Arme X, c’est le nom du fameux programme qui a tenté de créer des super-soldats dans l’univers Marvel. L’expérience a entre autres créé Wolverine, X-23 ou encore Deadpool. Récit écrit dans les années 80, Arme X se base sur le peu d’informations et les zones floues que le scénariste Chris Claremont a dispensé depuis le milieu des années 70 sur le compte de Logan dans Uncanny X-Men.
En raison du côté sopa-opera de l’univers Mutant chez Marvel, certaines données de ce comics pourraient faire tiquer le lecteur se basant sur des comics plus récent voire sur celui qui ne connaîtra les X-men que par le biais du cinéma. Soit, cela étant dit, il faut se pencher sur l’œuvre elle-même et non sur ses voisines.
Barry Windsor-Smith ne nous aide pas, ne nous ménage pas. L’action débute in media res, floutant les barrières entre flash-back et action présente. Logan, policier au Canada est kidnappé pour subir une intervention peu banale : le métal adamantium devra être greffé à son squelette par une équipe de scientifiques. Petit à petit, les pièces se mettent en place pour arriver vers un récit plus linéaire mais à nous de remettre certaines parties en ordre.
Bien que Logan soit l’élément central, il n’est au final qu’un personnage très secondaire du récit qui se concentre essentiellement sur l’équipe scientifique. Leurs magouilles, leurs doutes, leurs scrupules. Le tout dans une atmosphère anxiogène : le laboratoire de recherches ressemble à un bunker perdu en pleine forêt. Si quelque chose tourne mal, le monde extérieur ne viendra aider personne. Et, on le sait tous, Wolverine s’est échappé de l’endroit avec pertes et fracas. Wolverine qui prend ici la forme la forme d’une force de la nature se rebellant face aux forces de la science sans conscience : la machine à tuer que l'on pensait docile et apprivoisée face à la machine à déshumaniser incapable de comprendre que la vie veut sortir à l'air libre ( thème central de tant de romans et d'histoires de science-fiction, tel le récent Morgan de Luke Scott ou le plus ancien Jurassic Park )
Considéré comme un court sur pattes ( contrairement à Hugh Jackman, Wolverine est décrit et dessiné très souvent comme un homme ne dépassant pas le mètre 70 : Peter Parker est plus grand que lui ), Wolverine prend ici des allures de géant, une bête tenant presque du loup-garou dont on aurait rasé les poils. Ses facultés de guérison et ses griffes de métal en font le parfait tueur de film d’horreur, celui qu’on n’arrêtera pas.
Windsor-Smith livre un récit peu manichéen : à part un scientifique vendu, le reste de l’équipe est plus ou moins correcte ou en tout cas moins pourrie. Wolverine quant à lui a d’excellentes raisons de vouloir sortir du bunker mais ses méthodes sont-elles justifiées ? En livrant le récit tel quel sans voix-off pour expliquer qui est dans le bon qui est dans le mauvais, Windsor-Smith laisse le lecteur se faire son propre avis sur la question. L’œuvre est riche, thématiquement et visuellement, et appelle plusieurs lectures. Et laisse planer le doute sur les griffes du mutant : résultantes de l'expérience ou présentes avant que le métal ne recouvre ses os ? Windsor-Smith semble partisan du fait que l'un des attraits du personnage restent ses zones d'ombres. La futur lui donnera tort : son passé est désormais un terrain défriché et il continue à être apprécié du public.
Le trait de Windsor-Smith est effilé, aérien. Les détails abondent et plongent le lecteur dans une ambiance de SF nihiliste. Seuls les visages font partie des faiblesses du dessinateur tant ils ressemblent à du John Byrne ( c'est-à-dire ridés et semblant être tous issus de la même famille).
Les couleurs criardes d’époque sont un peu kitsch mais participent pleinement à la création de l’atmosphère de l’histoire. Un défaut vite expédié face à l’histoire et aux dessins qui n’en sortent pas desservis. Des dessins mis en valeur par cette nouvelle édition en très grand format qui en met plein la vue.
Arme X est l’un des récits fondateurs de la mythologie autour de Wolverine. Un immanquable, si vous ne l’avez pas encore, qui marque encore le destin du mutant dans les publications qui lui sont dédiées depuis des années.
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