lundi 2 septembre 2013

George Lemaître tourne et tourne encore, vite, une dynamo !

Et voila, nous y sommes. Le point de non-retour. Le moment où je signe mon suicide éditorial ! 
Comment ? En attaquant le « parfait », en critiquant l’incritiquable ! 
Mais décrété par qui, pour quoi ?

Aujourd’hui, perdu dans une foule à genoux et béate d’admiration, je me lève, je me tiens bien droit. 
Je me dépoussière un peu en frottant mes mains contre mes manches et ma paire de jeans. 
Je deviens un point noir dans un horizon qui semblait dégagé. 
La série The Big Bang Theory ne me fait plus rire ou sourire. 
La série The Big Bang Theory n’éveille en moi qu’envie de vomir, de hurler, de me révolter. 
Car la série The Big Bang Theory cultive et diffuse une mentalité pourrie, une branche putride de l’humour facile, celle de la moquerie. 
La championne du « rire avec les geeks » a révélé son vrai visage il y a déjà quelques temps, le visage de « rire des geeks ».

Je n’aime pas le terme « geek », je ne me revendique d’ailleurs pas de ce mot, insultant au demeurant.
Je ne le revendique pas, car je ne m’y reconnais pas. Tout comme je ne me reconnais en aucune des caricatures grossières véhiculées par ce show.

Pourtant, au début, tout allait bien. Une Lune de Miel ! Les blagues nécessitant un sacré bagages culturels me faisaient rire. Et quels bagages : comics, films, littérature, etc…si vous n’êtes pas sacrément calés, tout ça vous passe au dessus de la tête. Pourtant, le ver était dans le fruit depuis le tout début.

La série débute alors que Penny emménage devant l’appartement de Léonard et Sheldon, deux geeks de niveau mondial. Penny servira en fait au spectateur de point de repère « normal » ( je hais ce mot) dans un monde anormal. Si Léonard est le geeks le moins loufoque de la bande c’est à dessein : il faut que la ménagère palpite de voir une relation amoureuse s’esquisser dans la série et c’est impensable que cela arrive avec les monstres de foire.

Penny donc, la fille américaine normale ( et là franchement, avec le recul, j’aurai dû avoir peur tout de suite ) : maligne mais pas intelligente, superficielle, tout en maquillage et soutifs rembourrés, blonde évidemment ! Le ressort comique de la série est Sheldon Cooper, une personne tellement intelligente que les règles sociales et les interactions humaines lui sont inconnues car elles ne répondent à aucune logique ! Totalement déconnecté, son comportement est donc incongru et ses confrontations avec Penny, qui le remet toujours à sa place comme une bonne disciple de Brice de Nice , amusent. Amusaient.








L’aptitude de Penny à savoir casser les gens lui vient naturellement ( sous-entendu : l’américain normal se doit de remettre dans le rang les gens qui en sortent ? ) et elle se fait la main sur les deux autres amis de Léonard et Sheldon : Howard et Raj, le scientifique venu d’Inde. Si Léo et Sheldon ont un style vestimentaire un peu désuet pour leur âge ( ils sont fringués comme des ados…ils sont chercheurs universitaires et leurs collègues sont habillés de manières plus classiques ), Howard et Raj sortent tout droit des années 80 dans ce qu’il y a de plus effrayant dans ces mots ! ( à tel point que lorsque j’ai vu les premières images avant de regarder la série, je croyais sincèrement que celle-ci se déroulait dans les 80’s, une sorte de suite non-officielle à That’ 70’s Show ).

Howard et Raj ont du mal avec la gent féminine. Leur inaptitude à « conclure » est là encore un ressort comique de la série. Et joue peu ou prou sur le même registre d’inadaptation sociale, comme avec Sheldon. De là à dire que ces personnages sont redondants, il n’y a qu’un pas. Mais, petit à petit, tout ce petit monde va trouver chaussure à son pied.

Je théorise ici l’effet Penny : pour vivre en couple, tu dois renier ton moi profond ! Car je vous l’ai dit plus haut, le ver était dans le fruit dès le début. Ce ver, c’ était la belle Penny. Les personnages vont donc passer d’inadaptés à handicapés mentaux remis sur les rails par les gens « normaux » à la moindre sortie de route, que celle-ci soit énorme ou qu’elle consiste en un simple étalage culturel. C’est systématique ! C’est de la moquerie ! C’est de l’insulte ! Les ignorants font la morale , l’ordre social établi n’est pas sujet à des remises en cause et celui qui se permet une pensée originale est marginalisé, conspué, rabaissé ! 
C’est tout cela The Big Bang Theory !
C'est la négation de la différence de pensée, c'est la négation du droit d'être en harmonie avec soi-même, c'est la négation que la normalité n'existe pas ! 


4 commentaires:

Zaïtchick a dit…

"Relax.
It's only a movie"

Zaïtchick a dit…

Penny, la gourdasse qui vient à New-York dans l'espoir de percer comme comédienne ? La ratée qui bosse comme serveuse ? La nulasse qui couche avec des gros blairs et fréquente des lourdauds incultes avant de retomber dans les bras de Léonard ? L'Amérique profonde est fortement valorisée.

Geoffrey a dit…

C'est bien là l'un des problèmes, a valorisation de ce genre d'individus comme encrage pour le spectateur.

On retrouvera presque la relation bourreau-victime (dans un registre moins violent) entre les sportifs et les geeks de lycée. Sauf qu'ici les geeks en redemandent. Là où c'est vicieux, c'est que les geeks présentés sont à l'extrémité d'une ligne idéologique (perso, des cas comme eux j'en ai jamais croisés) quand l'américain profond est mis en valeur et n'est donc pas un extrême ( ne pas mettre le public face à ses défauts, seuls les simpson ,fut un temps, et south park osent ce genre de choses)

Nolt a dit…

J’aime beaucoup The Big Bang Theory, il m’arrive même d’en rire, mais il faut bien comprendre ce que c’est, et, surtout, ce que cela n’est pas.

C’est une série sur l’amalgame qu’est à la base le terme « geek ». Les « scénaristes » (vous me permettrez de mettre autant de guillemets devant l’insuffisance de certaines professions que devant les termes qui semblent nous désigner) tentent de faire cohabiter trois choses : l’univers prétendument « geek » (BD, jeux de rôles, jeux vidéo, cosplay…), l’univers prétendument scientifique (profession invraisemblable des personnages, allusions à de véritables théorèmes ou découvertes très pointus), et, enfin, la « morale » qui tient lieu de fil conducteur pour les sitcoms.

Autant un Seinfeld ne s’embarrasse jamais d’équilibre social et moralisant, autant presque toutes les autres séries US sont dans une optique : je fais rire mais je délivre un message. Message simple, glacé de crétinerie, mais buvable entre le fromage et le dessert.

The Big Bang Theory n’y échappe pas.
A un problème, il y a toujours une solution. Mieux, une « solution » juste et équitable, qui ravit les téléspectateurs.

Et effectivement, les « savants » sont présentés comme des idiots (incapables de draguer, de conduire une voiture, de parler en public…). Et l’idiote de service met un peu de bon sens dans un monde trop mathématique et pensé pour être bon.
Qui peut y croire ?
Penny, viens à mon secours !! Moi aussi je suis nul !!

Ouais, sauf que… non.
La pop culture et la science, surtout dans sa version « hard », ne se mélangent pas. En tout cas pas naturellement. C’est simplement l’héritage d’une vision merdique qui visait à se moquer des polards d’une époque révolue et à amalgamer (sans raison) un supposé savoir immense (le savoir est toujours « immense » quand on n’en connait rien) et des divertissements non adoubés par les « autorités », culturelles, politiques ou religieuses.

Comme tu le laisses largement sous-entendre, The Big Bang Theory n’est pas une série empreinte de Pop Culture et rendant hommage à ses piliers, c’est une série caricaturale, faites par des gens qui… surfent, ou veulent surfer, sur ce qui leur semble être une mode.
Ces « geeks-là » n’existent pas. Et n’existeront jamais.

Ceci dit… est-ce que c’est sympa quand même ?
Oui, enfin, ça l’aurait été il y a vingt ans.
Le Big Bang, aujourd’hui, surfe sur un mouvement de masse, non sur une vague espiègle.
Sheldon n’est pas un précurseur. Il enterre des gens qui n’ont jamais réellement existé. Pas sous cette forme en tout cas. Mais qui en ont tout de même chié. Et bien comme il faut probablement.

Lorsque l’on me demande ce qu’il y a de pire en télé-réalité, je réponds : l’amour est dans le pré.
Il y a des trucs plus violents en apparence, plus vulgaires, et ce programme est en plus bien « fait », on regarde et on s’attache aux gens. Mais le fond est odieux. Parce que c’est une mise en compétition des sentiments.
The Big Bang Theory est un peu pareil. C’est bien, agréable à regarder, mais ce que ça véhicule, quand on réfléchit deux minutes, c’est l’antithèse de la culture. Et le règne de la crétinerie.

Et le pire, c’est que c’est bien fait…