jeudi 10 janvier 2013

Le Hobbit : Encore du Campbell et révolution technique.


Tel le lapin blanc, je suis en retard en retard ! Et non pas parce que je glissais au pays des merveilles, je n’ai pas eu de chance de ce côté-là depuis un moment. Donc, mes biens chers frères et sœurs , nous voici réunis pour parler de «  Le Hobbit : un voyage inattendu », premier volet d’une trilogie basée sur le roman «  Bilbo le hobbit » de J.R.R Tolkien ainsi que sur d’autres de ses écrits prenant place dans la même ligne chronologique.

Il est important, avant de vraiment se lancer,de bien faire comprendre que cette critique sera divisée en deux. Une partie pour le film en lui-même et une autre pour parler plus en détails du procédé « révolutionnaire » utilisé pour tourner le film.







Le Hobbit : un voyage inattendu en terre connue.

Si vous vous souvenez bien du « Seigneur des Anneaux », vous vous rappellerez sans problème que Bilbon Saquet (ou Bilbo Baggins pour les puristes) écrivait un livre. Et bien ce livre, on peut dire que Peter Jackson en a fait un film. 60 ans avant que Frodon et Sam ne vivent une passion homosexuelle platonique en allant jeter une bague en or dans un volcan en éruption, Bilbon était embrigadé dans une aventure par Gandalf le Gris. Une compagnie de Nains menée par Thorin Oakenshield est bien décidée à rependre le royaume d’Erebor au dragon Smaug qui s’y installa pour piller les richesses du coin (oui,Tolkien avait prédit Israël/Palestine). Hors, si le dragon connait bien l’odeur des nains, il ignore tout des hobbits, plus petits encore que les nains et capables donc de passer sous le nez du dragon. Bilbon cède à l’appel de l’aventure et quitte sa maison pour aider les nains à récupérer la leur !

J’ai employé à dessein l’expression « l’appel de l’aventure ». En effet, c’est ainsi que Joseph Campbell nomme un passage important que l’on retrouve dans tous les mythes du monde. Il a d’ailleurs écrit un livre sur le sujet, introduisant sa théorie du mono-mythe. Le schéma est connu et reconnu, seul finalement , l’emballage change. La quête de Bilbon étant moins épique que celle de Frodon, on distingue plus les ficelles de la chose. Pas embêtant car les lieux visités sont assez différents mais la fraîcheur a disparu. Même la musique d’Howard Shore a vu son ampleur baissé. Pourtant, Jackson ne ménage pas ses efforts pour tenter de porter les péripéties de nos héros au niveau de celles de Frodon,Aragorn,and co. Ce sont ces efforts justement qui font que le film passe à une grande vitesse malgré sa durée de près de trois heures. Car les efforts de Jackson compensent ce qui peut passer pour des erreurs ou au mieux des maladresses.




D’abord l’aspect des nains. Soit ils sont trop petits soit Bilbo est trop grand mais à part la carrure, hobbit et nains ont presque la même taille ici. De plus, les nains sont ultra-propres et doté de jolies barbes bien taillées. Alors que bon, on en a vu dans l’autre trilogie : un nain, c’est méchant comme une teigne, ça a jamais vu un peigne, ça a des carottes dans la barbe, ça a marié la Denise,une naine de la mine,enfin d’une autre mine…( Brel, je te demande pardon).



Ensuite, le recours au tout numérique. Là où « Le Seigneur des anneaux » employait au maximum des astuces de prothèses et de maquillages et multipliaient numériquement des acteurs et des figurants réels, « Le Hobbit » mise presque uniquement sur les images générées par ordinateurs pour faire apparaître les créatures hideuses qui en veulent à nos compagnons. Et ces images , bien que travaillées dans les détails, n’en paraissent pas moins un peu trop artificielles.

Il s’agit là d’un lissage en règle des aspects les plus glauques et repoussant de ce que l’on pouvait trouver dans l’autre trilogie.
Au final, ce n’est pas très grave. Le rythme est soutenu, la grammaire cinématographique de Jackson n’a pas changé ( cohérence avec les trois autres films) et seuls quelques menus détails explicités plus haut ne collent pas avec ce que l’on avait déjà vu. Mieux, le chemin pris par Bilbon étant différent de celui de Frodon, nous explorons d’autres endroits de la Terre du Milieu. Et on se prend à rêver d’une version longue (certains plans de la bande-annonce ne se retrouvent pas dans le film et Jackson est coutumier du fait) car n’en déplaise aux mauvaises langues : non, le film n’est pas lent à démarrer et sa longueur n’est donc pas excessive. Un an pour avoir la suite, ça passera vite vu les grosses machines qui nous arrivent cette année, ouf !

Un tournage révolutionnaire.

Vous le savez peut-être, un film se projette au rythme de 24 images par seconde. Je ne vais pas vous faire un cours d’histoire sur pourquoi il a été décidé de fixer cela à 24 images/seconde, cela prendrait trop de place (mais si ça vous intéresse, je répondrai volontiers dans les commentaires). Hors, ce film a été tourné en 48 images par seconde…pour chaque œil car il s’agissait en plus d’un tournage en 3D, donc avec une caméra binoculaire. Ce qui revient à dire que si vous l’avez vu en 2D ( les copies 2D ne sont distribuées qu’en 24 images/secondes ), vous avez payé un ticket entier pour apprécier un quart des images tournées. Un peu l’arnaque.

Alors, que nous apporte donc cette « révolution » ? Deux choses.
1° La fluidité des mouvements est époustouflantes. Tellement que votre œil mettra du temps à s’y faire tellement il est habitué à l’ancien format.
2° La 3D est enfin sortie de ses défauts : fini le voile sombre sur l’image et finit les maux de tête dû à une image qui parfois semble trembler.  




Alors, est-ce que ce genre de tournage est le futur du cinéma ? Je serais tenté de dire : NON.
D’abord, parce que le rendu 24 images par seconde n’a pas besoin d’une mise à jour. Tout comme la pellicule, il fonctionne très bien. Ensuite, parce que le rendu en HFR (le 48 images donc ) est utile pour effacer les défauts de la 3D (du moins de la 3D tournée ainsi, il faudra attendre pour savoir si elle efface aussi les soucis sur la 3D convertie). Hors, la 3D et le HFR reste des gadgets couteux qui ne font pas plus rentré le spectateur dans le film que la 2D. C’est le talent de conteur du cinéaste qui permet de faire en sorte que le spectateur s’immerge et se prenne d’affection ou de haine pour les personnages. Il en est ainsi depuis le début du cinéma et l’on pourrait même remonter jusque la littérature en passant par la BD ! Ici, tout ce que l'on nous donne, c'est une profondeur de champ épatante. Bref, du théâtre avec des angles de vue variés.

L’avenir nous dira si une idée révolutionnaire techniquement sera vraiment une révolution pour le cinéma. Car une révolution n’est pas l’affaire d’un réalisateur mais d’une multitude qui lui emboîte le pas. Ou non…

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