Quand Steven Huxley est entré dans la forêt pour retrouver son frère Christian,il n’était pas seul. Accompagné par l’aviateur Harry Keeton, Steven a erré entre les arbres avec lui avant que leurs routes ne divergent.
Tallis Keeton , la jeune demi-sœur de Harry , en est persuadée : son frère est vivant , perdu, quelque part au fond des bois. Mais avant de pouvoir s’aventurer à la recherche de son cher frère, Tallis va subir d’étranges initiations. Et seulement alors, pourra-t-elle atteindre le cœur de la forêt : Lavondyss.
Alors que le premier roman du cycle était constitué de morceaux de journaux intimes et de narration à la première personne, Lavondyss opte pour un narrateur omniscient. Holdstock en profite pour augmenter le niveau de jeu littéraire en ciselant ses phrases comme un artisan maniaque.
Le revers de la médaille, c’est que la première partie du récit, dévolue à la découverte du personnage principal et à poser les bases du récit peut sembler longue.
La plongée dans la psyché de Tallis est totale mais il s’agit de la vie d’une jeune fille dont la vie est parfois ponctuée de faits étranges…faits qui iront crescendo bien entendu. La lenteur du roman , si bien écrit soit-il, peut rebuter. Surtout qu’il ne se passe pas grand-chose mais Holdstock ne nous fait pas languir pour rien. Toute cette partie est belle et bien nécessaire et vitale à la compréhension de la seconde partie qui se déroule de plein pied dans les bois étranges où les mythes et les légendes contenues dans l’inconscient humain prennent vie.
Une fois entré dans le forêt, le récit s’emballe sans pour autant perdre en dextérité d’écriture. Le phrasé reste travaillé comme avant et nous plonge dans un océan vert fait de bois, de feuilles mortes et d’hivers mortellement dangereux. Le style et l’écriture atteignent bientôt un tel niveau que l’on vit un trip sous LSD sans les effets de la synesthésie. On sent, on respire l’humus, les poils du dos se hérissent , conscient que l’on est d’avancer dans un territoire qui n’est plus celui de l’homme. Et plus notre héroïne progresse, plus l’auteur fournit des concepts bien plus dangereux et vicieux que lors du premier roman. Les mythes qui prennent vie ne sont qu’un danger parmi d’autres dans cet austère environnement où le temps ( tempus , pas la météo ) lui-même semble obéir à des règles étranges qui font passer la relativité appliquée pour du pipi de chat.
Refusant la facilité, Holdstock va mettre les nerfs de Tallis , et les nôtres, à rudes épreuves et fera passer les passages en forêt de Princesse Mononoké pour une agréable balade romantique ou le viol par les plantes dans Evil Dead pour un pic-nic en famlle.
Il partage en outre un autre point commun avec le cinéma de Miyazaki : inutile de chercher une fin en happy end où le sacrifice emporte tout sur son passage et offre un retour au bercail à la Disney. Non, la vie est dure, la vie est parfois injuste mais surtout, la vie n’est pas finalité en soi. Elle n’est qu’une partie d’une histoire plus vaste qui nous échappe. Et ceci n’est que le second tome d’une histoire aux ramifications qui rappellent les branches d’un arbre plusieurs fois centenaires.
On quitte cette forêt avec une certitude absolue : nous y remettrons les pieds et nous serons de nouveau démunis face à elle et aux êtres, de sang ou de sève, qui la peuplent.
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