Jake Sullivan est aussi un taulard en ce début des années 30.
Mais parfois, il arrive que l’on soit en taule et un pro dans un domaine d’expertise particulier. Alors un jour, un procureur ou votre avocat arrive avec une proposition. Comme travailler pour le FBI pour stopper des malfrats experts dans votre domaine. Oui, comme Frank Abagnale dans « Catch me if you can » de Spielberg ( inspiré d’une histoire vraie).
Alors Jake accepte, parce que même si Hoover est un sale connard, l’agent Purvis lui semble honnête. Et puis Purvis, n’a aucun pouvoir magique lui.
Ah, je ne vous ai pas dit ? Depuis quelques siècles, la magie a fait son apparition dans le monde. Tout le monde n’est pas capable d’en faire et ceux qui le sont sont désignés comme étant passif ( petit pouvoir ) ou actif ( plus grosse capacité). Aucun actif n’a plus d’un pouvoir ( sauf une personne sur Terre ) : certains se téléportent, d’autres maîtrisent la météo, etc…
Les lecteurs de comics et les spectateurs habitués aux X-men penseront aux mutants de Marvel en lisant ce descriptif mais au fil de la lecture, ils constateront que l’auteur, Larry Correia , ne s’est pas contenté d’ingurgiter pas mal de la pop culture américaine ( polar à la Marlowe, super-pouvoirs à la comic book, etc…) : il en joue et crée son propre petit univers en utilisant des codes existants. J.K Rowling et même Tolkien en ont fait autant.
La première chose qui frappe, c’est le clash entre les genres : polar, fantastique, SF…un mélange qui fonctionne bien car le monde décrit par l’auteur fonctionne bien. Ensuite, contrairement à Rowling qui faisait de ses sorciers des enculés de première (oui, même Mr Potter ) en refusant de s’intégrer au monde et d’aider, dans un élan humaniste, à faire en sorte que les choses aille mieux ( comme, je ne sais pas moi….régler les crises énergétiques et alimentaires, raisons principales des guerres dans le monde et réglables en un coup de baguette magique par Dumbledore et sa bande ? ), les « magiciens » de Correia participent au monde. Bien entendu, la nature humaine est ce qu’elle est : quand on a un don, on en tire profit, même un minimum. Mais ils participent à changer le monde sans garder pour eux leur précieux petit pouvoir.
Dans le registre des codes du genre, on retrouve cette lutte du bien contre le mal mais le bien de l’un n’est pas le bien de l’autre et le manichéisme tant à s’effacer car Larry Correia, s’il suit surtout deux personnages ( Jake et la jeune Faye) n’oublie pas , un peu à la manière de G.R .R Martin, d’écrire des chapitres du point de vue des personnages plus sombres. Faire le mal pour le plaisir d’être un salaud n’est pas la motivation première des personnages, même les plus pourris.
Premier tome d’une trilogie, Magie Brute arrive à exposer les enjeux qui seront développé, fournir une histoire complète et presque auto-contenue ( à la manière du premier Matrix ou de Star Wars : A New Hope ) et présenter une galerie de personnage à la psychologie suffisamment travaillée pour qu’ils ait du relief. Le style de Correia est direct et très visuel mais manque de personnalité littéraire. Mais il lui arrive des fulgurances stylistiques particulièrement bien tournées et se situent bien au-dela des neuneux Musso ou Lévy qui se contentent d’une structure sujet-verbe-compléments.
De l’excellente mauvaise littérature qui devraient contenter les amateurs de pop-culture qui cherchent autre chose que la recette Harry Potter ( bonne au demeurant, mais qui au final n’est qu’un Fast Food de luxe quand À la croisée des mondes ou la trilogie Sabriël , moins connues et reconnues par le grand public se classent facilement au-dessus.)
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