collection « Urban Kids ». À priori, ces lascars animaliers n’avaient pas vraiment de raisons de se rencontrer. Erreur, les points de convergence abondent. Mais reprenons du début : qu’est-ce qu’une tortue ninja ?
Apparues en 1984 et créées par Kevin Eastman et Peter Laird, les Tortues Ninja sont les héros d’une bande-dessinée autoéditée conçue comme un pastiche des comics ultra-violents de l’époque. En effet, le côté désuet des comics tend à s’estomper et les auteurs ont une cible dans leur ligne de mire : Daredevil. Repris depuis quelques années par Frank Miller qui refondera le personnage et son univers, Daredevil ne laisse plus indifférent. Les auteurs entendaient parodier les comics de leur temps. Les origines des tortues ( à l’époque car il ya eu refonte depuis quelques années ) sont ainsi intimement liée à celles de Daredevil mais sans que le nom du héros et des personnages ne soient jamais cités ( questions de copyright ).
Matt Murdock, le futur Daredevil, est un jeune adolescent lorsqu’il sauve un vieil aveugle d’un accident impliquant un camion. Ce dernier contenait des déchets radioactifs et une partie du chargement se répandit. Les yeux de Matt furent touché et il devint aveugle…mais l’étrange produit multiplia ses autres sens.
L’histoire des tortues commence de la même manière mais nous apprend que le produit s’est également déversé dans les égouts, entrant en contact avec un vieux rat de compagnie ayant fui la scène du meurtre de son maître japonais et quatre bébés tortues de mer. Petit à petit, les animaux grandirent et prirent forme humaine. Le vieux rat ayant observé son propriétaire répéter ses mouvement d’arts martiaux entraîna les tortues et les nomma des noms de quatre maîtres de la Renaissance : Leonardo, Michelangelo ; Donatello et Raphaël. Alors que Daredevil affronte un clan ninja appelé La Main ( The Hand), les Tortues auront fort à faire avec le clan des Foot ( Le Pied ) mené par le redoutable Shredder, l’assassin de Hamato Yoshi, le propriétaire du rat Splinter.
Bien que n’ayant jamais vraiment eu une série pérenne et ininterrompue, les Tortues ont toujours su garder une certaine popularité dans la pop-culture et ce malgré les récents reboot WTF et les deux films produits par Michael Bay.
Bref, revenons à nos chiroptères !
Divers labos de Gotham City sont attaqués de nuit par des ninjas. Batman remonte la piste et tend un piège aux voleurs au sein même de Wayne Enterprise. C’est là qu’il fait la connaissance des Tortues et de leurs ennemis, le clan des Foot. Le clan et les tortues sont arrivés à Gotham en traversant un pont interdimensionnel et tous cherchent à rentrer chez eux. La rencontre est arbitrée par James Tynion IV , scénariste ami et protégé de Scott Snyder (auteur d’un run si pas en tous points remarquables en tout cas remarqué sur Batman ) et le dessinateur Freddie E.Williams II ( y a plus de Jr ou de ixième du nom aux States, des chiffres directement, comme à Hollywood).
Le scénario suit un schéma classique : ils se rencontrent, ils se castagnent et ensuite ils s’allient face à la menace commune. Je soupçonne Tynion d’avoir eu le cul entre deux chaises : plaire aux adultes et être accessible aux kids. Ainsi, on utilise un schéma simple compréhensible par tous et accepté par tous ( les enfants parce que ce n’est pas compliqué de monter en épingle un quid pro quo aussi basique et aisément résolvable et les adultes car ils sont généralement habitués à cette structure ). Mais Tynion a beau être l’ami de Snyder, il n’a pas le même talent et tout en ayant de bonnes idées, il ne saura en tirer pleinement profit.
Il introduit le fait que l’action se déroule aux alentours de l’anniversaire du meurtre des Wayne et que Batman cherche à éviter d’y penser en bossant bien plus ces jours , enfin, ces nuits-là. Il réalise aussi les points communs entre les Foot et la Ligue des Ombres dirigées par Ra’s Al Ghul mais n’en tire pas une menace bien plus féroce pour nos héros.
Le tout se lit néanmoins sans déplaisir mais sans surprise durant les quatre premiers chapitres. Les deux derniers, quant à eux, tombent dans la facilité et les délires Putain Le Quoi les plus primitifs des deux licences ici exploitées. Le tout se termine dans un vomi de guimauve pleine de bons sentiments où les esprits les plus robustes apprennent à faire preuve de souplesse et à s’apprécier plus que de raison.
Les dessins de Williams sont situés entre la caricature pure et simple et l’envie de coller à une ambiance sombre et glauque. Là encore, la carapace entre deux chaises se sent à plein nez et pue comme une soupe de tortue qui aurait tourné. Jamais vraiment accessible pour les enfants et jamais vraiment plaisant pour un adulte avec un minimum d’estime d’esthète, le dessinateur compense avec un découpage sans accroc mais sans aucune prise de risque ou composition qui décrocherait la mâchoire au point de croire qu’elle vient de se ramasser un mawashi-geri dans les gencives !
Curiosité pour fans des Tortues et du Croisé à la cape, Amère Pizza ( c’est le titre VF ) laisse donc une drôle d’impression dans la bouche. Comme celle d’avoir mangé une pizza surgelée industrielle. Tout ce que l’on veut est dedans mais l’exécution est tellement fade et facile qu’on oublie très vite ce que l’on a ingéré. Il y avait moyen de faire bien mieux et on ne me fera pas croire que DC Comics et IDW (l’éditeur actuel de Teenage Mutant Ninja Turtles) n’avaient pas la possibilité de mettre sur pied une meilleure équipe.
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