19eme album pour Largo Winch (donc début du 10eme diptyque narratif de la série) , toujours sous la
plume de Jean Van Hamme et le crayon de Philipe Francq.
La série fête cette année ses 24 ans d'existence… et nous rappelle que le temps de " 1 album par an" est révolu depuis quelques temps.
Au fil des années, l'intérêt pour Largo Winch a diminué. Oh , non pas que la série soit devenue mauvaise mais le terrain balisé ( c’est James Bond dans la finance, dixit le scénariste et cela va avec un certain statu quo dans l'ambiance: peu d'aventures ont un effet boule de neige et la continuité est surtout marquée par la galerie de personnages qui s'étoffe et non par les rebondissements) et quelques facilités & grosses ficelles parasitent le souffle d'aventure et de suspense depuis quelques albums déjà.
Reste que Van Hamme a encore des idées d'histoires intéressantes et un sacré don pour vulgariser tout le décorum de la série, que cela aille de la géopolitique, de la technique scientifique et de la finance. La gestion du "Groupe W" telle qu'il la présente est d'ailleurs un modèle économique viable.Et plus moral que beaucoup.
Parler de l'intrigue de cet album nuirait au plaisir de lecture. Van Hamme convie des personnages récurrents et d'autres croisés dans quelques albums pour monter une intrigue complexe mêlant espionnage industriel, espionnage tout court, terrorisme et conscience financière.
Quelques facilités narratives sautent aux yeux mais permettent d'insuffler un rythme certain à l'intrigue. Effet pervers (encore que, le mot est fort), Largo devient un second rôle presque effacé tant l'histoire, chorale, prend de la place. Mais est-ce vraiment une mauvaise chose ?
Au fil des années, la série a gagné une galerie de protagonistes attachants (et certains que l'on aime détester) qui participent aux intrigues parfois complexes, parfois simples mais pas simplistes. C'est cette mosaïque de personnages qui donne son identité à la série et au final, le personnage titre est désormais traité à égalité avec les autres membres du casting. On suit un univers plus qu'un héros.
Le scénario est truffé de rebondissements et d'assez de rythme pour ne pas toujours les voir venir.
Malheureusement, c'est aussi comme ça que démarrait le diptyque précédent avant de se terminer par un album plus faible. Destin que je ne souhaite pas à cette intrigue-ci car elle pourrait déboucher sur un changement assez significatif pour la suite de la série si Van Hamme ne la joue pas "pilote automatique" ( les lecteurs de la première heure verront sans doute à quels épisodes précédents je fais référence après lecture de Chassé-croisé)
Au niveau des dessins, Philipe Francq assure toujours comme une bête. Le trait est détaillé, navigant entre réalisme (les vêtements, les décors documentés) et fantasme (tout le monde est beau et les femmes encore plus que les hommes). Dupuis flatte d'ailleurs la rétine puisque cet album est le premier à être édité dans un format plus grand que celui dans lequel la série a débuté. Nouvelle maquette, nouveau logo, tout y passe.
Pour l'occasion, l'éditeur de Marcinelle réédite toute la série dans ce nouveau format tout en proposant une valeur ajoutée : la colorisation des premiers albums a été repensée.
En effet, une série avec une telle longévité a traversé les avancées techniques en matière d'encrage, de colorisation et même de dessin ( certains, comme Denis Bajram par exemple, ne dessine même plus sur un support papier ).
Les puristes et les collectionneurs s'étrangleront peut-être que cet album jure avec le reste de leur collection et se sentiront soit obligés de racheter les aventures de Largo, soit feront de la résistance. La décision de Dupuis sera critiquée de toute façon. Tempête dans un verre d'eau.
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