Eli est un clochard.Au bout du rouleau, il se trouve au dessus d'un toit et est prêt à sauter. Belle est une pute, dont le mac se sert comme d'un punching-ball en ce moment. Seven est un tueur à gages sur le point d'être lui éliminé. Et Matthew est un jeune homosexuel passé à tabac. Ce petit monde n'aurait jamais dû se rencontrer de leur vivant. Mais voila, ils sont morts. Et chacun d'eux se retrouvent sur un bateau voguant sur le Styx. Direction : l'enfer. Car si Dieu est amour, il y a néanmoins des règles à respecter: pas de places pour les suicidés dépressifs,les assassins, les sodomites ou les filles de mauvaise vie qui pourraient pourrir l'ambiance et tacher les si jolis petits nuages blancs du Paradis.
Arrivés sur place, chacun se voit attribuer son enfer perso. Belle est collée dans une chambre miteuse et sert de " vide couilles" aux gardes de sécurité. Seven subit des tortures pour briser son esprit,Matt est interné pour être soigné et Eli vit comme une ombre,un oublié de la vie. Quand l'un d'eux décide de s'évader il va emmener malgré lui les 3 autres dans son expédition. Et en chemin ils vont trouver un allié des plus inattendus.
Évadés de l'enfer est un roman court, jubilatoire, hérétique,empli d'idées blasphématoires pouvant conduire à l'Index ( comme la vision que l'on peut avoir de Lucifer quand on prend les choses de son point de vue) ,diablement bien construit et écrit par Hal Ducan, l'auteur d'un immense dyptique (immense en nombre de pages) composé de Velum et Encre. Ne les ayant pas lus je ne peux dire si le style de l'auteur s'est plié au jeu de réduire son écriture pour livrer cet inédit Folio SF ou si il a juste eu envie d'écrire une œuvre bien plus courte et compacte. L'enfer prend ici la forme d'un New York décalé, comme si il surgissait d'un univers parallèle. Avec des règles tout droit sorties d'un épisode de la 4me dimension. Les évadés le remarqueront vite dans leur lutte pour vivre décemment…dans la mort.
Duncan lance des idées et des concepts à une vitesse folle et arrive à créer l'exploit de ne pas nous laisser sur notre faim en en lançant tellement sur si peu de pages (à peine 200) comme en nous expliquant en 3 lignes pourquoi les fleuves de l'Enfer sont ceux de l'enfer grec et que c'est pourtant le Dieu chrétien qui trône au firmament, tout en n'oubliant jamais de faire " vivre" ses personnages et de les caractériser. Une sorte de Neverwhere de Neil Gaiman à la sauce infernale. La fin est ouverte mais d'une manière plus poétique que commerciale…mais je ne serais pas contre de me laisser emmener dans d'autres sphères comme le purgatoire et le paradis. L'action débridée et sanglante, le suspense, la magie,l'horreur ,la connaissance biblique, les dialogues aux accents tarantinesques,l'humour, des anges, des démons,tout ça est envoyé dans votre tronche comme un melting-pot pourtant tellement cohérent. Duncan s'amuse même avec les procédés narratifs passant de l'un à l'autre sans se soucier des convenances. Cela ne fait que désarçonner le lecteur qui, si il est ouvert d'esprit et je pense qu'il l'est si il achète ce genre d'ouvrage, s'accrochera encore plus aux pages, époustouflé par la facilité avec laquelle Hal Duncan jongle avec tout son bazar.
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