lundi 22 avril 2024

Sisters in Arms.

 




Factus. Le trou du cul de l’univers connu. Une lune désertique, un far-west étouffant tant par sa chaleur que son manque d’oxygène. On y retrouve principalement d’anciens détenus dont il est peu clair qu’ils soient là par choix et divers colons malchanceux ou naïfs qui n’auront sans doute jamais les moyens de partir de ce trou à rats géants. C’est sur cette lune que vit Dix Low, médecin voyageant dans les terres isolées, soignant qui s’y trouve pour régler un mystérieux compte avec son passé.

C’est que Miss Low a participé à une guerre. Et qu’elle n’a pas choisi le bon camp. Ou du moins, pas le camp qui allait gagner. 


Gabi est une jeune ado.
C’est aussi une Générale de l’Accord, la faction qui a gagné la guerre et envoyé des enfants aux combats car les adultes pensent généralement à deux fois avant de buter un gosse. Erreur fatale, tu te prends une balle (nb : soyez sociopathe, tirez sur tout ce que l’ennemi envoie ! ).
Elle et Dix n’auraient jamais du se croiser. Mais le mystérieux crash du vaisseau de Gabi va les mener à traverser la poussière et en mordre pas mal pour sauver la jeune fille de ceux qui veulent son trépas. Sauf si Gabi décide de buter Dix en apprenant son passé durant le voyage.


Que cela soit sur le 4è de couverture ou un peu ailleurs sur le net, Ten Low ( le titre V.O ) est comparé à Firefly/Serenity ( la série de Joss Whedon et le film concluant icelle ) et Mad Max Fury Road. Disons que ce roman a sans aucun doute des brins d’ADN en comun avec les œuvres suscitées mais il a son identité propre, comme un cousin éloigné. 


Et il coche les cases attendues : le mystérieux passé de l’héroïne qui la ronge, les villages ou villes remplis de brigands, arnaqueurs, j’en passe et des meilleurs ainsi que des lieux étranges, presque mythiques grâce à leurs noms  que personne ne veut visiter mais où nos deux larronnes iront bien entendu foutre le bordel. Du réchauffé.

Mais est-ce un tort ?
Les ingrédients sont connus mais efficaces et le tout est fait maison dans une casserole et pas un plateau repas en carton remplis de colorants et de conservateurs jetés à la va-comme-j’te-pousse comme la première série Disney+ micro-ondée venue. 


C’est que Stark Holborn, la femme derrière tout ça , sait comment poser son récit, faire monter la sauce, envoyer les tripes et les boyaux au bon moment avant de relancer le repas et les couverts à travers les gueules de celles et ceux qui peuplent son univers. 

En plus de jouer habilement avec le suspens et l’action bourrine bien jouissive et défoulante d’un western de série B saupoudré d’amphétamines, de bruit et de fureur sans raisin mais avec colère , Holborn crée des éléments qui lui sont propres comme la secte des Chercheurs, des charognards délestant toute épave (mécanique ou humaine ) , les Freux , un gang aussi armés qu’acharné et les « Si » , les habitants de Factus.
Des créatures élémentaires que seuls quelques rares «  élus »  peuvent percevoir. Et pas forcément pour leur porter bonheur. Influant sur le hasard et les probabilités pour en tirer le pire, les Si suivent Low à la trace, ayant bien senti son potentiel chaotique. 


Ce monde désertique comporte aussi donc ses lieux emblématiques dont les noms ne sont que rarement annonciateurs d’une ambiance de Parc d’attractions. Comme la Fosse ou la Bordure ( aka l’endroit dont on ne revient pas ) dont je vous laisse découvrir l'horreur.


Bref, le roman étant relativement court et prenant, les lecteurs reprendront peu leur souffle entre deux chevauchées, embuscades, coups fourrés, infiltration burnée et autre plans de sauvetage tenant surtout grâce à du papier collant MacGyver et la détermination acharnée des personnages prêt à en faire chier tous ceux qui ont tenté de les enculer. 


C’est entre les lignes, ces zones blanches sur lesquels le lecteur peut projeter ce qu’il veut, que l’on pourra plus ou moins appréhender les factions ayant fait la guerre ayant précédé l’histoire et leurs motivations «  toujours belles et nobles » dans la propagande bien rodée. 


Au final, le roman est un agréable divertissement que les amateurs de musiques de films liront en mixant dans leur cerveau aussi bien Ennio Morricone qu’Hans Zimmer en passant parfois par Jerry Goldsmith. Souvent pour le meilleur dans l’action violente mais chaque fois dans une dynamique de lieux et de temps différents et plus rarement pour le pire (ou disons le moyen) tant trop de personnages ressemblent à des archétypes connus à qui l’ont aurait greffé un peu plus de background que l’on s’y attendrait. Mais hey, des graines psychologiques disséminées ainsi peuvent très bien pousser plus tard si on les arrose d'assez de sang, de sueur et d'alcool frelaté.


Rien de bien neuf sous le soleil du western mâtiné de SF donc mais encore une fois, le réchauffé peut avoir du goût, remplir son homme et le faire se sentir assez rassasié tout en le poussant à vouloir en reprendre. Et ça tombe bien, l’auteur a déjà une suite à son actif et un 3è tome devrait sortir en VO d’ici peu. 

Espérons que les Si ne nous fauchent pas l’opportunité de pouvoir les lire un jour en VF. 


lundi 3 janvier 2022

Step Back in Time # 2 : 65 millions d'années pour le réaliser.

Il y a un avant et un après.
Il y a des événements qui changent les choses, qui changent le regard.
Rares sont les personnes qui peuvent se vanter d’avoir empiler les « avant/après »
Steven Spielberg est de ces personnes.
Il y a un avant Jaws et un après.  Il a inventé le blockbuster ! ( ne jetez pas la pierre, il n’est pas responsable de ce que les autres ont pu en faire).
Il y a un avant E.T et un après. Il a mis fin aux délires d’invasion alien au cinéma ( Independance Day ? Vous le regardez encore souvent? ; même les chaines télé miteuses ne le programment plus. )
Il y a un avant Jurassic Park et un après.  Et lui, va tout changer. En même temps que les dinosaures font tomber les barrières de leurs enclos, les réalisateurs feront s’envoler celles de leur imagination. Tout devenait possible.
Mais je brûle les étapes, pardon.

Nous sommes à la fin des années 80, début des années 90. Spielberg est alors une machine de production à lui tout seul. Il a enchaîné La dernière Croisade, Always et Hook s’apprête à sortir avec la meilleure musique que John Williams a jamais composée.
Son activité de producteur est à la hausse et il a même des billes dans des séries d’animation de la Warner ( les Tiny Toon, les Animaniacs, et j’en passe). Avant James Cameron, le roi du monde était un petit barbu de Cincinnati ! En alors que Hook est presque fini, Spielby a déjà les yeux vers son futur. Sans se douter qu’il allait défricher celui de son média, le cinéma.




Son prochain projet ? E.R, une histoire centrée sur les heurts , bonheurs et malheurs d’une équipe d’urgentistes dans un hôpital . Le scénario est écrit par Michael Crichton, auteur de romans à succès. Alors que nos deux larrons, amis dans le civil, discutent, Steven le questionne sur son prochain roman. Une histoire de dinosaure dans un parc d’attraction qui déraille (oui voila, ça ressemble à Westworld à la préhistoire, bien vu ! ) .
Les yeux s’écarquillent. L’excitation guette.
Spielberg n’en a plus rien à cirer de ses urgentistes et Crichton pourra aller vendre son scénario à la télévision. Ça révélera George Clooney ( l’homme qui a failli faire tomber Batman mais qui a relevé l’action Nespresso à la bourse ! ).





           ( James Cameron aussi était intéressé mais a avoué que sa version aurait été fort différente)




Spielberg veut réaliser un film tiré d’un roman même pas encore finalisé ! Et ça urge, parce que E.R devait être relativement facile à tourner, où du moins rapide ( unité de temps et de lieux minimale , ça aide pour mettre en boîte rapidement ) et que tonton Steve, il a La liste de Schindler qui commence à se profiler. Un projet lourd, à la logistique monstre pour lequel Spielberg aura besoin de temps pour le finaliser au mieux.
Crichton planche sur le scénario, aidé par David Koep, en même temps qu’il termine son livre. Universal, producteur de Schindler, remporte la guerre entre studios pour l’acquisition des droits. Les deux films sortiront la même année. Deux films diamétralement dissemblables ? Et bien nous verrons plus loin que non.
Il y a deux choses qui stimulent Spielberg plus que de raison à se pencher sur Jurassic Park.
Petit A , Steven Spielberg est issu d’une génération de cinéphiles. Des films l’ont fait rêver étant gosse et voila l’occasion de rendre hommage aux effets de Ray Harryhausen en général et à King Kong en particulier !




Petit B , le thème central du film est le même que La Liste de Schindler.
Un thème qui a traversé la filmo de Spielberg et qui continue de le faire aujourd’hui !
Que nous montre Jurassic Park ?
Dans un lieu coupé de tout, un petit groupe d’individus a isolé une espèce entière et entend la régenter comme bon lui semble. Ce groupe est déshumanisé par la machine bureaucratique qu’ils sont devenus. Et nient la nature vivante même des prisonniers.
D’aucuns se sont adaptés, d’autres vont saisir la chance de se rebeller et de vivre libres quand l’occasion se présentera sous la forme d’un chaos total.
C’est Jurassic Park dont les dinosaures vont se montrer peu dociles quand Dennis Nedry coupe le système et provoque le chaos.
Ce sont les juifs de Varsovie (certains du moins) qui vont tenter de survivre et de s’évader quand leur prison sera assiégée par l’armée allemande provoquant un chaos dans les rues et les habitations.
Il y aura des morts mais la vie trouvera son chemin.

La machine non-humaine qui tente de réguler la vie ,voire même de la broyer, est un thème cher à Spielberg et on le retrouvera dans d’autres films postérieurs, comme Minority Report par exemple, ou même la Guerre des Mondes.
Et cette machine déraille toujours, elle se fait bouffer de l’intérieur. Voila la croyance de Spielberg qui transpire même dans ses films où il montre bien qu’il n’a plus confiance en l’humain.
Parce que sa conviction est ancrée. Voila pourquoi Jurassic Park est cohérent dans la filmo de Spielberg. Voila pourquoi toute sa filmo est cohérente !


Bon, cet aparté idéologique étant derrière nous, revenons à nos dinos !

Donner vie à des monstres préhistoriques , voila qui a de quoi être excitant…et flippant. Pas le droit à l’erreur. Fini le temps de la stop-motion belle mais voyante ( les mouvements doivent être fluides) ou du déguisement de lézards vivants grimé en dinosaures fantaisistes ( diantre, le public a vu Le petit dinsoaure et la vallée des merveilles ! et sait à quoi doit ressembler un dino au ciné…qui a produit ce film déjà ? ) !
Mais les défis techniques, Steven connaît et il sait où s’adresser : chez ILM, la boîte à effets spéciaux de son copain George (Lucas).  Et c’est là que l’histoire va se jouer. C’est là que l’analogique va rencontrer le numérique. C’est là que l’évolution va se mettre en marche.
Les premiers cinéastes étaient des Géants. Ils ont construit des mondes sans avoir de repères sur l’art qu’ils inventaient.
Les seconds ont vu les films et on imaginés l’avenir : ils étaient doublement des voyants.
Spielberg est de ceux-là. Et son film va lancer un nouveau mouvement. L’évolution se base sur…( allez les gars, ça fait 17 ans que les films X-men en parlent…) la mutation ! Il est là, le temps des mutants débute.  ( cette réflexion est en partie basée sur les titre des trois très gros essais de Pierre Berthomieu aux éditions Rouge Profond ).

Quand une espèce plus évoluée apparaît, elle entraîne la disparition de sa cousine moins adaptée. Mais là, Spielberg ne sait pas encore qu’il va faire tomber le premier domino.
Il pénètre dans ILM en se disant que l’animation stop-motion a fait d’énorme progrès et qu’il aura sans doute besoin de gros robots bien balèzes qui ne tomberont pas en panne comme son foutu requin presque 20 ans auparavant !


Bon, là, petit aparté, oui encore !
Les ennuis mécaniques de Bruce ( le requin ; Spielberg l’a nommé ainsi en hommage à son avocat…true stroy ! ) ont fait dire que Spielberg a retourné ce soucis à son avantage en lui permettant de repenser sa mise en scène basée sur la suggestion plus que sur l’illustration.
Ce n’est qu’en partie vrai. Dès le début, Spielberg voulait montrer le requin tardivement pour maximiser sa première apparition. Les soucis techniques l’ont poussé à devoir repenser plusieurs séquences où le requin était prévu pour qu’elles s’insèrent dans cette démarche suggestive ( ce qui a débouché sur un dépassement de temps de tournage et de budget par la force des choses).
Ridley Scott s’en inspirera pour Alien, tout comme il s’inspirera du début de Saving Private Ryan pour l’ouverture de Gladiator. C’est la différence entre un génie et un mec hyper talentueux : y en a un qui passe toujours un peu avant l’autre.

Pour ses "Dents de la Terre", Spielberg ne veut pas revivre les frustrations de ses Dents de la Mer. Mais que l’on ne s’y trompe pas, Jurassic Park n’est pas là pour effacer les affres du passé (et digérés) de Spielberg ni pour faire le minimum syndical en sachant que le public viendra sans aucun doute voir une «  resucée » du requin sous une nouvelle forme.
Les deux films s’ouvrent sur une attaque monstrueuse montée, pensée, mise en scène différemment et avec l’énergie qui convient au projet. Il y a des points communs mais encore une fois, je me répète : la filmo de Steven Spielberg est d’une cohérence rare dans ses thèmes et ses approches.







Bref, Steven sait ce qu’il lui faut et il discute des modalités. Et le jour des premiers essais, tout fonctionne. C’est beau, génial, le film va se faire avec de bonnes vieilles méthodes qui ne subissent plus les accrocs d’antan.
Mais…mais…c’est là qu’entre en scène Dennis Murren.
Murren sort de deux films de James Cameron : Abyss et Terminator 2. Et certains effets ont été créés par ordinateurs. Pas super longs en temps de présence à l’écran mais assez bluffants pour être remarqués. Et Murren en est convaincu, cette méthode en a dans le ventre. Il propose à Spielberg de lui démontrer sa certitude et concocte avec son équipe une séquence mettant en scène le T-Rex. Spielby est bluffé. L’animation est au top et demande moins de lourdeurs dans la réalisation pour insérer les dinos. L’option stop-motion est écartée mais l’animateur Phil Tippet est embauché dans l’équipe de Murren . Après tout, ils ont besoin de références pour animer les mouvements. La nouvelle espèce possède toujours des attributs de l’ancienne et la transition entre les deux est ici pacifique. Mais pour tout un tas de séquences, Spielberg a besoin de robots. Et c’est là que va résider le tour de force.

L’alternance des techniques ! Utiliser le bon outil au bon moment à bon escient. Un plan nécessite un robot ? On prend le robot, un plan a besoin de fluidité ? On prend les images de synthèses. Il faut penser bien en amont les plans et comment ils devront être tournés, et avec quoi ! C’est ce travail qui rend le film si fort visuellement encore aujourd’hui ( ce film a 30 ans et la met encore minable à pas mal de films récents. Quelles sont leurs mauvaises excuses ? )  alors que moins de 15 minutes d’images de synthèses sont en tout utilisées dans le film.  Et chacune sont frappantes, chacune a marqué les esprits ! Quel film actuel peut se vanter de ça ? Et elles ne sont pas marquantes que parce qu’elles sont belles et innovantes pour l’époque. Non, elles marquent parce que la mise en scène et le montage prépare le terrain avant leur apparition.




Le brachiosaure qui apparaît ? Juste avant , la caméra va s’attarder sur les visages et les réactions de Grant et Sattler. Puis paf, ça coupe sur les dinos au loin ! Ensuite seulement on embraye sur Malcolm et son cynisme ( sa note d’humour enfonce le clou ! " Il y est arrivé ce vieux dégénéré ! ")


Le T-Rex s’évade ? Un verre d’eau qui tremble, une chèvre morte qui tombe sur le toit de la voiture, une patte sur un câble et BOUM ! Les piliers tombent, le Roi sort de son antre ! Et le public retient son souffle. Plusieurs fois sur le même film.
Tous les successeurs de Spielberg sur la franchise, je dis bien TOUS, se ramasseront dans les grandes largeurs quand il s’agira d’introduire des menaces gigantesques.
Le navet Jurassic Park III et les nanars Jurassic World ne retrouveront jamais la force évocatrice de Jurassic Park ( à part peut-être deux ou trois plans dans Fallen Kingdom de J.A Bayona mais pas de quoi en faire un jambon ).  Au lieu de se demander comme refaire l’exploit Jurassic Park (impossible, même pour le papa de la chose), la question aurait du être « Que pouvons-nous apprendre des réussites de The Lost World ? » . Question que les compositeurs Don Davis ( les 3 premiers Matrix ) et Michael Giacchino ( Jupiter Ascending, The Batman) se poseront, eux. 

Le cinéma étant un art collectif où le réalisateur ( dans le meilleur des cas ) est le capitaine du navire et ses matelots et gradés occupent des postes plus ou moins importants. Les premiers auxquels on pense sont les acteurs ( car nous les voyons à l’écran ).  Le casting est bon, solide. As usual, Spielberg sait tirer vers le haut les acteurs plus jeunes sans rendre leur jeu crispant.
Jeff Goldblum est aussi agaçant que cyniquement amusant dans le rôle de Ian Malcolm et Sam Neill joue un Alan Grant presque désabusé par son métier et la fin annoncée de celui-ci avec l’arrivée du parc jurassique. La rumeur prétend que Spielberg devait initialement tourner avec Harrison Ford qui aurait troqué son rôle d’archéologue pour celui de paléontologue. Je me disais aussi que les chapeaux des deux héros se ressemblaient.



Mais pour voir les acteurs, il faut exciter le pellicule. Et c’est le boulot du directeur de la photographie. Ici, c’est à Dean Cundey qu’il incombe de mettre en lumière les décors.
Cundey n’est ni le meilleur directeur photo ni le pire. Il sort d’une autre collaboration avec Spielberg, Hook. Son approche naturaliste ( dans le sens où sa mise en lumière donne l’impression de voir la réalité nue, comme les superbes clichés du National Geographic par exemple ) aura été catastrophique sur Hook : tourné en studio, son approche de la lumière met en avant que tout est faux et chiqué ! Neverland aurait dû être une Terre du Milieu plus petite et sous LSD, pas un studio ultra friqué mais en toc ! Ce genre de chose peut disparaître grâce à une bonne photo, les gars sur Star Wars et Alien 1 et 2 n’ont fait que ça ! Mais sur Jurassic Park, le choix est payant !

Belles comme le papier glacé du magazine aux couvertures  jaunes cité plus haut, elles donnent l’impression de se balader dans un joli DisneyLand ambiance jungle bien entretenue. Et quand le spectateur se sent comme chez Mickey, tout se détraque et l’impact est renforcé. L’ambiance n’était pas à la peur ou à l’horreur. Et quand ces dernières débarquent, l’effet est maximisé au possible. La pellicule toute jolie se trouve entachée, comme le sang, la tension et le suspens viennent engluer l'image comme du venin de dilophosaure sur une proie !




Mais Spielberg devra noter ses intentions car il ne peut être présent pour l’ensemble du montage.
Il doit partir tourner La Liste de Schindler. Mais à qui laisser son bébé ? À un exécutif du studio ? Non !
Spielberg a un ami. Réalisateur avec un attrait phénoménal pour le montage.
Quelqu’un de carré, qui sait bosser dans les délais ( c’est lui qui inculquera cette notion à Spielberg d’ailleurs. Lui qui dépassait temps et budget sera désormais un gars capable de boucler ses tournages avant la date finale fixée après avoir bossé avec son grand pote).
Quelqu’un dont le travail sur Jurassic Park sera méconnu mais cité au générique dans les remerciements : George Lucas.
Lucas va superviser le montage pour son pote en suivant ses instructions et en apportant sa science au projet. L’histoire ne dit pas quelles scènes furent sauvées ou sacrifiées ni par lequel des deux.



Et en l’état, même si Spielberg avait eu le temps de rester, le film ne serait sans doute pas différent. Mais Lucas a sauvé les délais pour Spielberg. Et quand il a vu les résultats , Lucas s’est dit «  Bon sang, ça y est, la technologie pour les épisodes 1 à 3 de Star Wars est prête ! » . Un coup de pouce pour un ami en forme de «  je t’ai laissé mes plans et les pièces, monte-moi cette commode Ikéa » allait lancer le retour de la Force et des Jedi au cinéma…mais ça, c’est une autre histoire !

John Williams, fidèle compositeur de tonton Steven rempile pour cette aventure. Si son thème musical est beau et reste en tête, on ne peut que s’étonner du manque d’ampleur de sa composition. Trop sage, trop convenue. Alors oui, sage et convenue pour du John Williams c’est toujours quelques coudées au-dessus de pas mal d’autres mais au vu des sujets et de la taille du film, on pouvait s’attendre à plus pêchu ! Il se rattrapera et vraiment pas qu’un peu sur The Lost World, une des B.O les plus abouties et qui s’écoute encore d’une traite en CD !

Jurassic Park aura marqué les esprits. Il aura marqué le public, les professionnels ( 3 Oscars !)…mais il aura marqué le cinéma. Il est le film qui a dit «  Désormais, la seule limite de notre media, c’est notre imagination. Les outils sont là, faites marcher vos neurones. » Quel dommage que tant de films ne se reposent sur ses merveilleux outils sans réfléchir sur la façon de s’en servir correctement. Mais cela rend les pépites et les travaux honnêtes et passionnés de certains réalisateurs bien plus puissantes.
Et ces films-là, ils vous apportent quelque chose.
Lorsque l'on marque la pop-culture de son empreinte, l'on marque la pensée collective et s'ouvre la voie de devenir un classique et une référence immédiatement reconnaissable ( et ouvert aux détournements ). 




Vous entrez dans la salle de cinéma avec votre paquet de pop-corn et quand les lumières s’allument, vous constatez que vous n’en avez presque pas mangé ! Si plus de films avaient ce pouvoir-là, le taux de cholestérol de l’occident diminuerait et les consciences s’élèveraient peut-être un peu plus ! Non, pensez-y. Vous en connaissez beaucoup vous des films qui vulgarisent la théorie du chaos et l'effet papillon comme ça ou qui change à vie votre vision des dinosaures et des oiseaux ?



Le numérique se projette sur l'analogique. L'image est simple, belle, parlante !






jeudi 16 décembre 2021

De l'importance du héros mythologique dans la construction personnelle.

Depuis l’aube des temps, l’homme est un conteur d’histoires.
L'homme a besoin de partager ses expériences , de trouver diverses façons de comprendre et de résoudre ses problèmes journaliers.
Lascaux, même si cela nous échappe, raconte
quelque chose.
Les histoires et ensuite les mythes font donc partie intégrante de notre patrimoine interculturel.

Pas une seule civilisation sans mythe !

Dans toute civilisation, de tout temps et en toutes circonstances, des mythes sont apparus,reflet de tout ce qui pouvait naître des activités de l'être humain et de son esprit.
Joseph Campbell.

Il n’est pas inintéressant de rappeler que le mot mythe vient du grec μῦθος , mythos. Sous son sens premiers, le terme désigne une fable, un récit !

Ces récits et leurs descendants modernes peuvent-ils aider, partiellement, à se construire en tant qu’individus?



Philip K .Dick a écrit : «  La réalité, c’est ce qui continue d’exister quand on a cessé d’y croire ! ».

Mais durant la lecture d’un mythe, d’une représentation théâtrale ou de la projection d’un film, notre esprit accepte le récit fictionnel comme étant réel (regardez par la fenêtre et voyez Superman voler, vous saurez que vous hallucinez mais ça ne vous choquera pas de le voir fendre les airs sur grand écran), c'est le principe de suspension consentie de l'incrédulité.

Non seulement c’est une transposition du mythe de la caverne de Platon mais c’est encore plus fort du fait qu’on sait que c’est faux et que cela est accepté (sans rejet par l’esprit) aussi facilement qu’un chèque de Kadhafi par Nicolas Sarkozy !
Dès lors, peut-on envisager qu’on puisse retirer une expérience de vécu d’une lecture, d’une représentation? Le mythe pouvait-il apporter quelque chose ?

Or le mythe, se subdivise en deux grandes catégories :
1° Il y a les mythes fondateurs, ceux qui expliquent l’origine du monde ( autrement dit, la Cosmogonie ) ; c’est Gaia émergeant du chaos originel, c’est Yahvé  (ou Jéhovah ) qui met 7 jours à tout créer (oui, le 7me jour il créa sa plus belle œuvre : le repos ! ).
Le mythe sert à expliquer la création de la Terre et son fonctionnement : chez les Grecs ( et les Romains qui leur ont tout piqué ) , les divinités sont des forces de la nature : Zeus manie son foudre, Apollon fait se lever le soleil, les relations mère-fille entre Déméter et Perséphone expliquent les saisons, etc…

2° Il y a le mythe comme représentation poétisée de la vie en société dans une époque donnée.
Les mythes se situent dans un contexte déterminé selon la culture dont ils émanent. Ils suivent cependant généralement une structure fort similaire, ce qui poussera le chercheur Joseph Campbell a posé la théorie du mono-mythe, le mythe à l’origine de tous les mythes. Son livre, Le héros aux mille visages/Les héros sont éternels, est d’ailleurs LA bible de tout scénariste hollywoodien qui se respecte !

C’est la seconde option qui nous intéresse ici.
Pour nous, par exemple, les mythes grecs peuvent nous éclairer tant sur leur mode de vie que sur leurs croyances. Mais pour un grec de l’antiquité, qu’étaient-ils ? Un agréable divertissement ? Une allégorie sur la vie ?
Tout le décorum sociétaire n’était là que pour plonger le lecteur ou l’audience théâtrale dans une situation connue. C’est la (ou les) figure du héros qui était importante et porteuse d’un message. Le héros, dans son acceptation globale (et pas uniquement gréco-romaine) est un être capable d’exploits surhumains (même si de nos jours, le simple fait d’aller contre son instinct de survie pour sauver quelqu’un fait de vous un héros). Comme le disent les américains, un héros est quelqu’un de «  bigger than life ! ».
 D’ailleurs, il est notable que le décorum des mythes grecs tels qu’ils nous sont parvenus est sans doute différent de ce qu’il était à la base.



En effet, la plupart des mythes grecs  ont  pour origine chronologique une période appelée « Le Moyen-âge grec » (mauvaise traduction de Greek Dark Age ) et située entre 1200 avant Jésus Christ et 776 (toujours avant J.C…mais non, pas John Connor enfin…) avec les premiers Jeux Olympiques. C’était ce que j’appellerai l’âge héroïque,où dieux et demi-dieux foulaient le sol de la Terre, guerroyaient pour la gloire ou l’honneur, où leur présence faisait et défaisait des nations. 
Troie est tombée pour quelques divins orgueils, Héraclès a aidé à unir le territoire Thrace et Zeus a engrossé la moitié des filles nobles du monde connu !

Et quel monde ! Troie en Asie Mineure, Andromède princesse enchaînée d’Ethiopie ,Prométhée qui,selon les mythes, est enchaîné ( décidément ! les grecs ont inventé plein de pratiques bizarres en fait.Le Sado-maso, ça serait donc eux, aussi ?) sur le mont Atlas ( en Afrique du Nord) ou sur le mont Caucase ( situé dieu sait où entre la Mer Noir et la mer Caspienne). Ce monde décrit, est pour les grecs de l’antiquité, terra incognita. J’entrevois deux hypothèses : soit les minoens et les mycéniens en savaient plus long sur la géographie qu’on ne le pense actuellement  (meilleurs explorateurs ? souvenirs du pays des hyperboréens si tant est qu’il exista ? ) soit, par le jeu des voyages et du commerce, certains mythes ont été importés.

Aucune civilisation  n’est vraiment fermée sur elle-même et la culture est poreuse, contaminante et contaminable envers d’autres cultures ! Il lui arrive même d’être agri…culture ! 



Ce Greek Dark Age dont on ne sait presque rien correspond à une période de troubles. À la même période, l’Egypte et le territoire Hittite connaissent des bouleversements, Mycènes s’est effondré. Des civilisations liées par le commerce et la guerre ! Si l’une disparaît, l’équilibre peut-il se rompre et entraîner les autres vers une chute ?
L’antiquité Grecque commençante, est donc une…Renaissance. On redécouvre l’écriture et les mythes de l’ancien monde ( dans le sens du monde ancien, celui que l’on a pas connu et qui précéda chronologiquement) sont couchés par écrit. Ils ont survécu oralement, dans la mémoire des populations, des rares artistes encore en activité,etc…C'est vers 650 avant notre ère qu'Hésiode couche la Théogonie.
Mais ces mythes ne reflètent sans doute plus le mode de vie de ces âges sombres presque effacés de l’histoire mondiale. Ils ont évolué. Le nombre d’aventures d’Héraclès,par exemple, a-t-il favorisé sa longévité et propagation comme certains illustrés plus modernes ? La question reste ouverte. 



Toutes les cultures font partie intégrante de l’histoire qui est une évolution ! Et les mythes , faisant partie de ces cultures, ne sont pas des récits fixes et immuables ! Ils peuvent être revus, corrigés pour intégrer de nouvelles données, des nouvelles valeurs morales, etc… Difficile de penser dès lors que les mythes grecs sont une copie carbone de ceux qui se racontaient à la cour d’Agamemnon ! C’est cette même logique qui est appliquée aux super-héros actuellement d’ailleurs ( mais je le répète depuis des années, ils sont une forme de mythologie et suivent donc les mêmes modes opératoires ! ).
La base est la même pour tous les films de Superman ou de Batman, mais les héros sont à chaque fois remis « au goût du jour », comprenez qu’ils sont placé dans un contexte plus actuel pour chaque film. Or l’actuel est une notion qui ne fait que passer !











Chacune de ces versions des héros était la plus moderne de son époque. Chacune était intrinsèquement le héros que l'on connaît tous mais le mythe a évolué. Et il évoluera encore ! Dés lors, des films comme "Troy" (avec Brad Pitt) ou "King Arthur"sont tout aussi légitimes que des adaptations plus fidèles à Homère ou à la matière de Bretagne car elles reflètent l'adaptation à notre époque en matières de récits pseudo-historiques.

C’est pour cela que les héros de Iliade ou de l’Odyssée se comportent comme des grecs antiques mais connaissent un monde plus grand, plus vaste ! Et ces mythes enflammeront l’imagination d’un roi macédonien: Alexandre le grand ! Ce monde oublié, il voudra le redécouvrir !
Cela lui coûtera tout. Mais les mythes auront fait passer un message dans son esprit !
Auront fait germer une idée !
Et comme le fera dire Christopher Nolan à DiCaprio ( dans une scène non retenue) d’Inception :

Une idée est le plus puissant des parasites ! Une simple idée issue de l’esprit humain peut construire des villes ! Une simple idée peut transformer le monde et réécrire toutes les règles ! 

Que le héros vive une aventure porteuse d’un message, d’une idée, il en était déjà ainsi dans la plus vieille épopée connue, celle de Gilgamesh : aussi puissant était-il, il était condamné à mourir comme tout le monde. On pourrait donc penser, qu’en filigranes, le message est que personne ne peut échapper à son destin. 
On retrouve cette notion d’inéluctabilité également chez les grecs. S’y ajoute aussi un autre grand thème : si vous ne prenez pas garde, vous vous ferez baiser par les dieux ( au sens propre comme au figuré ).

Prenez Héra par exemple, femme et sœur aimante mais terriblement jalouse ! Héraclès, fils bâtard de Zeus est pour elle un affront et elle lui en fera voir de toutes les couleuvres ( je suis content de moi là ).

D’un point de vue personnelle, je n’ai jamais compris pourquoi ce n’est pas Zeus qui s’en prenait le plus dans ses divines bourses car le fautif, c’est lui. La reine des coups tordus qu’était Héra n’aurait pas pu, je ne sais pas moi, droguer l’ambroisie de son mari et lui administrer l’antidote le soir ? Comme ça, si Monsieur découche, il passe une nuit infernale !  Héraclès offre aussi un bel exemple de la porosité entre cultures. Il se verra accaparé par les voisins des Grecs, les Romains sous le nom d’Hercule ( si je t'attrape je...).
Plus fort encore, les mythes irlandais le désignent sous le nom de Cùchulainn , fils du dieu Lug, lui aussi dieu-roi de son panthéon. 

Le Hercule Irlandais !

La notoriété d’Héraclès peut s’expliquer par le nombre incroyable d’histoires le concernant venues enrichir son récit de base ( à moins que sa popularité n'ait entraîné la rédaction de nouveaux textes). Un héros populaire dont les gens étaient friands. Et qui de fait, donna naissance à divers « clones ».

Le premier qui me sort que Héraclès et Hercule sont la même personne prendre une belle tatane dans sa tête de banane azimutée car cette affirmation serait aussi erronée que d’affirmer que Superman, Appollo et Hypérion sont le même super-héros !
Ces deux ersatz du kryptonien ( il en existe bien d’autres,je vais pas tous vous les faire ) portent  d’ailleurs tous les deux des noms mythologiques associés au soleil, sources des pouvoirs de Superman (Apollo,Apollon en anglais, dieu du soleil, Hypérion le titan occupant la place avant la Titanomachie lancée par Zeus ). Batman n’est pas en reste, lui qui aura Midnighter ou encore Nighthawk comme copies affirmées voire revendiquées ! 








Pour le thème de l’inéluctabilité, prenons l’histoire de Persée, fils de Danaé fille d’Acrisios ! Hors, notre bon Acrisios avait été informé par un oracle que son petit-fils, un jour, le tuerait. Pour empêcher que sa fille ne mette au monde un enfant,Acrisios la fit enfermer. Zeus, amoureux de Danaé, se changea en pluie d’or pour contourner l’enfermement ( l’or n’ouvre-t-il pas toutes les portes ? Aujourd’hui nous sommes moins regardants, l’argent le fait tout aussi bien). Zeus et Danaé consomment comme des lapins et 9 mois plus tard…
Passons sur tous les détails de l’histoire de Persée, c’est le destin d’Acrisios qui est ici important. Quand son petit-fils est devenu grand, après son triomphe sur Méduse et son mariage avec la belle Andromède, il participa à des jeux. Lors d’une épreuve de lancé, il rate son coup et tue un spectateur…qui se révèle être Acrisios !
En tentant d’échapper à son destin, Acrisios a scellé sa mort. En tentant de modifier son futur, il n’a fait que le mettre en place. Aucune action ne peut vous empêcher de subir votre destin. 

On ne le répétera jamais assez, ne jetez pas vos discoboles n'importe où, il pourrait y avoir des blessés !

Ironiquement, c’est l’effet inverse qui se produit avec Cassandre. Elle a beau claironner que tout va mal finir et que Troie est encore plus foutue que l’économie de Détroit, personne ne l’écoute. Et bien entendu, Troie tombe ! Le destin est immuable : que l’on choisisse d’agir pour le changer ou qu’on ne prenne pas en compte les oracles, le destin, chez les grecs, ne se modifie pas ! 

Quels effets, de tels messages, peuvent-il avoir sur la construction personnelle des gens qui baignent dans ce genre de littérature ? Une acceptation de leur sort ? Après tout, les mythes sont une part de leur religion. L’opium de ce peuple. 

Mais les héros, malgré un destin souvent funeste ou homicide, accomplissent aussi des miracles ou des actes désintéressés ! Ces actes, peuvent-ils impacter le sens moral des gens ? Les inspirer ? 

À l’époque, comme aujourd’hui, les histoires avaient quelque chose à exprimer sur la société, sur la réalité vécue. Faut-il voir le mythe de l'Atlantide comme une histoire dramatique, une allégorie sur la suffisance d'Athènes et de facto une mise en garde contre sa chute ou encore une allitération sur la fin de la civilisation minoenne ( dont la fin semble de plus en plus concorder avec une ou l'autre catastrophe naturelle de grande ampleur ) ?

La société, bien entendu, est un concept mouvant.

Quittons l’antiquité et attaquons si vous le voulez bien, le moyen-âge.
Finis les mythes mettant en scène des dieux, des demi-dieux et autres créatures fantastiques. Nous sommes à une époque de ténèbres mentales, d’aliénation sectaire menée par l’organisation la plus puissante de l’époque : L’Église !

La Bible est le texte de référence. Le seul texte « mythologique » à ne pas être interdit. Et pour cause.
Les religions dites révélées ont toujours réclamé pour elles la possession de LA vérité et font toujours tout pour contester celle des autres ( au pif : l'inquisition, les croisades, les mises à l'index,la mutilation génitale des statues...).
De nos jours, un individu est d’ailleurs passible de la peine capitale en Arabie Saoudite s’il pénètre sur le territoire avec un ouvrage religieux non-islamique. Et en France et aux États-Unis, il y a des militants (nombreux) qui espèrent faire entrer le blasphème sur la liste des délits. Mais je m’égare.
Les mythes sont donc plus qu’hérétiques pour l’Église.Il faudra attendre la Renaissance pour que l'humanité redécouvre son immense patrimoine !





Il y a pourtant une littérature moyenâgeuse qui va se mettre en place. La Geste arthurienne. Descendante des chansons de geste, dont la première si je ne dis pas de conneries a été La Chanson de Roland. La Chanson de Roland est encore de nos jours exploitée dans les cours d’histoire alors qu’il s’agit d’une image d’Epinal. En réalité, point de jeune et héroïque Roland, juste un nobliau trentenaire ( à l'époque, 30 ans c'est vieux, très vieux), Hruodland, qui s’est fait buté minablement lors d’une escarmouche. Le tout a été passé aux moulinettes poétiques et patriotiques habituelles, rien de plus rien de moins. Mais notez que cela a exalté des générations entières à se comporter comme des héros, des chevaliers. Des générations qui se sont donc en partie construite là-dessus. Une chanson ! Imaginez alors le pouvoir de textes plus élaborés…et chrétiens ! 




Car la geste arthurienne est noyée sous le christianisme : la quête du Graal, la coupe du Christ ! Les valeurs chevaleresques calquées sur les valeurs chrétiennes ( regardez un peu ce qui arrive au parjure Mordred ou encore à Guenièvre et Lancelot pour avoir été amants illégitimes ! ) . La matière de Bretagne naît, grandit et s’enrichit encore et encore, même aujourd'hui ! Du pain béni pour et par l’Église qui ne devait pas tenter d’éradiquer cette littérature (ou alors nous aurions beaucoup moins de sources les enfants ! ).

Et encore une fois, le mythe s’adapte à son époque . Arthur est inspiré par un chef breton ( la Bretagne romaine, soit l’Angleterre) unificateur des tribus bretonnes mais surtout figure qui aurait à la fois vaincu les Saxons et accepté ensuite les migrants saxons venus pacifiquement, devenant le père des anglo-saxons !
Ce chef apparu au début de moyen-âge ( au dark age ) est recyclé un millénaire plus tard dans un contexte collant à l’époque de la rédaction de la geste ! Comme les grecs avaient remis « au goût de l’époque » les récits du Greek dark age ! 



Cette geste arthurienne va devenir une publicité ambulante pour les valeurs chrétiennes et chevaleresques : Lancelot, Perceval, etc….devenant des modèles à atteindre pour qui est sensible à tout cela (ne me faites pas dire que tous les chevaliers voulaient être chevaleresques, la plupart avait sans doute pour but de jouir de leurs privilèges et s’acquitter des devoirs en râlant ! ). 

Si l’Église, ayant toujours voulu imposer ses idées n’y a pas trouvé à redire, n’est-ce pas là une sorte de preuve , ou plutôt d’indice, qu’elle avait compris que le récit pouvait instiller quelque chose d’assez fort dans l’esprit des gens pour les faire agir d’une façon ou d’une autre ? Ou tout du moins, les inspirer (un lavage de cerveau c’est plus complexe et cette influence est plus restreinte, tout le monde ne sait pas lire en ce temps obscur, loin de là!).
La propagande est une invention qui a de l’âge ! 

On le voit donc, au fil des siècles, des millénaires, les mythes ont instillé des concepts dans les esprits et ont donc aidé ( ou pas , c’est selon comment on le prend ) à construire certains aspects de la personnalité des lecteurs, auditeurs et j’en passe et des meilleurs ! 

De nos jours, si je doute que les mythes classiques ou moyenâgeux puissent inspirer , les récits plus récents ( dès les romans de capes et d’épées de Dumas, plus ou moins ) peuvent jouer ce rôle. Ils ne font pourtant que reprendre des archétypes classiques mais dans un environnement contemporain et surtout loin de l’aspect désuet de héros passés de mode. Sans compter que les instances religieuses ( de quelques obédiences qu’elles soient ),qui ont toujours une main mise importante sur certaines littératures, ne peuvent pas suivre face à la masse d'ouvrages qui sortent chaque semaine! L'accès pour tous à la lecture et l'écriture a bien entendu fait exploser l'offre qui n'est plus aux seules mains des moines copistes !

Certains héros modernes sont de nouveaux héros "classiques", vecteurs de valeurs et intégrés dans leur époque pourtant mouvante. James Bond , éternel gentleman sur la fin de sa trentaine, a vu le monde changer et son décorum a donc évolué avec l’Histoire. Lui, est resté le même. Un héros incorruptible , intransigeant avec le mal, ne supportant pas de voir un ami ou une femme se faire malmener. Son pendant américain le plus proche est bien entendu Jack Bauer. 




Ces deux agents très spéciaux possèdent une mythologie riche qui nourrit leurs aventures. Ce sont aussi des outils de propagandes occidentales, ne le nions pas ! 

Tout comme Bond, la plupart des héros de bande-dessinée ( qui ne sont pas que pour les enfants mais qui sont souvent leurs premières lectures pour des raisons débiles : y a des images, c’est pour les gosses. Et ta sœur ? Elle bat le beurre ?  Le cinéma aussi ce sont des images et t’emmènerait pas ton gamin voir Se7en, si ? ) ne vieillissent pas. C’est leur environnement qui change et évolue. Spirou, Tintin, Batman ou Superman sont nés dans des publications des années 30. 75 ans plus tard ( Spirou et Superman ont le même âge ) , ils n’ont pas pris une ride. Si Spirou évolue sans que les auteurs se soucient d’une telle chose, les éditeurs de Superman (et de tout le panthéon DC comics )  remettent souvent les héros au goût du jour, en redéfinissant leurs origines dans un contexte plus moderne. Idem au cinéma où les récents Batman Begins et Man of Steel viennent corroborer mes dires. Se faisant, ces héros touchent finalement toutes les générations !

Le super-héros, cette mythologie moderne, peut-il apporter quelque chose à la construction personnelle ? Ses valeurs peuvent-elles inspirer certains jeunes au point de fortifier leur sens moral ? Je réponds par l’affirmative en nuançant : sans certains dons moraux comme l’empathie ( qualité qui se développent souvent durant ou peu après l'adolescence, et encore, pas chez tout le monde), les valeurs héroïques n’ont aucune chance de germer : la terre spirituelle est stérile sans certaines prédispositions !





















Oui, ce sont des panthéons modernes, c'est bien plus frappant quand les héros sont en groupe.



Un héros peut-il positivement influencer un enfant ? Je le crois. Pour un adulte fait, je suis beaucoup moins certain, sauf dans le cas d'une épiphanie fulgurante de puissance 10.

Lorsque Captain America est créé en 1941, Pearl Harbor n’a pas encore été attaqué. L’évènement arrivera des mois plus tard. L’Amérique n’est donc pas en guerre. Mais voila, Captain America est un appel des auteurs à ne pas fermer les yeux sur ce qui ce déroule en Europe. La couverture du premier numéro montre d’ailleurs le héros en train de mettre son poing sur la figure de l’oncle Adolf !  Il n’y a bien entendu aucune statistique disponible sur le nombre de jeunes touchés par cette image qui iront s’engager dans les troupes U.S mais il est presque certains que cela a joué un rôle.
Captain America est aussi le vecteur d’une idée de son temps : la science comme solution miracle aux problèmes humains. C’est la science qui a rendu le chétif Steve Rogers en un homme grand, musclé et délivré de la maladie (et , ironiquement, un parfait aryen )



Dans les années 60, la bombe atomique est passée par là. La science n’a plus cette aura de bienfaitrice. Les héros seront les résultats de terribles accidents souvent atomiques : Peter Parker  est mordu par une araignée rendue radioactive par une expérience , Bruce Banner est irradié de rayons gamma sur un site d’essai de bombe et devient Hulk. Pire, les radiations dans l’air ont créé la race des mutants dont les X-men sont les représentants les plus connus.
Non, le message a changé : la science peut être un danger si l’on ne fait pas attention. La science, devenue déesse de son temps, a fait connaître son ire de ne pas avoir été traitée comme il se doit : science sans conscience est ruine de l’âme, chez Marvel elle devient également ruine du corps ! 




Plus tard, ce n'est plus la force nucléaire qui sera présentée comme une menace mais la force génétique. Spider-man sera clonés plusieurs fois dans le but de détruire sa vie. Le Peter Parker de l'univers Ultimate sera mordu par une araignée génétiquement modifiée, tout comme le Peter Parker des films. Plus tard, Miles Morales, l'actuel Ultimate Spider-Man sera lui aussi mordu par une araignée OGM.



Spider-man et Scarlet Spider. L'original et le clone issu des expériences du Dr Warren pour pourrir la vie de Peter Parker. 


Mais ces êtres modifiés, maudits par leurs différences, sont habités par des concepts moraux ! Des concepts moraux qui transcendent les cultures. Non, ils ne sont pas les porte-drapeaux de l’impérialisme américain. Ils sont américains et donc pensent et agissent comme tel mais c’est aux lecteurs internationaux de faire preuve de recul. On ne reproche jamais à un personnage européen de se comporter en européen.  Mais il s’agit bel et bien d’une mythologie moderne, ancrée dans son temps ! 

Mais cela n’empêche pas certaines notions antiques de franchir les barrières du temps : Thor le dieu du tonnerre Asgardien (ou Ase si l'on veut être vraiment précis. Mais parfois, le public a besoin qu'on lui balise le chemin) est devenu un héros Marvel, emmenant avec lui son panthéon . Wonder Woman est une amazone, adoratrice des dieux grecs et membre de la Trinité DC qu’elle forme avec Superman et Batman.

Les dieux classiques, en plus d’être une source d’inspiration, sont parfois devenus membres complets d’une nouvelle mythologie. Et dans la réalité parallèle «  Earth 2 », Wonder Woman est adoratrice des dieux romains. Ceux-ci ont payés un lourd tribut lors d’une invasion extra-terrestre et seul Mercure est encore vaillant. La fin du premier épisode le verra, mourant, transmettre son pouvoir au futur Flash. La boucle est bouclée, le premier Flash, dans les années 30, avait le look de ce dieu aux bottes et au casque ailés !







« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » , telle est la devise de Spider-Man. Elle exhorte a ne pas se débiner lorsque l'on a les moyens d’aider. Nul besoin de super-pouvoirs pour faire le bien.  Les X-men quant à eux sont une métaphore sur le racisme et la ségrégation qui gangrènent les années 60 aux USA. Plus tard, les mutants seront les représentants de toutes les minorités et des exclus car différents : le gros du lectorat gay, juif ou étranger lit les séries liées aux mutants. Charles Xavier et Erik « Magneto »Lensher sont les Martin Luther King et Malcolm X de l’univers Marvel ! Quelle influence peut avoir sur le jeune lecteur ces notions ? J’ose croire que l’on emporte avec soi une part de nos découvertes fictionnelles. Si l’on est touché l’espace de la lecture, si un lien empathique s’est créé, pourquoi se détricoterait-il  une fois le livre refermé, le film fini ? 

La continuité des mythes grecs vers des héros modernes ne se limite pas aux comics. Les mangas aussi ont puisé leur inspiration dans la Grèce antique. Saint Seiya ( Les chevaliers du Zodiaque ) en est un bon exemple. Les valeurs de fraternité entre les hommes, de sacrifice et de courage y sont portées par les chevaliers d’Athéna ( notion européenne, au Japon point de chevaliers mais des Saints, d’Athéna, car ils sont capables de miracles ).
Et on en est à pas moins de 7 séries différentes centrées sur les chevaliers sacrés ! Et lors d’une aventure propre au seul dessin-animé, Seiya et ses compagnons croiseront le fer avec les guerriers divins du royaume d’Asgard ! 












Enfin, comment ne pas parler de Dragonball qui puise une part de son inspiration dans des mythes asiatiques ( comme la légende du roi singe ) mais aussi dans la mythologie moderne des comics ? Les origines de San Goku ont bien trop de points communs avec celles de Superman pour que cela soit innocent. 

Et là aussi l’œuvre n’est pas dénuée de valeurs fortes comme le dépassement de soi, l'appel de l'aventure initiatique,le refus de renoncer et la protection des plus faibles face à des tyrans immoraux et prêts à tout !


Abordons le cinéma.
En tant que média de masses, il est peut-être le moyen d'expression moderne qui touche le plus de personnes sur la planète !
J’ai , par la bande, abordé le cinéma de super-héros, je n’y reviendrai donc pas. La mythologie, surtout gréco-romaine, a été une source d’inspiration pour le cinéma. Hercule a été le porteur d’un bon nombre de nanars italiens (conscients de leur non potentiel, les italiens font maintenant du cinéma sur les terrains de foot d’ailleurs ) et hollywoodiens. Plus récemment, nous pouvons signaler Le Choc des titans, son mauvais remake ( mais l’original ne volait pas déjà bien haut ) et sa suite La colère des Titans ou encore Immortals qui revenait sur l’histoire de Thésée. Mis à part une mise en image léchée ( les dieux et les créatures en jettent ), ces films sont loin d’être inoubliables.








Une saga moderne a pour elle d’avoir largement pioché dans les mythologies et leurs mécanismes sans que cela ne se ressente pour le profane. La saga Star Wars.

Il a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…
Cette accroche est tout bonnement géniale. Elle contient en quelques mots tout l’apport du mythe que le spectateur est sur le point de voir : le mythe est souvent une histoire située dans un passé lointain et presque oublié et sa situation géographique est …exotique ! Quoi de plus ancien qu’une époque oubliée, quoi de plus exotique que des planètes inconnues ?  Tout, je dis bien tout, dans Star Wars est mythologique et brasse des figures connues et reconnues. Et les films ont beau être inégaux, les apports mythologiques ont toujours été traités avec soin car découlant non pas d’une volonté absolue de les inclure mais d’une connaissance encyclopédique sur le sujet.

Bien que, techniquement, les 6 épisodes d'origine sont l’histoire de la chute et de la rédemption de Dark Vador/Anakyn Skywalker ( sa chute renvoyant autant à Lucifer qu’à Icare), c’est le parcours de Luke Skywalker qui est le plus à même d’illustrer la puissance mythologique du récit ! La nouvelle trilogie semble lui offrir un nouveau rôle qu'il nous faudra découvrir dès l'épisode VIII en Décembre 2017.




Le héros des mythes commence son aventure en quittant son village, souvent poussé par un vieux mage. Il devra affronter des épreuves, apprendre la vie et revenir chez lui pour faire partager son nouveau savoir et changer les choses. Là, d’un coup, je viens de vous parler de Luke Skywalker, de Neo, de Frodon Saquet ( et de Bilbon tiens aussi ) ou encore de Jake Sully dans Avatar (mais je ne vais attaquer que Star Wars, qui est déjà un sujet vaste et que vulgariser ici m’ennuie un peu car c'est bien réducteur.Mais c'est un article, pas un essai ).

Luke va suivre le vieux sage Obi-Wan Kenobi ( une figure à la Merlin ou encore à la Gandalf le Gris ).
Obi-Wan "Ben" Kenobi est l’un des derniers chevaliers Jedi, versé dans l’art du contrôle de la Force. Luke est le fils d’un Jedi assassiné par un chevalier noir (vous sentez l’influence arthurienne ? ).
Tel un Siegfried de l’espace, Luke recevra l’épée de son père ( le sabre-laser pouvant être comparé à une épée magique, il est facile de relier tout ceci à Excalibur également ) et devra secourir une princesse en détresse. Si Siegfried terrassait un dragon pour sauver la dame, Luke prendra d’assaut l’étoile noire. Et ça, ce n’est que pour le premier volet de son aventure !





Dès L’Empire contre-attaque et jusqu’au Retour du Jedi, les influences deviendront plus subtiles et parfois plus empreintes de philosophies que de mythologies. Yoda est une sorte de farfadet nordique qui a fait le tour de bien des questions (normal, en 900 ans ont a le temps de se pencher sur plein de chose ). Il est sans doute le personnage de la saga le plus marquant, ses remarques philosophiques étant simplement émises et font souvent mouche :
«  Regarde moi, est-ce par ma taille que tu peux me juger ? Et bien tu ne le dois pas.», les apparences sont trompeuses et il faut voir avec ses yeux comme avec ses facultés mentales et spirituelles.



«  Un grand guerrier ? Mmmm, personne par la guerre ne devient grand ! » , cela se passe de commentaire, je tomberais dans le pathos.

« Toujours en mouvement est l’avenir ! » ; contrairement à Vador qui serine à Luke « Tel est ton destin ! », Yoda offre une vision opposée : nul destin n’est scellé , il n’y a de destin que ce que nous faisons de nous-mêmes ( James Cameron ). Vador le redécouvrira d’ailleurs et le payera de sa vie.

Obi-Wan était décrit comme un guerrier vieillissant au service d’un idéal juste, il était d’ailleurs général lors de la guerre des clones. Yoda apporte plus de perspectives au rôle d’un chevalier Jedi. Les techniques de guerre doivent être apprises pour le seul fait de les connaître et pour se défendre face à ceux qui les emploieraient pour l’agression. Yoda, dans les films centrés sur Luke, n'apparaîtra d'ailleurs jamais l'arme à la main : " Tes armes, tu n'en auras pas besoin..." dit-il à Luke avant une épreuve. Luke ne l'écoute pas et échouera.L'expérience de la vieillesse est bien souvent ignorée par la jeunesse qui doit faire ses propres expériences et poser ses propres choix..

Le manichéisme tend à s’estomper. Y compris en la personne de Dark Vador qui se révélera être le père de Luke. Le personnage le plus noir de l’histoire du cinéma de l’époque va devenir le sauveur de la Galaxie : c’est bel et bien lui qui tuera l’Empereur, le maître du côté obscur ! Soudain, il devient un être habité par le conflit entre les forces de la lumière et des ténèbres et il placera l’avenir de son fils au dessus de ses désirs tyranniques.Ses méthodes resteront le meurtre...appliqué à la défense légitime de son enfant, le dernier lien avec son humanité qu'il croyait perdue.



L’Empire, puise son imagerie dans un mythe plus récent. Un épisode de l’histoire moderne que l’humanité a tellement assimilé au mal absolu qu’il en a été en partie mythifié : les nazis. Les uniformes des officiers impériaux ressemblent énormément à ceux des officiers de la S.S. Tout comme l’Allemagne, l’Empire s’est armé en dépit des traités, etc… On notera même une sorte de xénophobie,ils sont tous blancs et il n’y a aucuns non-humains dans les rangs impériaux ! Et les rares aliens appelés en renforts sont extrêmement mal vus . L’alliance rebelle, elle, regorge d’extra-terrestres dans ses rangs ! L’image a bien fait passer les différents discours des deux camps en faction !

Lorsque Luke regagne enfin les siens, il est le dernier des Jedi. Ou plutôt, n’est-il pas le premier des nouveaux ? Son apprentissage va changer le statu-quo de la Galaxie ( de son monde ) mais aussi de son Ordre et devrait profiter à tous : à la Nouvelle République à naître qui pourra s'appuyer sur des nouveaux Jedi mais surtout aux futurs nouveaux Jedi à qui Luke apportera une vision moins dogmatique : l'attachement personnel qui le lie à son père ne le mènera pas sur le chemin du côté obscur, c'est même tout l'inverse qui se produit.
Les nouveaux Jedi seront moins limités que les anciens. Cela ouvrira diverses voies dans l' univers étendu de Star Wars (les comics, les romans, les Jeux Vidéos ) : la possibilité de se marier et d'avoir des enfants pour les Jedi, l'émergence des Chevaliers Impériaux (chevaliers entraînés à obéir, ce qui les rend moins tentés par le côté obscur, et dévoués à un homme et non à un côté ou l'autre de la Force) un siècle et demi plus tard, etc... Le rachat de la licence par Disney et la mise en chantier de nouveaux films vient créer une ligne du temps parallèle à toutes ces histoires annexes.


Mara Jade, la "main de l'Empereur" a été le prototype des chevaliers impériaux si l'on y fait attention.

Luke Skywalker et Mara Jade-Skywalker, sa femme. L'amour commence toujours par une dispute.

Groupe de chevaliers impériaux, 150 ans après la mort de Luke Skywalker.



Luke et la famille Skywalker ne sont plus au centre de l'histoire. Star Wars explore une nouvelle direction.

Le héros, pour celui qui n’est pas apathique, est une figure forte et inspiratrice. C’est une métaphore de ce à quoi nous pourrions prétendre si nous poussions certains traits de caractère à leur apogée et si nous en délaissions (ou du moins si nous voulions bien en amoindrir) quelques uns moins glorieux. Et s’ils arrivent à faire passer ne fut-ce qu’une once aussi petite soit-elle d’eux-mêmes dans l’esprit des lecteurs, alors leur existence fictionnelle aura servi à autre chose qu’à amuser le public…elle aura participé à sa construction. Pour le meilleur espérons le, il y aura toujours des gens pour penser qu’Hannibal Lecter fait un boulot formidable…


Ils sont capables de grandeur, Kal-El, ils en ont la volonté. Il ne leur manque que la lumière pour les guider. Plus que toute autre raison, c'est pour leur capacité au bien que je t'ai envoyé parmi eux. Mon fils unique.

Tu donneras aux peuples de la Terre un idéal à atteindre.Ils se rueront sur tes pas, ils trébucheront, ils tomberont. Mais le moment venu, ils te rejoindront dans le Soleil. Le moment venu, tu les aideras à accomplir des miracles.