J'ai lu un jour que le western était le genre ultime , le genre qui vit par lui-même et est capable d'absorber les codes des autres genres tout en gardant son identité propre. Raison pour laquelle des séries comme American Vampire (en partie seulement, le western n'étant pas le fond de commerce de la série mais de celui d'un personnage en particulier ), ou encore East of West fonctionnent dans leur mécanique ( que l'on aime ou pas ces séries est hors-sujet, il s'agit ici de dire que les greffes étranges sur les codes du western ne sont pas rejetées par le corps).
L'éditeur vend la série en la qualifiant être aux antipodes du western poussiéreux. Hérésie que cela, le Western poussiéreux est une image d'Epinal et les contre-exemples sont tellement nombreux que l'affirmation en est presque ridicule.
Urban a donc sorti le 20 Juin le premier tome de The Sixth Gun, une série fantastique prenant place peu après la Guerre de Sécession.
La série raconte l'histoire de six armes "magiques" ou "infernales", des revolvers maudits objets de moult convoitises et dont la possession confèrent certaines aptitudes (différentes selon l'arme, varions les plaisirs). L'on suit les traces de Drake, gentleman flingueur et pas toujours très honnêtes qui tente de mettre la main sur le sixième pistolet avant Mrs Hume et ses hommes de mains aidés par des agents de la Pinkerton, célèbre agence de détectives qui sera l'ancêtre de la C.I.A ( je simplifie ). Mr Hume,quant à lui, piégé dans un état entre la vie et la mort attend que son épouse le libère de son destin funeste pour récupérer son arme. Mais le révolver est la possession de Becky, jeune femme qui va bientôt voir son existence bousculée et basculer dans un monde qu'elle ne soupçonnait pas.
L'Ouest américain, l'ouest sauvage. Une terre mythique et mythologique. Un terrain propice pour ce genre de chevauchée menée tambour battant, et pour cause : l'histoire américaine a été marquée par les cow-boys, les indiens et les bandits. Des êtres bien réels sont devenus l'objet de véritables mythes : Billy the Kid, Pat Garrett, les Dalton,Sitting Bull,etc… La réalité et la légende se confondent souvent lorsque l'on évoque l'Ouest Américain où se côtoient le culte des armes à feu et les croyances mystiques amérindiennes. Saupoudrer du fantastique pur dans ce décor va de soit. Et le cocktail fonctionne bien, grâce à une belle alchimie entre l'écriture de Cullen Bunn et les dessins de Brian Hurtt qui opère une sorte de fusion entre le réalisme et le cartoon du plus bel effet.
Cullen Bunn met ses pièces en place sans perdre de temps, au bout de l'épisode un, presque tout est là pour faire démarrer la machine à vapeur. Si le scénario convie esprits, morts-vivants et magie noire, le sujet n'est pas l'horreur pure même si certaines scènes sont sanglantes ou suppurantes, les dessins ne sont pas là pour créer une ambiance anxiogène. Nous sommes plus dans une sorte d'Indiana Jones de l'Ouest sauvage que dans Une nuit en enfer où la sécheresse d'Ennio Morricone viendrait se fondre dans l’orchestration à la John Williams.
Les dialogues sonnent souvent justes et certains personnages manient le sens de la répartie avec bonheur. Ce premier tome coûte 10 €, un prix de lancement qui durera jusque la fin de l'année. Notons que le tome deux est sorti ce jour, Urban comics ayant apparemment une grande confiance en son produit : ça tombe bien, moi aussi !
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