vendredi 20 février 2009

Plus tu avances, plus je recule...

David Fincher frappe là où on ne l’attend pas. Démarrant sa carrière cinématographique avec Se7en (Alien 3 ne compte pas vraiment pour d’obscures raisons de studio sur le dos),il n’ a eu de cesse de réaliser des thrillers efficaces voir corrosifs (Fight Club) tout en développant une esbroufe visuelle épatante. En 2007 pourtant il réalise Zodiac. 5 ans ont passé depuis Panic Room et Fincher aborde l’histoire du tueur du zodiaque comme un documentaire passionnant,laissant au vestiaire son style visuel percutant (qui a été depuis pompé maintes fois). En rangeant au placard ses effets de caméras, Fincher compense en se rapprochant de ses personnages et de son histoire. Il est fin prêt pour réaliser autre chose que des thrillers.



Benjamin Button est né avec un corps de vieillard. Effrayé par ce bébé difforme ayant tué sa mère en couche,Thomas Button,son père, l’abandonne . Il est élevé dans une maison de retraite mais au fil des années il se rend compte qu’il rajeunit alors que tout le monde autour de lui vieillit. Un jour il rencontre la jeune Daisy qui a presque le même âge que lui mais dans le bon sens, entre ces deux là c’est la connexion instantanée. Celle que peuvent nouer deux jeunes enfants...mais déja l'étrange mal de Benjamin vient entraver cette relation pourtant innocente.




Un tel sujet permet d’établir des relations étranges entre les divers personnages et leur façon de percevoir la vie. Et le film explore de bien belle manière ce qui compte et qui fait la vie (la scène de la première fois avec une fille est assez désopilante). Pendant la première partie du film le personnage de Daisy n’est que secondaire et l’on suit les aventures de Benjamin de son travail sur un remorqueur marin à son retour de la 2éme Guerre et de la découverte de ses origines tout en multipliant les rencontres décisives qui feront de lui l'homme qu'il sera (ses collègues marins,son capitaine tatoueur et tatoué,son premier amour...).

C’est alors que peu à peu le personnage de Daisy(une magnifique,et souple aussi, Cate Blanchett ) réapparait dans sa vie et l’histoire d’amour peut commencer sans chichis,une histoire toute simple d’un couple amoureux. Le scénario ne cherche jamais à ponctuer de péripéties leur relation une fois qu’elle est entamée. Sauf que Benjamin ne vit pas une vie ordinaire et qu’un jour il faut bien que la réalité ne le rattrape.




Dans les rôles principaux, Pitt et Blanchett excellent ,ils SONT ces personnages que le temps va torturer en les rapprochant et en les éloignant inexorablement . Cependant les qualités techniques y sont également pour quelque chose…mais de cela on ne s’en rend compte que bien après la fin du film. Rarement la technique n’aura autant servi un film. Dés l’apparition des logos Warner et Paramount, l’inventivité visuelle de Fincher se dévoile sans en faire trop…que cela soit de l’ordre de vieillir une image ou du montage (une incroyable scène d’accident tout simple dont le montage est à lui seul non pas un tour de force mais une idée géniale qui reflète toute la complexité et le cheminement hasardeux qui amène à ce qu’un incident se produise),Fincher instaure dés le début un climat de nostalgie et de légère tristesse qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus, allant crescendo tout au long du film,vous préparant à ouvrir les vannes dès la fin de l’avant dernière bobine pour ne les fermer que lorsque celles-ci fonctionnent à plein régime quand le générique commence.




Il en va de même pour les effets de vieillissement(ou de rajeunissement) de Benjamin et de Daisy. Car durant les 54 premières minutes du film,Brad Pitt est entièrement conçu en images de synthéses qui là encore ne cherche pas à vous en mettre plein la vue, on est ici en présence d’une performance qui ne cherche pas à en être une à la différence du pourtant excellent Gollum du « Seigneur des anneaux ». Nous ne sommes qu’en février et nous tenons déjà le film de l’année.

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