lundi 2 octobre 2017

Espérer le soleil.

Quand on pense science-fiction, fantastique, fantasy, ce sont bien souvent des auteurs anglo-saxons
qui nous viennent en tête. La production anglophone de récits de ces genres est si énorme que peu seraient sans doute capables de citer des romanciers francophones. Pourtant, il serait mensonger de comparer la France et la Belgique à leur production cinéma. Au niveau de l’écriture, nos pays abritent des talents capables de rivaliser avec nos cousins d’outre-Manche et d’outre-Atlantique. Citons Émilie Ansciaux, Alex Nikolavitch , Pierre Pevel, Xavier Mauméjean, Thomas Day et Nelly Chadour donc, qui nous occupera le temps de cette critique.

1951. Staline a dévasté l’Europe par le feu nucléaire. L’hiver infernal et radioactif qui s’est installé sur le monde a caché le soleil.
Alors la neige est grise, l’humeur vire au noir à Londres où de l’horreur ayant mis fin à la guerre ont surgit des hordes de créatures démoniaques. Les Rôdeurs ont infesté les souterrains. Des vampires bas de gamme en comparaison de Vassilissa, une vampire russe plusieurs fois centenaire inféodée à l’armée anglaise. (Ça vous fait penser à Alucard dans le manga Hellsing ? Il y a de ça mais la russe est un tout autre animal !)
Alors que des enfants disparaissent, la police lance Vassilissa sur les traces du coupable avant que les tensions communautaires ne ravagent la ville. C’est dans cette ambiance cendreuse qu’Arthur, reporter-photographe américain fera la connaissance de Gwen, pauvre petite fille riche et de Satinder, jeune sikhe dont les petits frères ont disparu. C’est également dans cette bonne vieille capitale de la perfide Albion qu’il retrouvera James Hawkins, chef de la pègre et vieille connaissance.

Le mélange des genres, c’est super. Une fois mixés et incorporés les uns aux autres, il est parfois difficile de placer une histoire dans une case précise. Oh certes, on peut sentir bien souvent un courant dominant mais lui seul ne peut définir l’œuvre. Uchronie, fantastique, urban fantasy, horreur même , se côtoient en un joyeux tour de montagnes…russes, bien évidemment. Pourtant, le train sur le départ semble un peu lent. Chadour va tout d’abord poser ses personnages principaux et malheureusement, l’amateur de vampire déchante un peu quand il comprend (bien trop vite) que l’accent ne sera pas forcément mis sur Vassilissa. Passés cette petite frustration  et la mise en place de l’échiquier, ça y est , la chenille peut démarrer.

Dotée d’un style sans fioriture mais néanmoins travaillé pour ne pas être épuré, Nelly Chadour nous entraine dans un monde ravagé parfois autant que les vies de ses personnages. Généreuse, elle ne prive pas son lecteur de surprise et il serait mensonger de parler ici de roman de vampire car le suceur de sang est un élément fantastique parmi quelques autres dont je vous laisse la surprise.  Si certains aspects fleurent la série B décomplexée mais pêchue, c’est surtout dans les moments d’angoisses et d’explorations psychologiques que l’auteure est la plus forte. Aucun personnage ne sonne creux, car aucun ne l’est. Leurs passés ont marqué leurs psychés, leurs chairs et leurs parcours. Très vite ils existent pleinement pour le lecteur.

L’auteure s’amuse (et nous avec ) en jouant avec les codes et les connaissances populaires sur certains sujets pour les tordre ou en faire quelque chose de neufs. Tous ces éléments profitent à une intrigue qui, une fois sur orbite, ne s’arrête plus avant un grand final tant épique sanglant que cathartique. Une agréable découverte qui ne renouvelle aucun des genres auxquelles elle appartient mais qui se tient, nous tient et fait rimer efficacité narrative avec réel talent d’écrivain ( non, les deux ne vont pas forcément de paire : regarder Da Vinci Code, difficile de lâcher le livre et pourtant au final, c’est pas jojo ) : ça se pose quand il faut, ça hémoglobine , ça brûle , ça surprend et au final, c’est qu’on referait bien un tour dans ce wagon d’Halloween-Land lancé un soir de vendredi 13.

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