Et l’une des dernières parutions Hélios provient de la branche Actu SF : La stratégie des As, du belge ( cocorico ) Damien Snyers.
Mêlant polar , fantaisie urbaine uchronique et une bonne dose de dérision.
James est un elfe qui vit d’expédients avec ses complices : Elise, une demi-elfe (ou demi-humaine selon le point de vue où l’on se place ) et Jorg, un troll plus intéressant que la moyenne du reste de son espèce. Nos trois larrons se retrouvent embarqués dans une tentative de vol dans une villa bourgeoise. S’ils réussissent, ils seront riches.
S’ils échouent, James a un bracelet magique et explosif attaché au poignet qui se fera une joie de terminer en feu d’artifice à la Gandalf ! Voila donc de saines et belles motivations de ne pas se louper n’est-il pas ?
Écrit à la première personne, le roman, relativement court, adopte le point de vue de James dont le langage franc et parfois taquin-acerbe crée une connivence directe avec le lecteur qui ne peut que difficilement ne pas être empathique à son égard, même quand ce dernier nous narre quelques fourberies criminelles des plus sanglantes. C’est que si vous vous attendiez à retrouver un clone de Legolas, passez votre chemin.
Comme toute histoire de braquage classique, Damien Snyers nous offre d’abord de faire connaissance avec les joueurs en place tout en avançant prudemment sur l’échiquier, avant un dernier acte où tout se résout, Ocean’s Eleven style. Alliant donc de concert action et réflexion , le récit progresse vite et sans temps morts. Et sans fioritures ou aspérités.
Mis à part un univers original, l’histoire est d’une facture fort classique et ne doit sa réussite qu’à une plume sympathique et un exotisme étrange situé entre le familier et l’irréel d’un monde parallèle. Que tout soit narré par James nous coupe aussi d’une plongée profonde dans les pensées et les personnalités des autres personnages qui n’existent donc que par leurs paroles et leurs actes, décodés par James que l’on devra croire sur parole ( il est d’ailleurs souvent étrange de constater que les lecteurs sont prêts à croire un récit raconté par un arnaqueur et un escroc ).
Les lecteurs belges ne manqueront pas de repérer quelques allusions au plat pays de Brel qui, d’un naturel tenant du clin d’œil , ne viendra pas perdre les autres lecteurs francophones . Des clins d’œil côtoyant quelques autres références , littéraires cette fois-ci, l'auteur connaissant son Conan Doyle et son Edgar Poe.
Mais il est difficile de penser qu’un univers aussi cohérent et pensé ne soit là que pour faire tapisserie. En tant que premier roman, imparfait mais sympathique, La stratégie des As pourrait fort bien servir de socle à l’extension de son univers charmant, si proche et pourtant atypique.
Un récit court, sans prise de tête , idéal pour passer le temps agréablement. Mais l’on nage à peine au-dessus d’un roman de gare de luxe, défaut que l’on pardonnera en raison de la sympathie du style et du fait qu’il s’agit ici d’un premier essai.
Qu’il faudra désormais transformer.
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