Point de monde parallèle ressemblant à une époque reculée puisée dans l'histoire de l'humanité. Non, son approche est différente.
Penchons-nous donc sur le premier livre du cycle de "La Forêt des Mythagos"…intitulé " La Forêt des Mythagos", tout simplement.
Steven et Christian sont les fils de Georges Huxley, un chercheur obsédé par les bois de Rhyope jonchant sa petite demeure, Oak Lodge. Délaissant femme et enfants pour s'aventurer dans les bois ou pour écrire dans son bureau, il s'éloigne d'eux au point que sa femme se laisse mourir d'une étrange maladie et que ses fils partent sur le front de la seconde guerre mondiale presque soulagés de quitter leur géniteur.
Steven, le plus jeune, est blessé et récupère en France. Son frère aîné est au pays et ils échangent épistolairement.
Chris annonce à Steve sa rencontre avec une jeune femme et son intention de l'épouser. Steven décide de rentrer mais à son arrivée, il découvre un Christian obsédé par la forêt, comme leur père avant lui, et nulle trace de sa belle-sœur.
Peu à peu, Steven découvre le secret des bois : cette antique forêt primordiale renferme le pouvoir de donner naissance aux mythes contenu dans la conscience populaire humaine. La femme de Christian était une mythago, un de ces êtres conçu autant par la forêt que par les humains qui s'y aventurent.
Les frères Huxley vont s'aventurer dans la forêt sur les traces de leur père pour des raisons et sur des chemins différents.
Récit à la première personne, le roman nous place dans les chaussures de Steven. Le mystère nous tombe dessus en même temps que sur lui et les réponses arrivent au compte-goutte. En poussant Steven petit à petit sur le chemin de l'aventure, Holdstock nous plonge dans la vie quotidienne de Steven , son retour au pays, sa vie ordinaire avant que le fantastique ne progresse dans sa vie par petites touches. Le tout va crescendo mais sans précipitations avant que notre héros ne se lance dans une quête à travers les bois qui n'aura rien d'une promenade de santé.
Une promenade qui leur fera affronter divers dangers mythologiques de différentes époques, spécialement des mythes ayant pu s'établir depuis le Grande-Bretagne (l'histoire de l'île est ici rappelée plusieurs fois, et quelle histoire) ou prendre naissance sur place. Et les mythes n'ont pas toujours forme humaine...
Avec un style so british et poétique par endroit ,l'auteur capte des ambiances, retranscrit des horreurs mais surtout, nous happe grâce à un sens du mystère et aux psychologies fouillées des divers personnages (et ce même alors que le récit nous est raconté par Steven : les gestes, les mots des autres protagonistes nous donne des indications précises sur ce qu'ils sont).
Refusant le happy-end facile et malmenant ses personnages, Robert Holdstock s'éloigne des attentes "classiques" des lecteurs d'aujourd'hui dans ce genre d'œuvre et se rapprocherait plus, à mon sens, du genre de fin que l'on retrouve dans les mangas et les anime japonais de Myiazaki ou Hosada.
Le cycle compte 5 livres qui ont l'air différents des uns des autres tant dans l'approche que dans les thèmes principaux. Le potentiel étant assez énorme, c'est salutaire que l'auteur ne semble pas vouloir réécrire toujours la même histoire ( à la différence de David Gemmel qui avait une certaine recette, très efficace et suffisamment altérée à chaque fois mais qui empêchait le lecteur exigeant de lire plusieurs livres de cet auteur les uns à la suites des autres sans finir par en avoir marre : et je dis ça en précisant que j'aime beaucoup ses ouvrages et qu'il a par ailleurs souvent changé cet état de fait lors de certains cycles, comme quoi ).
Un grand roman d'aventure à l'ancienne, très linéaire mais terriblement addictif, qui ne demande qu'à être redécouvert presque 40 ans après sa sortie initiale histoire de goûter à une fantasy atypique et différente de l'éternel moyen-âge dans lequel sont plongés nombres de romans ou films actuels sur le sujet ( et je ne crache pas sur un Seigneur des Anneaux ou Game of Thrones, loin de là ).
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