’a pas eu le final cut de son film. Les ingrédients manniens étant présents dans l’histoire, on l’imagine aisément emballé par le sujet. Le studio aurait-il son mot à dire dans l’échec de certains points importants dans ce film ? Une version director’s cut serait-elle différente ? Questions probablement à jamais sans réponse.


Reste que ces défauts, mineurs, ne viennent pas vraiment gâcher le plaisir de se retrouver devant un objet filmique bien pensé, mais qui laissera sur leur faim les shootés à l’adrénaline et à la violence édulcorée mais fun. Ici, comme dans les précédents films du cinéaste, ce sont les personnages que l’on suit plus que l’action.
En résulte un rythme parfois lent, limite contemplatif mais toujours fascinant.






Au niveau du disque en lui même...
L’image de Blackhat (Hacker) n’est pas parfaite. Mais son transfert vers le format HD l’est. Michael Mann expérimente avec les caméras numériques depuis Collateral et qui dit expérimentation dit échecs. On tâtonne, on voit ce qui marche, ce qui est loupé et on progresse comme ça. Mann en est arrivé au point de savoir ce qui fonctionne mais il lui arrive encore de louper un peu le travail et donc le résultat final en pâti. Gravement ? Certes non. Et puis, la prise de risque technique est toujours à saluer. Niveau son, une drôle d’impression : si le tout est très immersif ( et la séquence avec les hélicos est impressionnante à ce niveau), les dialogues sont parfois un peu difficiles à distinguer clairement, la palme revenant aux discussions en chinois, on a la sensation que les sons sont en décalage avec la bouche ( une incongruité linguistique mais ça choque les oreilles occidentales).
Niveau bonus, c’est très peu : le film s’étant ramassé au box office, Universal n’a sans doute pas misé sur ce blu-ray commercialement. Alors pourquoi le gaver après tout ? Dommage. Même si les 40 minutes proposées ne sont pas inintéressantes.


mardi 28 avril 2015

They avenged me, at last !

« Quand je le regarde, tout ce que je vois c'est  ''défaut, défaut, défaut, paresse,compromis,erreur''. »
C'est avec ces mots que Joss Whedon parle de «  Avengers » le film de super-héros qu'il a réalisé et qui réalisa un bénéfice monstre au box office.
Ravi que nous soyons du même avis Joss.

« La raison pour laquelle j'ai signé pour un autre film était que je voulais en faire un meilleur et élever mon niveau de jeu en tant que réalisateur, travailler plus dur sur chaque aspect (…).
j'ai débuté comme scénariste sur des séries TV à petit budget et il y avait toujours cette notion de « C'est assez bon ». Et avec ce film, je ne voulais pas dire «  c'est assez bon ».

Alors, Joss Whedon, a-t-il relevé son pari avec lui-même de surpasser son Avengers et donc de fournir, in fine, enfin un vrai film et non un téléfilm de luxe?

Le film nous plonge in media res dans le feu de l'action : le dernier bastion de l'HYDRA est pris d'assaut par les Avengers. En effet, le film se situe vraiment dans la mouvance de « Captain America- The Winter Soldier ».
On ne nous expliquera malheureusement pas comment la Veuve Noire fait encore partie de l'équipe après avoir quitté Cap' à la fin du dernier film dédié au super-soldat, ni pourquoi Stark a rendossé le costume d'Iron-Man après avoir détruit toutes ses armures et s'être fait enlever son réacteur ARC du thorax à la fin de son troisième film. Je pinaille mais merde, un peu d'explicitation et de cohérence ça n'aurait pas fait de mal.
Bref, nos héros investissent la base et font une découverte qui mènera Stark et Banner sur la voie de la création d'Ultron , une intelligence artificielle sensée assurer la protection de la Terre. Bien sûr, rien ne se passera selon le plan…

Premier constat : oui, Whedon a augmenté son niveau de jeu. En choisissant un directeur photo plus ambitieux déjà les images sont belles et mieux cadrées. Seul un plan vraiment mis là pour plaire aux fans jure avec la grammaire cinématographique la plus élémentaire. Pour le reste , il y a enfin un regard d'esthète mineur qui opère dans la création des images et le contraste avec le premier film est assez saisissant, comme si une autre personne était derrière la caméra.


Plan créé pour plaire aux fans. Parce que à part ça, le truc est illisible et mal foutu. 

Idem pour le scénario : la patte Whedon était présente dans le précédent opus : l'humour à nul autre pareil, des tics d'écriture connus de ses fans, etc.
Nous retrouvons tout cela ici mais dans un cadre mieux maîtrisé. L'ambition de l'histoire d'être à la fois intimiste, fun et spectaculaire aurait pu faire sombrer le navire. Il n'en est rien, et c'est assez surprenant vu le plantage qu'aura été Avengers premier du nom en dépit de son succès phénoménal ( preuve étant que la lecture de l'image, du montage etc...ne fait plus partie de la culture de base. Et une société qui ne sait pas lire une image ne saura pas reconnaître la propagande de la pub : rassurant, n'est-ce pas Mr Orwell ? ).

Est-il parfait? Bien entendu que non : le nombre de personnage restreint bien entendu la possibilité de développer certains personnages ici,peut-être mise-t-on sur les prochains films pour donner de l'épaisseur à ces sacrifiés du chrono et du montage ( une demi-heure a sauté à la demande du studio, Whedon ayant souvent répété dans la presse que son film devait durer 3 heures). Ainsi, Quicksilver, que Marvel Studio se partage avec la 20th Century Fox, n'a pas beaucoup plus d'épaisseur que son « clone » venu d'X-men Days of Future Past alors que son temps de présence est plus important que celui du mutant ado de Bryan Singer. À peine est-il plus mature , comprenez par là qu'il passe du statut de troll a celui de connard prétentieux. Sa sœur, la Sorcière Rouge, a plus de chance que lui ( surprenant de la part de Whedon, qui aime écrire des personnages féminins…) même si les puristes crieront au scandale que la nature de ses pouvoirs soient différents de son homologue de papier.  La Veuve Noire aussi se taille une belle écriture où son armure de Terminator est mise à mal par des révélations sur son passé et sa formation dans la fameuse «  Chambre rouge ». Sa romance naissante avec un autre membre de l'équipe arrive à couler de source en raison de la nature particulière et du vécu de l'autre membre en question.

Stark est égal à lui-même, à savoir que Robert Downey Jr fait son Downey Jr tout en ayant des dialogues savoureux à déclamer. Chris Evans est toujours aussi à l'aise dans la défroque de Captain America et , cette fois-ci, Whedon l'écrit comme il est caractérisé dans les autres films Marvel Studios.
Thor est logé à la même enseigne que dans ses films : héroïque mais pouvant servir de prétexte comique...prétexte comique qui servira l'histoire en elle-même car l'humour n'est pas gratuit dans le film.
Jeremy Renner, en Hawkeye, est lui  mieux employé et plus développé. Développement surprenant qui apportera un peu d'oxygène dans un film où l'action et la tension ne faiblissent que rarement. Whedon ne sort pourtant pas cette part de son chapeau, il puise dans le corpus Marvel tout entier, que cela soit les comics se déroulant sur la Terre-616 ( le monde Marvel) ou l'univers Ultimate ( un univers Marvel parallèle possédant sa propre ligne éditoriale).
L'équipe fonctionne enfin correctement, aucun héros n'étant là pour tirer la couverture : l'équipe EST le personnage principal de l'histoire et c'est très appréciable.




Le côté héroïque est bien présent, aussi, nos héros semblant enfin plus préoccupé par sauver les civils que de défoncer les méchants en sauvant par hasard quelques personnes passant par là.

Enfin, comme le disait Alfred Hitchcock, meilleur est le méchant, meilleur est le film. Et Ultron et un méchant avec une envergure et une classe folle, James Spader prêtant sa voix et sa gestuelle ( motion capture bonjour) à un robot tueur psychopathe et pourtant attachant, version maléfique d'un Pinocchio avec un sens tout relatif de l'évolution humaine.



Alors, il y aurait de quoi pinailler durant des années sur certains points (mais j'attendrais la version longue pour définitivement le faire ou non ) mais nous voila enfin face à un film d'équipe super-héroïque qui fonctionne ( hors contexte mutant et X-men) , qui assure le spectacle et l'aspect humain. Tout en se tenant cinématographiquement la plupart du temps. Une surprise et une réussite inespérée au vu du naufrage qu'aura été le premier film. Excelsior !



vendredi 17 avril 2015

De l'incurie de Panini ou "une rénovation de façade ne change pas l'intérieur du building !"

Ce matin, un lapin a peut-être tué un chasseur (mais avec le recul du fusil, l’arme a sans doute tué le pauvre et fragile animal, ironie quand tu nous tiens) mais surtout, j’ai entamé un voyage vers ma librairie préférée.

En effet, mercredi dernier (le 8 avril), une semaine avant mon anniversaire donc, je décide de me faire un gros plaisir en achetant les deux tomes Marvel Icons consacrés à Spider-Man tel que conçu par JMS et Romita Jr. Je me délectais à l’avance de la lecture de ce run fantastique et ayant marqué l’histoire éditoriale du tisseur.

Mais voila, parfois, pas de chance, on tombe sur un ouvrage défectueux. Cela arrive.
Ici, plusieurs feuillets du tome 1 n’étaient tout simplement pas reliés et glissaient donc du livre.
Donc, ce matin, profitant d’un jour de congé mérité, je me rends dans ma librairie en vue de faire échanger mon exemplaire (ou d’attendre qu’on m’en commande un autre).
La libraire en charge des réclamations, charmante petite brunette à lunettes qui est tout à fait mon type de femme, me dit alors, avec un sourire charmant, qu’ils en ont reçu un nouveau en stock.
Génial, pas de délai d’attente.
Je reçois mon nouvel exemplaire, le feuillette rapidement pour voir si rien ne cloche et m’en retourne chez moi.

Une fois à la maison, j’entame la lecture et… merde. Le même problème, à un endroit différent se présente : le premier feuillet se détache !!!!

N’ayant plus vraiment l’envie ni le temps de retourner dans ma librairie, je préfère envoyer un message à l’éditeur, Panini Comics, pour leur signaler, non sans une certaine colère teintée d’amertume, le dit problème. En effet, deux fois le même soucis, c’est sans doute le signe d’un défaut dans un lot : éditeur comme consommateur devraient être mis au courant et je le fais.
Mon message reste lettre morte.
Il fait beau, c’est vendredi, les modérateurs sont-ils sortis prendre un verre ? J’attends… j’attends…aucune réponse.
Pourtant, preuve à l’appui, au moins une personne faisant tourner la page facebook de Panini passe sur ce compte et y poste un article. Mon message lui, malgré la notification qui devait apparaître sur l’écran de cet anonyme contributeur, reste lettre morte. C’est très grossier.




14H54, dernière édition du message d'origine. je tague la page Panini pour être certain d'attirer leur attention.




Peu avant 18 heure, nouvelle mise à jour sur leur page. Pourtant, la personne ne semble pas avoir eu quelque chose à faire du message que j'ai envoyé. Je conçois que plus d'un § , ça empêche de prendre l'apéro à l'heure


Il y a un an ou deux ( je ne suis plus certain), j’avais reçu en cadeau un comic édité par un concurrent, distingué et bien urbain. Là aussi, un défaut venait m’empêcher de lire correctement mon ouvrage. N’ayant pas de ticket de caisse, je contacte l’éditeur et celui-ci, à titre exceptionnel, m’envoie gracieusement un exemplaire sans défaut et cartonné quand je ne n’avais que la version en format souple. Beau geste commercial que j’ai apprécié.

Ici, le ticket , je l’ai. Je ne demande pas à Panini de faire le même geste. Mais même si les circonstances avaient été les mêmes, Panini ne l’aurait sans doute pas fait.
Depuis quelque temps, les remontrances que je pouvais faire à l’éditeur ont presque cessé d’exister. Une nouvelle équipe a rejoint la team et une envie d’aller vers le haut en imitant Urban Comics avait montré le bout de son nez.
Hélas, il ne s’agissait en fait que de donner un coup de peinture sur une façade en ruine pour faire croire au changement. Rien n’a changé : Panini n’est pas un éditeur, ce n’est pas un créateur de livres. C’est un marchand de franchise profitant de l’implantation bien ancrée de Marvel en France et en Belgique. Ils n’ont pas à batailler pour mettre en avant leurs ouvrages, les fans sont là depuis des décennies, certains ayant transmis le virus « marvel zombies » à leurs enfants ou petits-enfants.
Que leurs ouvrages soient défectueux n’est pas un soucis : ils s’en foutent, purement et simplement.
Tout ce que je demandais était simple : " Merci de nous avoir fait part du problème, désolé pour les inconvénients." Était-ce donc trop attendre ? Apparemment oui...

Ces dernières années, ils ont arboré une volonté de s’orner des oripeaux de la respectabilité. 
Ce manteau est en simili et ne résiste pas à un examen attentif.
Combien de temps encore Disney laissera-t-il son catalogue si chèrement acquis aux mains d’incompétents tout juste bons à faire des sandwichs pour le repas de midi ?










mercredi 15 avril 2015

Daredevil, dare des champs.

Marvel Studios, leader des rentrées au box office concernant les films de super-héros, continue son offensive en s'attaquant à la télévision ( les séries Agents of SHIELD et Agent Carter mises à part, étant donné que leur marque de fabrique n'est pas l'adaptation pure).
En association avec Netflix, Marvel Studios s'attaque donc à un héros emblématique de la firme de Spider-Man : Daredevil, l'homme sans peur.

Daredevil fête ses 50 ans cette année, l'occasion de ramener sur le devant de la scène un héros sombre et torturé ( qui a dit « Batman » ? ) qui avai déjà eu les honneurs du grand écran il y a 12 ans, pour un résultat...discutable (restons polis et courtois).

Enfant, Matt Murdock a sauvé un vieil homme qui allait se faire écraser par un camion. Une bonne action ne restant jamais impunie, Matt se retrouve victime du sort : le poids lourd transportait des produits toxiques qui se sont renversés sur ses yeux. Matt perd la vue...mais gagne quelque chose en retour : ses sens restant sont amplifiés et sa vue est remplacée par un sens « radar ». Son père, boxeur conscient que l'avenir de son fils passe par les études,le pousse à étudier et à travailler dur. Refusant de se coucher lors d'un match truqué, Jack Murdock meurt assassiné. Matt deviendra avocat, avocat spécialisé dans la défense des innocents, des démunis, des plus faibles...
La nuit, il enfilera un costume et un masque.

Dans une ville pourrie par la corruption, l'homme sans peur s'engage sur le chemin de l'espoir…


Le format des comics se rapproche du format feuilleton : un épisode par mois, constituant petit à petit une continuité. La transposition vers la télévision fait donc peut-être plus sens que vers le grand écran (et ce malgré tout l'amour que vous savez que je porte au cinéma).
Héros moins vendeur et souffrant d'une réputation abominable dans le 7ème art, Marvel choisit de réhabiliter son héros sur le petit écran via le réseau de streaming Netflix ( un peu comme si Warner, échaudé par « Batman & Robin » n'avait pas conçu « Batman Begins » comme un film, mais soit).


La série s'écrit sous la supervision de Drew Goddard et Steven S.Deknight, des baroudeurs de la télé puisqu'ils ont longtemps officié pour un certain Joss Whedon. Leur approche est très simple : se baser sur les périodes de Daredevil les plus marquantes , à savoir celles basées sur les scénarios de Frank Miller , Brian Bendis et Ed Brubaker. Si l'ambiance noire et polar des deux derniers est bien présente, c'est bien du côté de Miller qu'il faut trouver la source principale de l'inspiration de cette première fournée. La noirceur explose en pleine face et la série n'a pas peur d'exploiter ce filon, quitte à sacrifier des personnages encore bien vivants dans les comics actuels.








La série a de nombreuses qualités , à commencer par des acteurs convaincants et charismatiques. Si Charlie Cox, l'interprète du rôle titre s'en sort admirablement en catholique tourmenté par sa vie de justicier, c'est Vincent D'Onofrio ( Men in black ) qui tire la couverture à lui dans le rôle de Wilson Fisk, le parrain de la pègre. Détail amusant, c'est Ayelet Zurer,la nouvelle maman biologique de Superman ( DC comics) qui joue le rôle de l'amour de la vie de Fisk. Un transfuge à « l'ennemi » très agréable.








La réalisation ensuite. Si elle est très télévisuelle et manque donc de moyens techniques et de temps pour les mettre en œuvre, il n'en reste pas moins que les réalisateurs ont des idées : on parlera encore longtemps de cette scène de baston dans un couloir où le hors champ et le travelling sont pensés et mis en œuvre avec une rare efficacité.

Bien entendu, la série n'est pas sans défauts : certains points de l'intrigue sont faciles ou convenus et sentent le déjà-vu ( surtout dans le déroulement de l'enquête principale ou des rares affaires traîtées par le cabinet « Nelson & Murdock » ) et l'aspect « film de 12 heures » peut parfois lasser si vous n'êtes pas un fan acharné du héros (évitez les marathons de visionnage dans ce cas précis).

Daredevil enterre profondément tout ce qui s'est fait à la télé depuis de trop longues années. Heroes,Smallville,Arrow,Flash, Agents of SHIELD et cet étron fumant de Gotham ont pour eux la puissance du nombre. Daredevil a la puissance de la qualité, raison pour laquelle cette série marchera bien, mais pas aussi bien que les produits formatés et sans saveurs (quoique si, ils ont un goût de pourriture).
"The man without fear" est là et puisse-t-il rester un moment en notre compagnie !