Un recueil compilant tous les travaux gothamites réalisés par le tandem Brian Azzarello et Eduardo Risso , les créateurs de la saga 100 Bullets.
Au programme, l’arc narratif Broken City donc, mais aussi les quelques pages de Gotham Knights déjà publiées dans l’anthologie en deux volumes Batman Black and White, Wednesday Comics et Batman Knight Of Vengeance, mini-série se déroulant durant l’event Flashpoint qui dépeint, entre autres , un monde où Bruce Wayne est mort enfant à la place de ses parents et Thomas Wayne devenant Batman.
Un chevalier noir qui a cultivé quelques différences avec la version incarnée par son fils et que nous connaissons.
Brian Azzarello est un auteur de polar. Il a ça dans le sang. Si il arrive à être très à l’aise et même carrément bon en dehors ( son run sur Wonder Woman le prouve ), il est comme un poisson dans l’eau quand il s’agit de convoquer les codes du roman noir dans ses œuvres. C’est peut-être cette ambivalence qui a convaincu Miller qu’il était la bonne personne pour travailler avec lui au scénario de Dark Knight III : The Master Race et The Last Crusade?
Si chaque histoire présente dans ce recueil respire le roman de détective privé des années 50, c’est réellement Broken City qui enfonce le clou. Si vous enlevez la couche « Batman », vous vous retrouvez avec une histoire de privé enquêtant sur un meurtre, une Police coopérante mais pas très chaude à l’idée de voir un chien fou jouer dans leur jeu de quille, une femme fatale aguicheuse, des pontes de la pègre et une exploration des bas-fonds peuplé de populations défavorisées.
Batman étant un héritier des romans pulps de détective , cet ADN roman noir se glisse parfaitement dans son univers sombre et violent. Azzarello nous plonge dans une intrigue tortueuse narrée en voix off par un Batman en pleine introspection : il ne lui manque que la clope au bec et la bouteille de gin dans la poche de sa cape.
Assurément le meilleur morceau de ce livre, Broken City se hisse presque au niveau d’un Batman Year One tant les deux font le pari d’un univers certes codifié « Batman » mais ramené à une dimension presque réaliste : plus Nolan que Burton. D’ailleurs, Knight Of Vengeance présente un Joker fort ressemblant visuellement au Joker incarné par feu Heath Ledger (et « Joker », scénarisé par Azzarello et mis en dessins par Lee Bermejo , présentait un Clown psychopathe qui s’en approchait également. Difficile de ne pas penser que Nolan s’en inspira pour son The Dark Knight…et il aurait eu tort de se priver de piocher dans un corpus riche et varié).
Cependant, il serait mensonger de prétendre que seul Broken City tire son épingle du jeu. La mise en bouche en noir et blanc annonce la couleur de la suite : ça sera violent, ça sera psychologique et ça se lira bien trop vite.
Les dessins de Risso , un peu cartoonesques , flirtent avec la grandiose. Sa gestion des ombres et du clair obscur sont parfaitement adaptés à l’univers de Gotham City. Il se paye également le luxe de faire quelques clins d’œil au style de Frank Miller le temps de quelques cases.
Du très bon Batman en somme.
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