vendredi 18 mars 2011

L'amour dans la peau.

Nouvelle adaptation d'un écrit de Philip K. Dick, "The adjustment bureau " (L'agence en VF, titre qui fait plus penser à la C.I.A qu'autre chose, mais bon, passons encore une fois sur la débilité de beaucoup de traductions) n'atteint pas le niveau d'un Minority Report ou d'un Blade Runner…et j'ai envie de dire " et alors ? "

Il nous arrive tous à un moment ou un autre de maudire le destin , de ne pas le comprendre. Que l'on y croit ou pas, cette notion est si encrée dans notre inconscient collectif qu'il est impossible de ne jamais se demander pourquoi certaines choses nous arrivent. De se demander si quelque part, quelqu'un ne tire pas certaines ficelles. David Norris ne se pose pas la question car David Norris sait, car David Norris les as vus. Ils sont déjà parmi nous : les agents du destin, les membres de l' adjustment bureau .

Jeune député briguant un mandat au sénat, David (Matt Damon) perd les élections. Ce soir-là il rencontre par hasard Elise ( Emily Blunt) . Elle chamboule David qui chamboule alors son discours de défaite. Et en chamboulant son discours, David s'assure de ne pas se faire oublier et de pouvoir repartir à l'assaut d'un mandat aux prochaines élections. Une rencontre avec une jeune femme crée une voie vers le succès politique. Un effet domino inattendu…un simple hasard ,vraiment ? Et qui sont ces hommes au look année 50 qui semblent le suivre de près ? Un jour David voit le revers de la réalité, il voit le réajustement que ces hommes font subir à certains. Au pied du mur, ils lui révèlent qui ils sont et les conséquences si il venait à divulguer leur existence. Mais pire que tout : ils lui interdisent de revoir Elise et font tout pour que ça n'arrive jamais. 3 ans plus tard, David n'a pas oublié Elise…et le hasard la remet sur son chemin. Dès lors il va devoir affronter une force implacable et aller contre " le plan ".

Aaaah l'amour. Ce sentiment qui nous pousse à nous dépasser. Le sujet a été maintes fois ressassé et n'a plus rien d'original. Le contexte par contre peut l'être. Et il l'est ici. Peut-être un peu trop. En effet, en ne dansant jamais uniquement sur le registre de la science-fiction pure, du fantastique ou du film d'amour, le film risque de ne pas trouver son public. Car le public en général aime pouvoir ranger un œuvre dans une catégorie précise (et je parle autant du public américain qu'européen, l'humain est ainsi fait!). Mais en soit, cela est plutôt rafraichissant de voir que le mélange des genres existe encore. Malheureusement, en mélangeant les genres il faut leur accorder à chacun de l'attention et celle portée par le scénariste-réalisateur au développement de l'histoire d'amour est un peu faible. Qu'importe les approximations des dialogues car l'embryon de sentiments qui émane de la réalisation est magnifié par la superbe musique de Thomas Newman ( Meet Joe Black, Road To Perdition, Finding Nemo,…) qui compense, et brillamment, sans trop en faire se que le réalisateur n'a su faire.


L'autre défaut à pointer du doigt est que le réalisateur n'a pas poussé plus loin sa réflexion sur certains concepts présents dans son film : la paranoïa d'être toujours surveillé n'est qu'esquissée, les réécritures du plan qui créent des bug (ou divers strates de réalité ? ), les effets domino quand le " Destin " se met en place, ou encore les portes qui mènent en des points précis et qui marchent en fonction du substrat du sol… mais un film ne durant pas 10 heures, il est impossible de voir ces concepts exploités à fond (mais les voir même un peu au cinoche vous arrachera des sourires de mômes). On notera aussi que la nature des agents n'est jamais révélée mais reste néanmoins fort ancrée dans le religieux même si chacun est libre de les voir comme il l'entend (extra-terrestres,anges, ou tout autre concept qui vous parle). Cependant, on peut les voir comme une métaphore de l’administration (métaphore à peine voilée quand on voit le fonctionnement interne de ce bureau ) et de son obsession pour que tout se passe sans accrocs ni états d'âme. Dans une société humaine,montrez de l'humanité dans la gestion est tout bonnement impensable voyons !

Au final, The adjustment bureau est un film un peu batard, un peu hybride…comme si K.Dick se distillait dans du Neil Gaiman qui ne se serait pas foulé. Mais son rythme, ses interprètes ( Matt Damon en tête…et on le comprend quand on voit Emily Blunt) transmettent une force qui fait qu'on ne s'ennuie pas une seconde et qui nous fait sortir de la salle avec cette envie soudaine et brute. Une envie de tomber amoureux.

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