samedi 17 juillet 2010

Enfer sur Terre

On reste dans le registre des mort-vivants ce soir puisque voici la critique du cross-over Spawn/WildC.A.T.S scénarisé par Alan Moore.

Ce cross-over date de 1996,et à l’époque où il fut initié,Spawn et WildC.A.T.S faisaient tous deux parties du collectif d’éditions Image Comics. Bien que chaque studio faisait ce qu’il lui plaisait,il était établie au tout début de l’aventure Image Comics que les héros évolueraient dans le même univers,à l’instar des héros des éditions Marvel ou DC. Seulement voila, en cours d’écriture, Jim Lee revend son studio à DC…cette aventure devient alors un cross-over inter-éditeurs de plus avec aucun impact sur la continuité…ce qui est une bonne chose vu le résultat. Pourtant au départ, prendre Moore pour scénariser tout ça est sensé : il a en effet travaillé sur les deux séries et en connait donc certains rouages. Et malgré cela, Moore ne fournit qu’un travail où il ne s’est clairement pas foulé.

L’histoire commence un soir dans l’immeuble des Wildcats. Ils sont attaqués par Spawn qui recherche deux personnes qui répondent aux noms de Zélote et Grifter. En effet ces deux là ont tenté de l’éliminer plus tôt dans la soirée. Mais une fois sur place, Spawn reconnait que la Zelote et le Grifter qui sont là ne sont pas ceux qui l’ont attaqué. Ceux qui l’ont attaqué proviennent en fait du futur et voulait empêcher la fin du monde.Dans 6 mois, Spawn vaincra Malebolgia,le diable auquel il est lié,et absorbera son pouvoir. Devenu un dieu sur Terre, il fera régner sa loi sur le monde, massacrant les héros, remplissant des harems de super-héroïnes (normales, aucune n’est moche, c’est la règle dans les comics) pour que ses sbires puissent se…détendre.Tout ce petit monde décide de partir dans le futur pour combattre Spawn,devenu l’Ippsissime. Spawn lui aussi fait le voyage pour combattre ce double maléfique dans lequel il ne se reconnait pas.



De l’action, de l’action, encore de l’action, des dialogues peu inspirés…On est très loin du Moore de Watchmen ici alors qu’un autocollant sur la jaquette du livre arbore fièrement cette partie du C.V de l’auteur. La lecture est laborieuse, même dans les moments où Moore se montre un brin plus original en introduisant un étrange panthéon et parle de magie (son fond de commerce quand même merde). Entre besoin d’argent et dictats éditoriaux de la part de chaque propriétaires des personnages il n’a sans doute pas eu toute latitude pour écrire son scénario…ce n’était pas une raison pour écrire à la va vite cette histoire, surtout que le pitch n’est pas mauvais en soi. Après tout, en général c’est un individu ou un équipe qui vient du futur apocalyptique qui arrive dans notre temps pour empêcher la catastrophe…c’est déjà plus rare de voir une équipe de présent partir réparer le futur. Il garde cependant un niveau moyen (donc plus élevé que le reste) lorsqu’il aborde les sujets sur le voyage dans le temps comme les boucles temporelles (et invente même un moyen pour en sortir,mais traité trop vite. On reste donc un peu dans le flou sur le pourquoi du comment),l’impossibilité de changé ce qui est et ce qui fut etc…mine de rien faire cohabiter ces divers aspects que la fiction prête aux voyages spatio-temporels n’est pas rien.Mais en ne traitant ça qu’en surface,Moore rate le coche.

Les dessins de Scott Clark quant à eux ne sont pas éblouissants . L’homme respecte la mode de l’époque avec des filles filiformes et des hommes baraqués comme des armoires à glaces géantes. Ça a pris un petit coup de vieux.

Au final,je reste quand même partagé : on est face à un plantage total mais pas face à une bouse. Cependant,si vous voulez lire du bon Moore,attaquez Watchmen ou La Ligue des Gentlemen Extraordinaires.

2 commentaires:

Kiwi Kid a dit…

Bah c'est le problème avec Moore: faut lire les titres qu'il a initié ou ceux où il a fait ce qu'il voulait, sinon c'est le minimum syndical. J'ai l'impression qu'il ne veut surtout pas utiliser ses idées géniales pour qu'un autre que lui (l'éditeur par exemple) en profite. Okay, il a fait Watchmen et c'était incroyable, mais ce n'est pas pour autant que toutes ses œuvres se valent. C'est comme si les derniers albums de Micheal Jackson, on avait mis "par l'auteur et interprète de Thriller", c'est vrai mais ça ne vaut pas une reconnaissance de la qualité de la présente œuvre...

Geoffrey a dit…

C'est limite malhonnête de sa part je trouve. Warren Ellis fait un peu pareil sauf qu'il a toujours dit et répété qu'il ne se donnait pas à fond pour le mainstream...et je me demande si c'est pas souvent pour faire jaser qu'autre chose parceque ses thunderbolts par exemple étaient bien au dessus de la mêlée. Enfin..j'ai toujours eu le sentiment que Moore se croyait sorti de la cuisse de Jupiter,mais c'est un autre débat ça.