Chris Claremont est l’homme qui redynamisa les X-men dans les années 70,propulsant une série qui ne marchait pas vers la stratosphère des nombres de ventes. Il alimenta la série d’une mythologie qui est encore bien ancrée aujourd’hui et d’un côté soap opéra complètement parti en trip « les feux de l’amour gloire et beauté » depuis qu’il est parti. Hors le voila qui revient aux manettes d’une maxi-série de 18 numéros (en réalité 3 mini-séries de 6 épisodes mais c’est un détail technique) censée raconter la dernière aventure des X-men. Certes il connait son sujet et il ne se réfère pas qu’aux épisodes qu’il scénarisa il y a des années,il a lu les travaux de ses petits camarades de jeu. Ainsi tout commence par le retour de Jean Grey,que Grant Morrison avait tuée à la fin de son cycle sur la série New X-Men. Et là les emmerdes commencent pour le lecteur. On ne comprend pas comment elle a pu revenir. Et son retour va de pair avec de multiples attaques sut Terre contre les mutants (au passage on notera que pas un super-héros ne viendra faire coucou dans l’histoire pour des raisons évidentes de gestion de la part de Claremont mais qui envoie plutôt le message suivant : les héros n’ont en rien à faire des mutants,bravo !),le tout en pleine période électorale. Les mutants ne se laissent pas faire,enquêtent,passent dire bonjour à d’autres (pour nous montrer vers où voulait aller Claremont dans la série avant qu’il ne soit viré).
Le découpage est laborieux, bringuebalant le lecteur d’un coin à un autre sans aucun sens de l’ellipse ou de la logique. Des personnages apparaissent parfois sans qu’il ait été fait mention de leur présence,ils sont des Deus Ex Machina ambulants et ce procédé revient très souvent. Ce qui peut plonger dans la perplexité la première fois apparait clairement comme du je-m-en-foutisme dès que l’effet est utilisé une seconde fois. Les dialogues sont atrocement longs,neuneux, mal torchés et renouent avec l’ancienne habitude tombée de désuétude dans les comics de faire apparaître les bulles de pensées des personnages ( à mal gérer son histoire,Claremont est obligé de faire ses personnages nous expliquer ce qu’ils font). Les obsessions de l’auteur envers les filles qui jouent à touche pipi sont également de la partie : on nous rappelle que Tornade a eu une amie « proche »,on sous-entend une liaison entre Kitty et Rachel Summers, Malicia n’arrive à absorber les pouvoirs d’Emma (et ses fringues aussi, allez comprendre comment) qu’en lui roulant une pelle. Tout cela trouve son apothéose de débilité dans un final métaphysique illogique et incompréhensible et une morale naïve et guimauve au possible, faisant fi des tensions et du caractère humain des personnages (mutants ou non).
Les dessins de Sean Chen n’aident pas non plus. Il n’est pas vraiment mauvais mais il fait preuve d’un classicisme crispant pour illustrer les situations vécues par les mutants. Et surtout,il ne sait pas gérer l’action. Son sens du story telling est ici des plus nul (il me faisait meilleure impression lors de son passage sur Iron-Man scénarisé par Kurt Busiek) : il peut mettre une page entière pour décrire un sniper se mettant en position comme il peut expédier en une page une bataille dantesque dont les détails et le déroulement nous échappent encore plus que dans certaines séquences des films de Michael Bay.Cependant,ses dessins semblent plus vivants que ceux des couvertures signées Greg Land. Il m’a été très laborieux de finir ces 18 chapitres : près de deux semaines de lectures quand il ne m’a fallu que 2 jours pour en lire 40 sous la plume de Grant Morrison, qui lui pourtant reprenait les même ingrédients que ceux de Claremont en son temps : soap, tensions raciales, menace cosmique et Empires extra-terrestres. X-men : La fin est donc une purge totale qui ne marquera les esprits et l’histoire mutante que par sa médiocrité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire