Il était 7H58 quand ils l'ont amené au poste. Damn', à deux minutes près, j'aurais été happé par l'air frais de l'hiver qui vient, comme aurait dit Ned, mon collègue. Et j'aurais pu apprécier un petit café avant d'aller dormir, pour récupérer d'une nuit que l'ennui avait rendue mortelle. En lieu et place de ce scénario parfait, j'ai du enregistrer l'arrivée du suspect et l'interroger. Je ne m'y attendais pas, mais toute cette histoire est devenue biblique !
L'homme s'appelait Joseph Saint et était accusé d'avoir mis une crèche dans la mosquée ou le souk dans une église je ne sais plus. Et c'est alors que je lui énonçais les faits qu'il me lâcha l'apocalypse : il avouait tout. Le père de Jésus, c'était lui. Tu parles d'un cadeau. Bon Dieu, Noël pourrait bien se voir annulé si une telle info était rendue publique. Pourtant, je le soupçonnais de ne pas avoir cherché à m'enguirlander. Il me restait 5 jours pour sauver les fêtes où tout cela finirait par sentir le sapin. J'avais les boules…
Plus tôt dans la journée, une Femen avait annoncé en place publique que Noël était annulé ( http://www.lesoir.be/384094/article/actualite/fil-info/fil-info-monde/2013-12-19/noel-est-annule-une-femen-se-denude-place-saint-pierre-pour-l-avorte.) . Connaissait-elle Joseph ? Étaient-ils complices ? Quelqu'un dans l'ombre tirait les ficelles peut-être ? Les questions se pressaient dans mon esprit comme une orange dans une machine à jus ! Il me fallait rechercher la vérité, et ,comme l'a dit le sage, celle-ci est forcément ailleurs.
Pourtant, tout ceci me semblait familier. Et soudain, tel un génie grec prenant son bain, j'ai eu une révélation : il y a plusieurs semaines de cela, on avait tenté d'éradiquer le Père Fouettard ( http://loractu.fr/metz/5323-l-onu-veut-interdire-le-pere-fouettard-les-pays-bas-vises.html). Y-avait-il un lien ? Si oui, pourquoi ? Et si non, pourquoi pas ?
Au fait , j'ai oublié de me présenter, je suis le sergent Dreyfuss, et croyez bien que je ferai l'affaire !
Le Père Fouettard servait d'homme de main une fois l'an à un évêque altruiste accro aux Speculoos . Le reste du temps, il était videur dans une boîte de nuit mal famée : La Ramonée. C'est là-bas que j'allais commencer mon investigation. J'avais un avantage, dû à mon "Eureka" fortuit : j'en savais plus que les autres, et les autres en savaient moins que moi.Fouettard avait une réputation assez étrange. Et il était loin d'être blanc comme neige. Pourtant ,il avait eu un penchant pour la poudreuse. À une époque, révolue, il lui arrivait de sniffer des rails de coke longs comme la 5e avenue. Le faire parler serait facile, le faire se taire sur mes investigations seraient une autre paire de manche.
Je chopais Fouettard alors qu'il sortait de chez lui pour se rendre sur son lieu de travail. Je n'avais pas de temps à perdre, j'allais devoir le malmener! Je l'attrapais par le col et le poussais contre le mur de la maison de son voisin ! Pas le temps de le mettre en contexte, j'attaquais tout de go !
- Donne-moi un nom !!!
-Vos parents auraient dû le faire à la naissance !
Je réalisais soudain que ça marche mieux quand on s'appelle Jack Bauer…
Visiblement, ce sous-fifre ne savait rien et je décidais de retrouver mon bureau quand soudain, le vibreur de mon téléphone s'excita de manière plus voyante que DSK devant un "Playboy" spécial finance.
L'appel m'avait informé de deux choses : Primo, j'avais mal réglé le volume et mon oreille sifflait. Deuxio, une certaine Mary Christmas m'attendait au poste.
-Mlle Christmas ? Sergent Dreyfus. Que faites-vous ici ?
- Je vous attendais.
-J'entends bien. Mais qu'est-ce qui vous a mené jusqu'à moi ?
- Un taxi.
-Oui, mais pourquoi ???
-Parce que ma voiture est en panne.
Visiblement, j'étais tombé sur la cruche de Noël…Et pourtant, quelque chose émanait d'elle. Un parfum que je reconnaissais. Elle portait la même fragrance qui jadis provenait de mon ex-femme : elle sentait les emmerdes …
Mary Christmas avait tout : la classe d'Audrey Hepburn, le parfum de Natalie Portman, les yeux de Paul Newman …et le cerveau de Paris Hilton. D'où mon désespoir.Un miracle de Noël que cette dinde de Christmas ne glousse pas.
J'entrepris de la questionner patiemment (très patiemment) et , après avoir avalé trois xanax ,je finis par apprendre la raison de sa présence : elle était l'héritière d'une fabrique spécialisée dans les jouets et avait eu vent de rumeurs sur l'annulation de Noël. Consciente que son portefeuille pourrait devenir plus maigre que son Q.I (oui, même les ahuris ont des moments de grâce intellectuelle), elle voulait absolument être certaine que l'enquête aboutirait, et vite. Un empire financier lorgnait depuis un moment sur les entreprises de son père et elle avait peur que leurs faiblesses permettent que cet empire contre-attaque.
Je tenais peut-être une piste. Cet empire financier, le "Global Carrot Group", possédait un département orienté uniquement sur les fêtes de Pâques. Avait-il organisé la chute de Noël dans le seul but de déstabiliser certaines entreprises pour les racheter et imposer Pâques au monde entier ? Voulait-il éradiquer, dans un élan mégalo, un vieux bonhomme rouge qui sent le vin chaud bas de gamme par un lapin tout mignon et une petite poule inoffensive ? Je devais en avoir le cœur net avant que le chef ne me sonne les cloches !
En parlant de cloche, Miss Christmas me demanda de la raccompagner chez elle. Encore sous l'effet de mon triple xanax sans glace, je préférais la confier aux bons soins des agents Lecel et Lepoivre. Dans le même temps, je chargeais les agents Géloeil et Lebon de fouiner pour moi et de surveiller le domicile du "prix Nobel" qui venait de quitter mon bureau.
Quant à moi, je décidais de gagner un bar proche de mon petit nid douillet. Je déambulais seul. Seul dans une ville traumatisée et triste. J'avais besoin d'un verre. Je commandais donc une bière brassée avec savoir que je dégusterais sans sagesse : j'ai soif, j'ai pas le temps de philosopher comme un pilier de comptoir plus imbibé que Depardieu frôlant le coma éthylique. Je pensais avoir bien mérité ma Bush de Noël.
Si je m'attaquais au Global Carrot Group, sans preuve et avec juste des présomptions, je risquais de me retrouver dans le même état que lorsque j'avais enquêté sur un trafic de couches-culottes usagées : être dans la merde jusqu'au cou ! Ces pensées s'incrustaient dans mon esprit comme la saleté sous les ongles.
J'ouvrais ma porte pour tomber presque directement endormi sur mon sofa. Cette nuit-là, je fis un rêve étrange. Je m'appelais Noël et j'étais poursuivi par un Dark Vador nain. Son sabre tournoyait dans les airs et je n'avais pour me défendre qu'un bâton de réglisse géant…qui diminuait à mesure que je le mangeais.
Acculé dans un coin , le Dark Vador nain me fit une proposition :
-Rejoins-moi, et ensemble, nous dominerons la réglisse !
- Jamais ! Vous avez tué mon papa !
- Non. Je suis ton petit papa, Noël !
C'est à ce moment que je me suis réveillé. Avec une idée en tête…
Cette enquête me prenait le chou. J'avais la rage aux dents; les dents de l'amer. Mais j'avais un embryon de plan. Pour ça j'allais devoir prendre mon courage à deux mains, chose que je ne fais qu'à cloche-pied. Cependant, la faiblesse n'a jamais été mon fort.
J'allais m'infiltrer chez GCG en me faisant passer pour un ancien employé de chez Christmas Toys. Je ferai miroiter que je suis un employé mécontent au courant de pleins de petites choses utiles. Mais pour cela, j'aurai d'abord besoin d'une lettre de recommandation de Mary Christmas. L'idée de la revoir me fit frissonner d'effroi.
Arrivé devant chez elle, je pris mon temps avant de sortir de la voiture. J'avais rempli mon estomac de calmants, avait chargé ma conscience de courage et déchargé mon flingue de ses munitions. Inutile d'être tenté de mettre fin non pas aux souffrances de la belle mais aux miennes.
Géloeil et Lebon étaient en faction devant la porte d'entrée.
- Alors, on en est où ?
- Et bien chef…elle a de la visite.
- Tout le monde a le droit à une vie privée épanouissante Lebon, même les enfants de Rain Man.
- Oui mais là c'est…
- Et bien quoi ? C'est….?
-Je sais bien que je n'aurai pas du jeter un œil par la fenêtre. Mais vous savez..
- Ça va Lebon, j'ai compris. Vous êtes célibataire depuis un moment, je ne dirai rien dans mon rapport. Mais accouchez mon vieux !
- Et bien, la personne avec elle…c'est la mère Noël.
Par Fulchibar et St Thurgode réunis ! Je n'en croyais ni mes oreilles ni mes narines. N'avais-je pas reniflé sur elle l'odeur si particulière des ennuis ? Avais-je donc été si bête ? M'avait-elle sciemment lancé sur une fausse piste ? Joué à la fausse idiote mais à la vraie sa…tyre ? ( Avouez, z'avez tous crû que j'allais dire "salope" hein ? Et bien non, je refuse d'écrire ce mot ! Non mais ! ). La mère Noël, contrairement à son appellation, est une jeune fille d'à peine 19 ans qui n'a pas été très sage cette année. Toute cette histoire n'allait-elle servir qu'à faire disparaître Papa Noël de l'équation pour que Madame puisse s'envoler loin du pôle Nord sans passer par la case divorce ?
-Géloeil, t'as toujours ton appareil photo avec toi ?
-J'en ai même plusieurs patron !
- Passe moi le premier qui te tombe sous la main et…Mais nom de Dieu, qu'est-ce que c'est que ce truc ?
-Bin c'est mon grand angle patron. Il ne vous plaît pas ? C'est pourtant un modèle recommandé par les vendeurs comme le top du top pour les voyeu…euh, les amoureux de la nature.
- Ok, passe le moi, je te le rends vite.
(Note pour plus tard, surveiller les activités du futur prix Pullitzer de photographie. On sait jamais, je pourrais aimer ce qu'il y sur sa carte mémoire. Oh sergent Dreyfuss, quel coquin vous êtes.)
Apparemment, Miss Christmas et Madame Noël étaient fort proches. Je prenais la photo incriminante et l'envoyait par mail sur mon aPhone. Avec ce cliché, j'arriverais peut-être à obtenir un mandat. C'est à ce moment précis que je tombais dans les pommes : les calmants faisaient enfin effet. Ma dernière pensée fût que non, avaler toute la boîte n'était pas l'idée du siècle finalement…
Je me laissais dériver dans un univers onirique et cotonneux. Vers les années bénies où j'étudiais la théologie. C'est là que j'avais rencontré sœur Céline. C'est là qu'elle et moi avions conclu.
Conclu que non, le séminaire n'était pas un endroit pour nous. Dans notre fuite, j'apprenais que son nom de baptême était Vulfégonde (tu m'étonnes qu'elle soit rentrée dans les ordres tiens, quelle espèce de malade appelle sa fille ainsi ? ).
Je n'avais jamais compris comment elle se débrouillait pour marcher en laissant penser que le sol était plus souple sous ses pieds que sous les miens. Et Dieu, qu'elle était belle…belle comme la femme d'un autre.
Le réveil a été brutal. En lieu et place d'une nonne fugueuse tout droit sortie d'un film hollywoodien pour midinettes, je me retrouvais nez-à-nez avec mes agents de terrain…qui avaient quitté leur poste pour me secourir. Devais-je les engueuler ou les embrasser ? Je décidais de régler une question plus importante : pourquoi diantre étais-je habillé en en clown ?
C'est alors que je voulais avoir une réponse que je me suis réveillé, pour de bon cette fois.
-Patron, j'ai bien crû qu'on allait vous perdre. J'ai du vous faire du bouche-à-bouche.
-Doublement merci Lebon…pour ta sollicitude et ton chewing-gum à la fraise des bois ! Du nouveau pendant que je comatais ?
- Rien de rien, tout baigne dans l'huile boss. Ah si, y a un camion de déménageurs qui a apporté un gros paquet. Il faisait du bruit mais quand j'ai posé une question, on m'a répondu que ça ne regardait pas les poulets et j'ai laissé filer.
L'incompétence crasse de mes agents me donnait paradoxalement l'opportunité d'agir sans devoir quérir un mandat ! En effet, je soupçonnais nos deux criminelles en jupons et petites dentelles rouges de vouloir éliminer les témoins gênants. Silencieusement, j'approchais de la porte d'entrée. Celle-ci n'était pas fermée à clé. Je sortais mon arme et glissais un chargeur.
-Géloeil, garde la porte. Lebon, avec moi !
Nous avancions dans le noir à pas feutrés.
-Dis moi , Lebon…les déménageurs ne sont pas partis n'est-ce pas ?
- Comment le savez-vous patron?
- Une intuition. Et leur camion est toujours garé sur le côté.
- Vous êtes observateur boss.
-C'est pour ça que je suis boss. Comment étaient charpentés nos hommes au fait ?
- Des armoires à glaces patron.
-Mmmm. Très bien. Tu restes en bas. Je monte. Si tu vois quelqu'un descendre en courant, laisse le passer, ça sera surement moi !
Inutile de jouer au cow-boy. Je ne l'ai jamais été. En revanche, je suis un sacré cavaleur. Néanmoins, avec les fêtes, tout ça, un acte de bravoure aussi brillant que stupide me vaudrait peut-être une médaille en or. Je sortais alors mon flingue de secours, un ancien modèle de revolver à alarme reconverti en modèle d'assaut. Une alarme fatale !
-Wow patron ,pourquoi deux flingues ?
-Parce qu'un seul ne suffit pas !
C'est alors que je sentais le poids des armes me redonner du courage que j'ai eu l'idée la plus lumineuse de ma carrière. Sortir de la maison et appeler l'équipe tactique. Elle investirait la maison, ferait le travail et je serais l'homme qui a mis toute l'opération sur pied ! Du pur génie !
20 minutes plus tard, alors que ça pétaradait dans tous les coins, je prenais un café crème bien mérité près du fourgon de ravitaillement. Ne rien faire m'avait exténué, c'est tout un art de ne pas en foutre une vous savez ! Ah, j'aime quand mes affaires se déroulent sans accro.
L'équipe avait sauvé Papa Noël. Il était retenu à la cave, enguirlandé comme un arbre des fêtes de fin d'année, un châtiment ironique sans doute.
Nos deux comploteuses en herbes avaient tout avoué : elles s'étaient rencontrées l'année dernière à un colloque sur les jouets issus du commerce équitable. Amoureuses folles, elles avaient voulu balayer tous les obstacles. Joseph Saint s'était avéré être un acteur minable du nom de Jude As. La fortune de Christmas avait permis de falsifier ses papiers d'identités.
C'est ainsi que votre serviteur a sauvé les fêtes de Noël . Ne me remerciez pas, je n'ai fait que mon devoir. Mais si vous tenez vraiment à me remercier, mon compte en banque est le 777-998766-777.
L'homme s'appelait Joseph Saint et était accusé d'avoir mis une crèche dans la mosquée ou le souk dans une église je ne sais plus. Et c'est alors que je lui énonçais les faits qu'il me lâcha l'apocalypse : il avouait tout. Le père de Jésus, c'était lui. Tu parles d'un cadeau. Bon Dieu, Noël pourrait bien se voir annulé si une telle info était rendue publique. Pourtant, je le soupçonnais de ne pas avoir cherché à m'enguirlander. Il me restait 5 jours pour sauver les fêtes où tout cela finirait par sentir le sapin. J'avais les boules…
Plus tôt dans la journée, une Femen avait annoncé en place publique que Noël était annulé ( http://www.lesoir.be/384094/article/actualite/fil-info/fil-info-monde/2013-12-19/noel-est-annule-une-femen-se-denude-place-saint-pierre-pour-l-avorte.) . Connaissait-elle Joseph ? Étaient-ils complices ? Quelqu'un dans l'ombre tirait les ficelles peut-être ? Les questions se pressaient dans mon esprit comme une orange dans une machine à jus ! Il me fallait rechercher la vérité, et ,comme l'a dit le sage, celle-ci est forcément ailleurs.
Pourtant, tout ceci me semblait familier. Et soudain, tel un génie grec prenant son bain, j'ai eu une révélation : il y a plusieurs semaines de cela, on avait tenté d'éradiquer le Père Fouettard ( http://loractu.fr/metz/5323-l-onu-veut-interdire-le-pere-fouettard-les-pays-bas-vises.html). Y-avait-il un lien ? Si oui, pourquoi ? Et si non, pourquoi pas ?
Au fait , j'ai oublié de me présenter, je suis le sergent Dreyfuss, et croyez bien que je ferai l'affaire !
Le Père Fouettard servait d'homme de main une fois l'an à un évêque altruiste accro aux Speculoos . Le reste du temps, il était videur dans une boîte de nuit mal famée : La Ramonée. C'est là-bas que j'allais commencer mon investigation. J'avais un avantage, dû à mon "Eureka" fortuit : j'en savais plus que les autres, et les autres en savaient moins que moi.Fouettard avait une réputation assez étrange. Et il était loin d'être blanc comme neige. Pourtant ,il avait eu un penchant pour la poudreuse. À une époque, révolue, il lui arrivait de sniffer des rails de coke longs comme la 5e avenue. Le faire parler serait facile, le faire se taire sur mes investigations seraient une autre paire de manche.
Je chopais Fouettard alors qu'il sortait de chez lui pour se rendre sur son lieu de travail. Je n'avais pas de temps à perdre, j'allais devoir le malmener! Je l'attrapais par le col et le poussais contre le mur de la maison de son voisin ! Pas le temps de le mettre en contexte, j'attaquais tout de go !
- Donne-moi un nom !!!
-Vos parents auraient dû le faire à la naissance !
Je réalisais soudain que ça marche mieux quand on s'appelle Jack Bauer…
Visiblement, ce sous-fifre ne savait rien et je décidais de retrouver mon bureau quand soudain, le vibreur de mon téléphone s'excita de manière plus voyante que DSK devant un "Playboy" spécial finance.
L'appel m'avait informé de deux choses : Primo, j'avais mal réglé le volume et mon oreille sifflait. Deuxio, une certaine Mary Christmas m'attendait au poste.
-Mlle Christmas ? Sergent Dreyfus. Que faites-vous ici ?
- Je vous attendais.
-J'entends bien. Mais qu'est-ce qui vous a mené jusqu'à moi ?
- Un taxi.
-Oui, mais pourquoi ???
-Parce que ma voiture est en panne.
Visiblement, j'étais tombé sur la cruche de Noël…Et pourtant, quelque chose émanait d'elle. Un parfum que je reconnaissais. Elle portait la même fragrance qui jadis provenait de mon ex-femme : elle sentait les emmerdes …
Mary Christmas avait tout : la classe d'Audrey Hepburn, le parfum de Natalie Portman, les yeux de Paul Newman …et le cerveau de Paris Hilton. D'où mon désespoir.Un miracle de Noël que cette dinde de Christmas ne glousse pas.
J'entrepris de la questionner patiemment (très patiemment) et , après avoir avalé trois xanax ,je finis par apprendre la raison de sa présence : elle était l'héritière d'une fabrique spécialisée dans les jouets et avait eu vent de rumeurs sur l'annulation de Noël. Consciente que son portefeuille pourrait devenir plus maigre que son Q.I (oui, même les ahuris ont des moments de grâce intellectuelle), elle voulait absolument être certaine que l'enquête aboutirait, et vite. Un empire financier lorgnait depuis un moment sur les entreprises de son père et elle avait peur que leurs faiblesses permettent que cet empire contre-attaque.
Je tenais peut-être une piste. Cet empire financier, le "Global Carrot Group", possédait un département orienté uniquement sur les fêtes de Pâques. Avait-il organisé la chute de Noël dans le seul but de déstabiliser certaines entreprises pour les racheter et imposer Pâques au monde entier ? Voulait-il éradiquer, dans un élan mégalo, un vieux bonhomme rouge qui sent le vin chaud bas de gamme par un lapin tout mignon et une petite poule inoffensive ? Je devais en avoir le cœur net avant que le chef ne me sonne les cloches !
En parlant de cloche, Miss Christmas me demanda de la raccompagner chez elle. Encore sous l'effet de mon triple xanax sans glace, je préférais la confier aux bons soins des agents Lecel et Lepoivre. Dans le même temps, je chargeais les agents Géloeil et Lebon de fouiner pour moi et de surveiller le domicile du "prix Nobel" qui venait de quitter mon bureau.
Quant à moi, je décidais de gagner un bar proche de mon petit nid douillet. Je déambulais seul. Seul dans une ville traumatisée et triste. J'avais besoin d'un verre. Je commandais donc une bière brassée avec savoir que je dégusterais sans sagesse : j'ai soif, j'ai pas le temps de philosopher comme un pilier de comptoir plus imbibé que Depardieu frôlant le coma éthylique. Je pensais avoir bien mérité ma Bush de Noël.
Si je m'attaquais au Global Carrot Group, sans preuve et avec juste des présomptions, je risquais de me retrouver dans le même état que lorsque j'avais enquêté sur un trafic de couches-culottes usagées : être dans la merde jusqu'au cou ! Ces pensées s'incrustaient dans mon esprit comme la saleté sous les ongles.
J'ouvrais ma porte pour tomber presque directement endormi sur mon sofa. Cette nuit-là, je fis un rêve étrange. Je m'appelais Noël et j'étais poursuivi par un Dark Vador nain. Son sabre tournoyait dans les airs et je n'avais pour me défendre qu'un bâton de réglisse géant…qui diminuait à mesure que je le mangeais.
Acculé dans un coin , le Dark Vador nain me fit une proposition :
-Rejoins-moi, et ensemble, nous dominerons la réglisse !
- Jamais ! Vous avez tué mon papa !
- Non. Je suis ton petit papa, Noël !
C'est à ce moment que je me suis réveillé. Avec une idée en tête…
Cette enquête me prenait le chou. J'avais la rage aux dents; les dents de l'amer. Mais j'avais un embryon de plan. Pour ça j'allais devoir prendre mon courage à deux mains, chose que je ne fais qu'à cloche-pied. Cependant, la faiblesse n'a jamais été mon fort.
J'allais m'infiltrer chez GCG en me faisant passer pour un ancien employé de chez Christmas Toys. Je ferai miroiter que je suis un employé mécontent au courant de pleins de petites choses utiles. Mais pour cela, j'aurai d'abord besoin d'une lettre de recommandation de Mary Christmas. L'idée de la revoir me fit frissonner d'effroi.
Arrivé devant chez elle, je pris mon temps avant de sortir de la voiture. J'avais rempli mon estomac de calmants, avait chargé ma conscience de courage et déchargé mon flingue de ses munitions. Inutile d'être tenté de mettre fin non pas aux souffrances de la belle mais aux miennes.
Géloeil et Lebon étaient en faction devant la porte d'entrée.
- Alors, on en est où ?
- Et bien chef…elle a de la visite.
- Tout le monde a le droit à une vie privée épanouissante Lebon, même les enfants de Rain Man.
- Oui mais là c'est…
- Et bien quoi ? C'est….?
-Je sais bien que je n'aurai pas du jeter un œil par la fenêtre. Mais vous savez..
- Ça va Lebon, j'ai compris. Vous êtes célibataire depuis un moment, je ne dirai rien dans mon rapport. Mais accouchez mon vieux !
- Et bien, la personne avec elle…c'est la mère Noël.
Par Fulchibar et St Thurgode réunis ! Je n'en croyais ni mes oreilles ni mes narines. N'avais-je pas reniflé sur elle l'odeur si particulière des ennuis ? Avais-je donc été si bête ? M'avait-elle sciemment lancé sur une fausse piste ? Joué à la fausse idiote mais à la vraie sa…tyre ? ( Avouez, z'avez tous crû que j'allais dire "salope" hein ? Et bien non, je refuse d'écrire ce mot ! Non mais ! ). La mère Noël, contrairement à son appellation, est une jeune fille d'à peine 19 ans qui n'a pas été très sage cette année. Toute cette histoire n'allait-elle servir qu'à faire disparaître Papa Noël de l'équation pour que Madame puisse s'envoler loin du pôle Nord sans passer par la case divorce ?
-Géloeil, t'as toujours ton appareil photo avec toi ?
-J'en ai même plusieurs patron !
- Passe moi le premier qui te tombe sous la main et…Mais nom de Dieu, qu'est-ce que c'est que ce truc ?
-Bin c'est mon grand angle patron. Il ne vous plaît pas ? C'est pourtant un modèle recommandé par les vendeurs comme le top du top pour les voyeu…euh, les amoureux de la nature.
- Ok, passe le moi, je te le rends vite.
(Note pour plus tard, surveiller les activités du futur prix Pullitzer de photographie. On sait jamais, je pourrais aimer ce qu'il y sur sa carte mémoire. Oh sergent Dreyfuss, quel coquin vous êtes.)
Apparemment, Miss Christmas et Madame Noël étaient fort proches. Je prenais la photo incriminante et l'envoyait par mail sur mon aPhone. Avec ce cliché, j'arriverais peut-être à obtenir un mandat. C'est à ce moment précis que je tombais dans les pommes : les calmants faisaient enfin effet. Ma dernière pensée fût que non, avaler toute la boîte n'était pas l'idée du siècle finalement…
Je me laissais dériver dans un univers onirique et cotonneux. Vers les années bénies où j'étudiais la théologie. C'est là que j'avais rencontré sœur Céline. C'est là qu'elle et moi avions conclu.
Conclu que non, le séminaire n'était pas un endroit pour nous. Dans notre fuite, j'apprenais que son nom de baptême était Vulfégonde (tu m'étonnes qu'elle soit rentrée dans les ordres tiens, quelle espèce de malade appelle sa fille ainsi ? ).
Je n'avais jamais compris comment elle se débrouillait pour marcher en laissant penser que le sol était plus souple sous ses pieds que sous les miens. Et Dieu, qu'elle était belle…belle comme la femme d'un autre.
Le réveil a été brutal. En lieu et place d'une nonne fugueuse tout droit sortie d'un film hollywoodien pour midinettes, je me retrouvais nez-à-nez avec mes agents de terrain…qui avaient quitté leur poste pour me secourir. Devais-je les engueuler ou les embrasser ? Je décidais de régler une question plus importante : pourquoi diantre étais-je habillé en en clown ?
C'est alors que je voulais avoir une réponse que je me suis réveillé, pour de bon cette fois.
-Patron, j'ai bien crû qu'on allait vous perdre. J'ai du vous faire du bouche-à-bouche.
-Doublement merci Lebon…pour ta sollicitude et ton chewing-gum à la fraise des bois ! Du nouveau pendant que je comatais ?
- Rien de rien, tout baigne dans l'huile boss. Ah si, y a un camion de déménageurs qui a apporté un gros paquet. Il faisait du bruit mais quand j'ai posé une question, on m'a répondu que ça ne regardait pas les poulets et j'ai laissé filer.
L'incompétence crasse de mes agents me donnait paradoxalement l'opportunité d'agir sans devoir quérir un mandat ! En effet, je soupçonnais nos deux criminelles en jupons et petites dentelles rouges de vouloir éliminer les témoins gênants. Silencieusement, j'approchais de la porte d'entrée. Celle-ci n'était pas fermée à clé. Je sortais mon arme et glissais un chargeur.
-Géloeil, garde la porte. Lebon, avec moi !
Nous avancions dans le noir à pas feutrés.
-Dis moi , Lebon…les déménageurs ne sont pas partis n'est-ce pas ?
- Comment le savez-vous patron?
- Une intuition. Et leur camion est toujours garé sur le côté.
- Vous êtes observateur boss.
-C'est pour ça que je suis boss. Comment étaient charpentés nos hommes au fait ?
- Des armoires à glaces patron.
-Mmmm. Très bien. Tu restes en bas. Je monte. Si tu vois quelqu'un descendre en courant, laisse le passer, ça sera surement moi !
Inutile de jouer au cow-boy. Je ne l'ai jamais été. En revanche, je suis un sacré cavaleur. Néanmoins, avec les fêtes, tout ça, un acte de bravoure aussi brillant que stupide me vaudrait peut-être une médaille en or. Je sortais alors mon flingue de secours, un ancien modèle de revolver à alarme reconverti en modèle d'assaut. Une alarme fatale !
-Wow patron ,pourquoi deux flingues ?
-Parce qu'un seul ne suffit pas !
C'est alors que je sentais le poids des armes me redonner du courage que j'ai eu l'idée la plus lumineuse de ma carrière. Sortir de la maison et appeler l'équipe tactique. Elle investirait la maison, ferait le travail et je serais l'homme qui a mis toute l'opération sur pied ! Du pur génie !
20 minutes plus tard, alors que ça pétaradait dans tous les coins, je prenais un café crème bien mérité près du fourgon de ravitaillement. Ne rien faire m'avait exténué, c'est tout un art de ne pas en foutre une vous savez ! Ah, j'aime quand mes affaires se déroulent sans accro.
L'équipe avait sauvé Papa Noël. Il était retenu à la cave, enguirlandé comme un arbre des fêtes de fin d'année, un châtiment ironique sans doute.
Nos deux comploteuses en herbes avaient tout avoué : elles s'étaient rencontrées l'année dernière à un colloque sur les jouets issus du commerce équitable. Amoureuses folles, elles avaient voulu balayer tous les obstacles. Joseph Saint s'était avéré être un acteur minable du nom de Jude As. La fortune de Christmas avait permis de falsifier ses papiers d'identités.
C'est ainsi que votre serviteur a sauvé les fêtes de Noël . Ne me remerciez pas, je n'ai fait que mon devoir. Mais si vous tenez vraiment à me remercier, mon compte en banque est le 777-998766-777.
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