5 ans.
5 années que Guillermo del Toro n’avait plus sorti de film. Il y a des raisons, bien sûr. L’homme est connu pour multiplier les projets et ne pas avoir le temps de les mener jusqu’au bout : le plus récent étant Le Hobbit, qu’il devait réaliser et la faillite de la MGM et autres tuiles chronophages l’ont mené à quitter le projet pour ne pas rester coincé ad vitam (ça lui a quand même mis 3 ans dans les gencives mine de rien).
Et puis, un projet l’a attrapé et il a voulu le réaliser en priorité : Pacific Rim.
5 années que Guillermo del Toro n’avait plus sorti de film. Il y a des raisons, bien sûr. L’homme est connu pour multiplier les projets et ne pas avoir le temps de les mener jusqu’au bout : le plus récent étant Le Hobbit, qu’il devait réaliser et la faillite de la MGM et autres tuiles chronophages l’ont mené à quitter le projet pour ne pas rester coincé ad vitam (ça lui a quand même mis 3 ans dans les gencives mine de rien).
Et puis, un projet l’a attrapé et il a voulu le réaliser en priorité : Pacific Rim.
Un film
hommage au cinéma japonais de monstres (kaiju movies) tels que Godzilla ou Gaméra
et un hommage aux animes (prononcez « animés ») japonais toujours,
comme Evangelion, Patlabor ou encore Gundam voire Goldorak à la rigueur !
Del Toro
aime mélanger des univers pourtant pas vraiment cloisonnés quand on y pense.
Dans Hellboy 2, il mixait le fantastique et la fantasy (les personnages de
contes et les elfes), dans Le Labyrinthe de Pan et L’échine du diable il
s’évertuait à faire cohabiter fantastique et drame enfantin sur fond de guerre
civile espagnole,etc…
Mais il
signe ici son premier vrai blockbuster. Son film le plus large, le plus épique…et
surtout, surtout, le meilleur film de l’été ! Si si ! La vie alien n’est
pas venue sur Terre depuis les étoiles. Non, elle est apparue dans l’Océan
Pacifique, passant par « la faille », un portail entre deux
dimensions. Et cette vie était grande, très grande. Pour combattre ces monstres
venus d’ailleurs, le monde a mis ses ressources en commun pour mettre au point
un programme de défense inédit :le programme Jaeger, deux pilotes reliés
par leurs esprits dans le corps d’une machine de 2500 tonnes. (L’idée vous
paraît bête ? Sachez qu’en fiction, aucune idée n’est bête : il y a
juste le bon ou le mauvais traitement de celle-ci !).
Mais le programme
est un échec et le monde se tourne vers une nouvelle solution : bâtir un
mur géant le long des côtes Pacifique. Mais le directeur du programme ne croit
pas en l’obsolescence des Jaegers et décide de jouer le tout pour le tout !
On va
évacuer directement les petites réserves et défauts du film : oui, le
scénario est linéaire et convenu, certains clichés sont devenus des stéréotypes
( conflit d’égo sortis de Top Gun, le personnage japonais ultra-respectueux de
la hiérarchie joué par la mimi Rinko Kikuchi, etc…) mais ces clichés éculés
sont paradoxalement une belle force du film car ils permettent la création d’un
rythme soutenu !
On notera
aussi un beau concept de science-fiction dont les possibilités ne sont pas
assez exploitées : la dérive. Pour piloter un Jaeger, il faut être deux.
En effet, ces monstres d’aciers ne pouvaient pas être piloter de manières
conventionnelles ( Goldorak c’est bien beau mais faut pas déconner non plus) :
le robot se pilote par la pensée, mais la charge est trop forte pour un pilote,
on en connecte donc deux entre eux qui vont , en dérive, partager leurs
souvenirs et certaines de leurs pensées. Le film n’exploite pas assez cette
idée car elle n’est pas au centre de l’intrigue…mais Del Toro, bien conscient
de ça, a déjà exprimé que si suite il y a, la dérive serait exploitée ! Notons que dans Gundam, seuls les humaines génétiquement modifiés pour être plus intelligents et plus rapides sont capables de piloter des robots géants.
Pacific Rim
est au fond un film militariste comme Aliens, Top Gun, etc…le terrain est
balisé c’est donc au niveau du décorum
et de la mise en images qu’il faut aller pour ne pas avoir le sentiment d’avoir
déjà vu le film. Et tout a été fait pour plaire. À commencer par une intro de
10 minutes en deux temps : la première partie nous narrant comment le
monde a réagi face à l’invasion et la seconde en montrant le héros en action et
poser les bases de son trauma. C’est carré, c’est ciselé, c’est d’une
efficacité redoutable.
Les images
ensuite : entre un directeur photo inspiré qui crée des images contrastées
et très colorées et des décors et des costumes faits pour être mis en valeurs,
c’est un régal pour les rétines. Les plans sont beaux en profiter sur grand
écran c’est comme visiter une expo de peintures. Ensuite, les plans tournés par
Del Toro ( qui shoote tout, pas de seconde équipe chez lui, il filme même les
inserts, c’est vous dire ) sont longs, pas de montage épileptique du coup !
Il y a là une vraie générosité de la part du bonhomme qui a décidé d’en mettre
plein la vue mais aussi de permettre de prendre mesure de cette débauche !
C’est pourquoi les combats ne sont pas expédiés à vitesse grand V comme dans
Transformers par exemple : les robots et les kaijus pèsent des tonnes et
leurs mouvements s’en ressentent, ils sont lourds et donc plus lents !
Ensuite,
Del Toro s’intéresse surtout aux humains de son récit et à leur environnement. Leurs
traumas sont vite expédiés mais ils sous-tendent toutes leurs interactions. Le
climat politique mondial ensuite bien plus profond et pensé qu’on ne pourrait
le croire : d’une mondialisation forcée face à un ennemi commun et dont on
retrouve les traces assez facilement ( Kaiju est un mot japonais, Jaeger est
allemand, les personnages, mêmes les américains, parlent plusieurs langues et
pas les plus faciles.) on passe a un repli sur soi via l’image du mur qui
représente le protectionnisme national (je survis et tant pis pour la gueule
des autres) et l’exploitation par les états des plus faibles . Et il prend
aussi en compte le regard de l’homme de la rue face à des menaces qu’il saisit
mal ( ce que Man Of Steel, dans le même genre de destruction massive, ne faisait
jamais ).
C’est en filigranes, mais c’est bel et bien là !
C’est en filigranes, mais c’est bel et bien là !
En même temps, j'ai prévenu que je la trouvais mimi comme tout !
Del Toro
aborde ici de manières plus direct son obsession pour le travail de H.P
Lovecraft (depuis des années il essaye de mettre sur pied une adaptation de Les
montagnes hallucinées mais le film Prometheus , fort proche , a mis fin à son
rêve). Si certaines allusions avaient déjà été perçues dans Hellboy, elles sont
ici plus exploitées : la créature digne des grands anciens piégées dans
une dimension parallèle dans Hellboy trouve un moyen de passer dans Pacific Rim,
le look tentaculaire de certains kaijus renvoie au mythe de Cthulhu,etc…
Pacific Rim
n’est donc pas une tentative de marcher sur les traces du succès de
Transformers mais bien de rendre hommage à divers genres de films délaissés par
la plupart des occidentaux.Guère étonnant que Legendary Pictures, le studio
derrière Pacific Rim sorte l’an prochain un remake de Godzilla qui s’annonce bien
différent que celui sorti en 1997 ! (et là je vais me faire occire mais il
était pas si mauvais, juste balourd dans ses personnages et pas original :
on lorgnait entre King Kong et Aliens).
Il est étonnant que Pacific Rim n’ait pas eu le succès escompté, la
réaction des gens face au concept étant souvent dédaigneuse. Les mêmes
personnes qui ne trouvent rien à redire à King Kong (un monstre géant attaque la
ville) ou Transformers ( des robots géants sauvent le monde).
Pacific Rim
est LE meilleur film de cet été . Et oui, un bon traitement d’une idée,
une véritable envie de faire plaisir et de se faire plaisir font que le film de
Guillermo Del Toro permet de prendre un pied terrible. Ah, et restez pendant le
générique, vous pourriez avoir des surprises !
2 commentaires:
Bel article.
Un mot de la BO, très heavy metal, qui se marie parfaitement avec les images.
C'est marrant que tu en parles, je voulais justement en dire du bien (alors que je n'aime pas le compo habituellement) mais j'ai oublié, comme quoi ^^
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