Tel le
lapin blanc, je suis en retard en retard ! Et non pas parce que je
glissais au pays des merveilles, je n’ai pas eu de chance de ce côté-là depuis
un moment. Donc, mes biens chers frères et sœurs , nous voici réunis pour
parler de « Le Hobbit : un voyage inattendu », premier volet d’une
trilogie basée sur le roman « Bilbo le hobbit » de J.R.R Tolkien
ainsi que sur d’autres de ses écrits prenant place dans la même ligne
chronologique.
Il est
important, avant de vraiment se lancer,de bien faire comprendre que cette
critique sera divisée en deux. Une partie pour le film en lui-même et une autre
pour parler plus en détails du procédé « révolutionnaire » utilisé
pour tourner le film.
Le Hobbit :
un voyage inattendu en terre connue.
Si vous
vous souvenez bien du « Seigneur des Anneaux », vous vous rappellerez
sans problème que Bilbon Saquet (ou Bilbo Baggins pour les puristes) écrivait
un livre. Et bien ce livre, on peut dire que Peter Jackson en a fait un film.
60 ans avant que Frodon et Sam ne vivent une passion homosexuelle platonique en
allant jeter une bague en or dans un volcan en éruption, Bilbon était embrigadé
dans une aventure par Gandalf le Gris. Une compagnie de Nains menée par Thorin
Oakenshield est bien décidée à rependre le royaume d’Erebor au dragon Smaug qui
s’y installa pour piller les richesses du coin (oui,Tolkien avait prédit
Israël/Palestine). Hors, si le dragon connait bien l’odeur des nains, il ignore
tout des hobbits, plus petits encore que les nains et capables donc de passer
sous le nez du dragon. Bilbon cède à l’appel de l’aventure et quitte sa maison
pour aider les nains à récupérer la leur !
J’ai
employé à dessein l’expression « l’appel de l’aventure ». En effet, c’est
ainsi que Joseph Campbell nomme un passage important que l’on retrouve dans
tous les mythes du monde. Il a d’ailleurs écrit un livre sur le sujet, introduisant
sa théorie du mono-mythe. Le schéma est connu et reconnu, seul finalement , l’emballage
change. La quête de Bilbon étant moins épique que celle de Frodon, on distingue
plus les ficelles de la chose. Pas embêtant car les lieux visités sont assez
différents mais la fraîcheur a disparu. Même la musique d’Howard Shore a vu son
ampleur baissé. Pourtant, Jackson ne ménage pas ses efforts pour tenter de
porter les péripéties de nos héros au niveau de celles de Frodon,Aragorn,and
co. Ce sont ces efforts justement qui font que le film passe à une grande
vitesse malgré sa durée de près de trois heures. Car les efforts de Jackson
compensent ce qui peut passer pour des erreurs ou au mieux des maladresses.
D’abord l’aspect
des nains. Soit ils sont trop petits soit Bilbo est trop grand mais à part la
carrure, hobbit et nains ont presque la même taille ici. De plus, les nains
sont ultra-propres et doté de jolies barbes bien taillées. Alors que bon, on en
a vu dans l’autre trilogie : un nain, c’est méchant comme une teigne, ça a
jamais vu un peigne, ça a des carottes dans la barbe, ça a marié la Denise,une
naine de la mine,enfin d’une autre mine…( Brel, je te demande pardon).
Ensuite, le
recours au tout numérique. Là où « Le Seigneur des anneaux »
employait au maximum des astuces de prothèses et de maquillages et
multipliaient numériquement des acteurs et des figurants réels, « Le
Hobbit » mise presque uniquement sur les images générées par ordinateurs
pour faire apparaître les créatures hideuses qui en veulent à nos compagnons. Et
ces images , bien que travaillées dans les détails, n’en paraissent pas moins
un peu trop artificielles.
Il s’agit
là d’un lissage en règle des aspects les plus glauques et repoussant de ce que
l’on pouvait trouver dans l’autre trilogie.
Au final,
ce n’est pas très grave. Le rythme est soutenu, la grammaire cinématographique
de Jackson n’a pas changé ( cohérence avec les trois autres films) et seuls
quelques menus détails explicités plus haut ne collent pas avec ce que l’on
avait déjà vu. Mieux, le chemin pris par Bilbon étant différent de celui de
Frodon, nous explorons d’autres endroits de la Terre du Milieu. Et on se prend
à rêver d’une version longue (certains plans de la bande-annonce ne se
retrouvent pas dans le film et Jackson est coutumier du fait) car n’en déplaise
aux mauvaises langues : non, le film n’est pas lent à démarrer et sa
longueur n’est donc pas excessive. Un an pour avoir la suite, ça passera vite
vu les grosses machines qui nous arrivent cette année, ouf !
Un tournage
révolutionnaire.
Vous le
savez peut-être, un film se projette au rythme de 24 images par seconde. Je ne
vais pas vous faire un cours d’histoire sur pourquoi il a été décidé de fixer
cela à 24 images/seconde, cela prendrait trop de place (mais si ça vous intéresse,
je répondrai volontiers dans les commentaires). Hors, ce film a été tourné en
48 images par seconde…pour chaque œil car il s’agissait en plus d’un tournage
en 3D, donc avec une caméra binoculaire. Ce qui revient à dire que si vous l’avez
vu en 2D ( les copies 2D ne sont distribuées qu’en 24 images/secondes ), vous
avez payé un ticket entier pour apprécier un quart des images tournées. Un peu
l’arnaque.
Alors, que
nous apporte donc cette « révolution » ? Deux choses.
1° La
fluidité des mouvements est époustouflantes. Tellement que votre œil mettra du
temps à s’y faire tellement il est habitué à l’ancien format.
2° La 3D
est enfin sortie de ses défauts : fini le voile sombre sur l’image et
finit les maux de tête dû à une image qui parfois semble trembler.
Alors,
est-ce que ce genre de tournage est le futur du cinéma ? Je serais tenté
de dire : NON.
D’abord,
parce que le rendu 24 images par seconde n’a pas besoin d’une mise à jour. Tout
comme la pellicule, il fonctionne très bien. Ensuite, parce que le rendu en HFR
(le 48 images donc ) est utile pour effacer les défauts de la 3D (du moins de
la 3D tournée ainsi, il faudra attendre pour savoir si elle efface aussi les
soucis sur la 3D convertie). Hors, la 3D et le HFR reste des gadgets couteux
qui ne font pas plus rentré le spectateur dans le film que la 2D. C’est le
talent de conteur du cinéaste qui permet de faire en sorte que le spectateur s’immerge
et se prenne d’affection ou de haine pour les personnages. Il en est ainsi
depuis le début du cinéma et l’on pourrait même remonter jusque la littérature
en passant par la BD ! Ici, tout ce que l'on nous donne, c'est une profondeur de champ épatante. Bref, du théâtre avec des angles de vue variés.
L’avenir
nous dira si une idée révolutionnaire techniquement sera vraiment une
révolution pour le cinéma. Car une révolution n’est pas l’affaire d’un
réalisateur mais d’une multitude qui lui emboîte le pas. Ou non…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire