C’est donc avec une certaine joie que fut accueillie l’annonce d’un ouvrage édité conjointement par Huginn&Muninn ( gros éditeurs de beaux livres sur la pop-culture ) et Kana, la branche manga des éditions Dargaud.
Débarque donc sous une couverture à jaquette du plus bel effet Ghost in the shell, la saga cyberpunk décryptée!Un sujet vaste , une promesse colossale.
Mais une promesse électorale tant le titre de l’ouvrage tient d’un mensonge que ne renierait pas 99% de nos élus.
Premier indice qui devrait mettre la puce à l’oreille : l’épaisseur.
160 pages pour décortiquer un corpus de 600 pages et plus de 30 heures d’adaptations cinématographiques et télévisuelles, ça semble plus mince que Kate Moss après avoir perdu un os.
Et en effet, à la lecture, c’est la débandade. Ghost in the shell est une œuvre culte et visionnaire qui aborde des notions aussi passionnantes que l’évolution technologique de pointe : le cyber-espace, les prothèses cybernétiques, ce qui reste d’humain en nous une fois que l’on accepte de petit à petit céder aux sirènes de devenir un cyborg, les I.A , l’évolution politique mondiale, etc…
Les premières annonces sur les sites spécialisés semblaient promettre un ouvrage maousse costaud.Comptez une épaisseur d'un tiers par rapport à cette image.
Un résumé plus ou moins détaillé des œuvres animées, quelques croquis éparpillés, beaucoup d’images provenant des dessins-animés et deux malheureuses interviews croisées , l’une consacrée aux deux actrices ayant doublé vocalement le major Mokoto Kusanagi et une autre des réalisateurs ayant officié sur les trois déclinaisons japonaises du manga.
Des interviews peu intéressantes tant tout le monde semble vouloir dire du bien de son collègue et se tirer la nouille allègrement dans un bel exercice de langue de bois promotionnel comme le cinéma ultra-commercial aime le faire dans les making-of au rabais inclus dans les bonus blu-ray du premier film venu.
Aucune analyse , je dis bien, aucune, n’est présentée, développée, proposée !
Le titre est donc bel et bien mensonger, rien n’est décrypté à part peut-être certains aspects visuels ( le look de certains personnage et l’architecture…mais le tout reste très à la surface des choses, des choses que le spectateur avait déjà compris à la vision de l’ensemble ).
Le manga de Shirow Masamune est à peine évoqué alors qu’il est à la base de tout.
Kana n'avait les droits que de l'adaptation du premier film en manga, c'est en effet Glénat qui s'occupe de la VF du manga d'origine. Le fait que cet éditeur ne soit pas associé au projet était une puce supplémentaire à notre oreille, un murmure que notre ghost n'a pas senti assez tôt.
Il s'agit en fait de la traduction du livre japonais Ghost in the Shell Perfect Book 1995-2017 , un ouvrage que l'on imagine bien avoir été pensé pour être réalisé en vitesse pour surfer sur la sortie du film de Ruppert Sanders.
Pour décrypter et analyser Ghost In The Shell, chose que la couverture promet , ce livre est aussi utile qu’une valise sans poignée.
Une arnaque pure et simple qui aurait au moins pu avoir la décence de proposer un bon de réduction pour une crème contre les hémorroïdes qui ne manqueront pas de fleurir sur le derrière des pigeons qui se feront avoir par une cover aguicheuse et leur sentiment d’amour pour une saga riche, complexe et tentaculaire, au moment de refermer ce semi-art book bien pauvre au demeurant.
35€ pour ça, ça fait mal au cul !
1 commentaire:
Merci pour ta critique, j'avais zieuté un temps sur ce... "livre" (?) me demandant s'il en valait la peine.
Je suis rassuré de ne rien rater à ce prix, et déçu de l’attrape-pigeons sans vergogne.
A noter que pour les puristes des puristes qui voudraient à tout prix se le procurer, on le trouve à 18$ neuf sur les ecommerces US... soit moins de la moitié du prix pratiqué en France. Pigeonnage quand tu nous tiens...
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