samedi 22 mars 2014

Que sont nos futurs devenus ?

Il était une fois, sur une petite planète bleue qui nous est familière, la vision d’un avenir rayonnant pour l’humanité. 

Il a été une époque, où la science-fiction, genre prophétique s’il en est, et les avancées humaines dans la multitude de branches qui forment l’arbre de la science œuvraient  de concert pour enflammer l’imagination des gens, donner espoir et lever la tête.

Paradoxalement, c’est durant l’état de Guerre Froide que nous avons le plus rêvé.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, il était presque écrit que le pire était derrière nous. Les deux blocs, bien que séparés par un rideau de fer, ont chacun œuvré vers ce qu’ils pensaient être le meilleur des mondes. Et durant un moment, un court moment au regard de l’histoire de l’homme, l’humanité a crû qu’elle toucherait les étoiles….

Ça n’a pas duré longtemps, 20 ans mieux. Des années 50 au tout début des années 70 (avec déjà un sacré déclin de l’optimisme avec la guerre du Vietnam). 

C’était les années Star Trek où une société avancée au XXIIIeme siècle avait rejeté la guerre pour s’unir dans un but commun : l’exploration spatiale, dépasser nos limites pour appendre enfin où elles se trouvent. Cette série a vu le premier baiser blanc/noire, un personnage russe positif et n’appartenant pas à une faction homicide du KGB, l’ouverture vers les autres…




 Pendant ce temps, la course à l’espace battait son plein : chaque partie faisait de son mieux pour aller plus loin que l’autre. Chaque fois qu’un « coup » était porté, l’équipe en face tentait de montrer que le concours de bite n’était pas terminé. Alors certes, de la part des états, il y avait une volonté affichée de « descendre » le modèle sociétaire de l’autre. Mais dans l’imagination des gens, quelle différence que Spoutnik fut russe ou Armstrong américain ? C’est l’Homme qui a envoyé un satellite en orbite, c’est l’Homme qui est allée sur la Lune. C’est l’Homme qui irait coloniser les étoiles…





Les années 60 pouvaient être la rampe de lancement du changement. Mais la génération qui aurait pu tout changer a préféré s’avachir devant le télé-achat !*
Petit à petit,l’espoir, l’optimisme sont morts. JFK a été abattu. Pas un saint ni un homme parfait…mais le type qui avait donné une impulsion au programme spatial, l’homme qui avait évité une guerre avec l’URSS lors de la crise Cubaine.

Son cadavre encore chaud, le bourbier vietnamien débutait. La mort et la désolation ont repris leur droit. On ne fait pas rêver les gens avec du napalm, des morts dans les arbres et des hélicoptères volant sur du Wagner. Premier rappel à l’ordre bien compris.

Le second rappel à l’ordre ? C’est Woodward et Bernstein qui l’ont exposé : le Watergate. L’essence des fictions (et de facto de l’imaginaire collectif) a dès lors été infectée par la paranoïa, la défiance envers les gouvernements. Les plus grands auteurs de SF de l’époque n’ont plus dépeint un avenir lumineux mais un futur sombre et froid.


Du terrain de jeu et de découvertes de Star Trek, nous sommes passés à une route commerciale lambda où les compagnies envoient leurs ouvriers dans des poubelles volantes (Alien). Les récits où les héros instaurent un nouvel espoir dans le registre de la SF sont d’ailleurs dès lors à ranger dans la science-fantasy : un temps mythologique lointain ( Star Wars : mais si, c’est écrit au début de chaque film). 






Les états devenaient pantins de sociétés anonymes et tentaculaires, les riches devenaient plus riches, les pauvres plus pauvres, l’air pollué au delà des cauchemars…( la SF a tiré la sonnette d’alarme, personne n’a pris ça au sérieux. Et bien on y est maintenant ! Nous vivons dans un Blade Runner live ! ).





Et soudain, à la fin des années 80, le mur de Berlin est tombé.
Paradoxalement, c’est cet événement majeur et positif qui sonna le glas des aspirations extra-planétaires de l’homme.
J’avance ici l’hypothèse sérieuse que l’effondrement du mur a été le dernier coup de marteau sur le clou du renoncement. Plus de nation ennemie à ridiculiser, plus rien qui ne justifie un budget dément pour la bande de « geeks » de la NASA.
L’homme avait peut-être tenté l’aventure pour de mauvaises raisons.

Les derniers vestiges de l’âge des héros modernes ont vu leurs subsides diminuer. Les avancées sont jugées sur ce qu’elles peuvent rapporter (il est préférable pour les groupes pharmaceutiques que le SIDA reste une maladie sans vaccins : on se fait vacciner une fois, on prend sa trithérapie toute sa vie,…Vous avez dit « Malades, vaches à lait » ? ). 
On vous a promis des voitures volantes, des lacets qui se font tout automatiquement, vous avez eu le dentifrice deux-en-un ainsi que la NSA sur le pas de votre porte.
Et les étoiles ne sont que des petits points blancs sur une toile noire…


" Nous nous sommes toujours définis par notre capacité à surmonter l'impossible.
Et nous énumérons ces moments.
Ces moments où nous osons viser plus haut.Briser des barrières.Toucher les étoiles.Faire de l'inconnu du connu.
Nous énumérons ces moments, fiers de nos prouesses.
Mais nous avons perdu tout ça.
Ou peut-être avons nous juste simplement oublié que nous sommes encore des pionniers.
Et que nous n'en sommes qu'au début.
Notre apogée ne peut pas être derrière nous ! Car notre destin est au-dessus de nous." **


*Emprunt à Stephen King.
**Emprunt à Christopher Nolan (Interstellar, sortie en novembre 2014)

4 commentaires:

Unknown a dit…

Hé oui, l'avenir n'est plus ce qu'il était.
Claude Fernandez

Geoffrey a dit…

C'est le syndrome de l'âge d'or appliqué à une ère qui n'est même pas encore arrivée. Métaphysique quand tu nous tiens. ^^

Alex Nikolavitch a dit…

Je pense que tu adoreras le bouquin de Nicolas Nova qui doit sortir en septembre aux Moutons électrique.

"Futur ! La panne des imaginaires technologiques"

(oui, je spamme comme un goret, mais c'est pour la bonne cause)

Geoffrey a dit…

Yep, j'en ai entendu parler, il fera bien avec ton futur ouvrage aussi. (et je laisse le spam, si ça peut inciter certains à avoir de saines lectures ^^ )