dimanche 5 octobre 2014

Original : des origines sans origine ou originalité

Deadpool, le mercenaire avec une grande gueule et un pouvoir régénérateur à la Wolverine, est devenu en quelques années une sorte d'idole des comics chez nous : les publications en VF se multiplient autour de ce croisement improbable entre Spider-Man (pour l'humour et le costume "fallait oser"), une gaufre trop cuite (pour la tronche grillée) et une tortue ninja fan de Rambo (pour les armes en pagaille dont le poids total ferait chanceler un Hulk sous amphétamines).


C'est donc tout naturellement que Panini Comics décide d'enfin rééditer les deux premières mini-séries que Marvel avait consacrées à ce malade mental dans un seul et même volume sobrement intitulé : Les Origines (notons qu'il s'agit du troisième "Best of Marvel" à contenir ce mot dans le titre).

Premier truc qui fait tiquer : le titre est mensonger. En effet, Deadpool, comme le léger texte d'introduction nous le dit, n'apparaît pas pour la première fois dans ces pages mais dans celles de la série New Mutants qui deviendra plus tard X-Force. Ensuite, les origines de cet anti-héros sont obscures et seuls quelques éléments seront distillés au fil des pages afin de créer un mystère semblable à celui entourant Logan/James Hewlet/Wolverine.

La première partie date de 1993 et est scénarisée par Fabian Nicieza et dessinée par Joe Madureira.
Le mercenaire Tolliver est mort et tous les pourris de la planète souhaitent mettre la main sur son héritage mais pour cela, il faut retrouver les différentes parties de son testament. La chasse est ouverte et Deadpool en est. Un Deadpool encore un peu prototype puisqu'il n'est pas encore le barjot total et absolu que nous connaissons aujourd'hui. Il est juste encore plus bavard qu'un homme politique à qui on ne coupe pas le micro.

Alors, cette mini-série prend place dans la continuité de X-Force et n'est pas vraiment auto-contenue : dès lors, si vous n'avez pas un BAC+15 en histoire mutantes ou un rédactionnel de la part de Panini, vous aurez du mal à vous y retrouver. Mais Panini a pensé à vous. Non, je déconne, démerdez-vous pauvres pigeons fans de Deadpool, nouvelle vaches à lait que vous êtes !
Plongé dans un univers qu'il est censé connaître mais qu'il ne connait pas, le lecteur qui découvre cette histoire va louper pas mal de chocs lors des révélations. Cela dessert l'empathie que l'on pourrait avoir pour certains personnages.
L'écriture n'aide pas, l'histoire étant fouillis et parfois incompréhensible d'incohérences. C'est qu'il s'agit ici de singer les héros Image Comics, maison fondée l'année précédente par les stars montantes du dessin de Marvel et dont les ventes colossales ont surtout reposé sur les prouesses des dessinateurs et pas sur leurs pauvres scénarios (Spawn faisant un peu figure d'exception).




Serait-ce du côté graphique que le salut viendra ? Eh bien pas entièrement. Joe Madureira n'est pas encore le Madureira d'aujourd'hui, celui qui explose la rétine (mais qui ne sait pas tenir une cadence d'un numéro par mois). Alors c'est bien mais pas top, on sent le potentiel mais il est encore inexpérimenté et cela se voit parfois.


La seconde mini-série date de 1994 et cette fois, c'est Mark Waid, scénariste venu de chez DC, qui s'y colle. Avec encore un débutant aux crayons, Ian Churchill.

Waid a fait ses devoirs et se place dans la continuité de la première mini-série mais décide de ne pas en faire une spin-off de X-Force. Croisé lors de la première partie, Black Tom Cassidy est mourant et place un contrat sur Deadpool : il est convaincu que le facteur de guérison du mercenaire peut le sauver. Dans le même temps, son cousin Sean Cassidy, alias le X-Men Banshee/Le Hurleur, ancien membre d'Interpol, cherche à mettre la main sur le mouton noir de la famille. Il est aidé par Théresa, sa fille, alias Cyren. Leur route va donc croiser celle de Deadpool (qui a un passé avec Cassidy et un de ses partenaires d'Interpol) qui va flasher sur Cyren.
Le rythme est prenant, il se passe des choses, les personnages doutent (les affaires de famille, c'est souvent un bon terreau à exploiter) et Deadpool commence à vraiment placer des blagues dans sa logorrhée interminable.
Ian Churchill offre de belles planches mais a du mal à tenir les délais, raison pour laquelle certaines sont dessinées par d'autres. Le mix n'est pas indigeste car il semble y avoir eu un effort pour harmoniser les traits entre dessinateurs… et la colorisation aide également à cette homogénéité !

Un album en demi-teinte donc mais que les fans de Deadpool ne peuvent pas laisser passer, ne serait-ce que pour découvrir le héros avant que son concept actuel n'existe vraiment.
Dans une intégrale X-force, ça aurait sans doute eu plus de poids et de consistance... mais là, c'est comme si on vous servait l’assaisonnement sans le plat principal.

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