Projet maudit de Darren Aronofsky( le réalisateur de Requiem for a dream),The Fountain a failli ne jamais voir le jour. Abandonné par Brad Pitt peu avant le tournage, le film a été repensé pour pouvoir se monter avec un budget amputé drastiquement faute d’acteur bankable attaché au projet. Finalement, en recentrant l’histoire sur ce qui importait vraiment et surtout sur ses personnages, l’œuvre en sort sans doute grandie.
Mais ce fut un chemin de croix pour réaliser ce long-métrage. A tel point qu’Aronofsky avait un temps abandonné le projet pour le confier au soins du dessinateur Kent Williams chargé de mettre son scénario en images pour en faire un comic book du label Vertigo.
Les droits en VF de ce comic appartiennent aux éditions Emmanuel Proust et il est difficile de se le procurer depuis un moment déja. Il offre une perspective intéressante au projet, et comparer les deux œuvres serait un exercice intéressant...mais long et harassant.
Tomas Creo est un conquistador au service de la reine Isabelle d’Espagne. Le pays est gangrené par l’inquisition et le sang est versé de plus en plus fréquemment. Alors que l’étau se resserre autour de son cou,la reine charge Tomas de découvrir l’arbre de vie (dont la sève serait la fontaine de jouvence cherchée par Ponce de Léo) caché par Dieu après qu’Adam ait gouté à l’arbre de la connaissance. Celui-ci serait caché par une pyramide maya. Pour sauver sa reine d’une mort certaine et revenir vivre auprès d’elle une existence éternelle, Tomas part affronter les dangers de la Nouvelle-Espagne.
Tom est astronaute. A bord d’un étrange vaisseau ne contenant que lui et un arbre immense qui lui sert de nourriture, il tente de rejoindre Xibalba,un astre mourant dont les mayas croyaient qu’ils s’agissaient du royaume des morts. Le voyage est long et Tom est hanté par le fantôme d’une femme lui demandant de terminer quelque chose.
Tommy Creo est un savant. Il travaille jour et nuit sur un moyen de soigner le cancer. Délaissant ainsi sa femme Izzy. Cette dernière est mourante et il a choisi de tout miser sur la recherche pour la sauver plutôt que de passer le reste du temps qui lui est imparti avec elle.
Ces trois histoire se mêlent et se démêlent, laissant progressivement se dévoiler les connexions et les interconnexions les reliant. Bien que visuellement bluffant, le sujet de The Fountain est des plus simple mais aussi des plus efficace : jusqu’où va-t-on par amour ? Cet amour qui peut rendre fou et vous faire perdre de vue toutes les perspectives. Car par amour, Tom/Tomas/Tommy préfère s'isoler que de profiter encore de l'objet de son affection. L'amour s'occultant lui-même tant il est fort, voila le vrai sujet du film. Un tel amour n'existe plus après un certain âge, c'est l'amour tel qu'on le conçoit adolescent: l'amour fou qui terrasse toutes les barrières ( c'est aussi celui qui mena à la mort Roméo & Juliette). Et dans un élan de poésie cinématographique, Darren Aronofsky nous replonge dans cet état d'âme. Un état qu'on voudrait tellement retrouvé que l'on souffre pour Tom, lui qui a la chance et le malheur d'encore ressentir ce sentiment avec une telle force ! On ressort de la salle un peu ailleurs, presque K.O, comme si on avait laissé quelque chose derrière nous quand le générique s'achève. Parce que le film frappe fort et juste, là où ça fait le plus mal et le plus de bien: au cœur !
Dans le(s) rôle(s) que Brad Pitt devait tenir l’on retrouve l’excellent Hugh Jackman qui prouve encore une fois que le rôle de Wolverine ne lui colle pas à la peau. Face à lui l’on peut voir une Rachel Weisz émouvante et resplendissante en femme résignée,en paix avec elle-même (elle le dit dans le film " je n'ai plus peur Tommy...") face à sa mort prochaine.
Le film se termine dans une extase cinématographique où les trois histoire se fondent en une et où la métaphysique,la mort,le temps et l’amour se confondent. Et quand de tels concepts se mélangent, alors tout devient possible...
Tout devient possible car pendant que Aronofsky chamboulait nos sentiments, il distillait petit à petit plusieurs concepts philosophiques (ou religieux) et des éléments visuels forts (le travail de cadrage est d'ailleurs l'un des grands atouts techniques du film). Tout a un sens : une alliance qui disparaît, des tatouages phagocytant un corps autant tortures que marques d'appartenance à un être qu'on a aimé plus que tout. L'univers visuel du film ne tend que vers ça : aider le héros à accepter son sort final. Que la mort ne peut être évitée, car elle fait partie intégrante de la vie : la quête de la vie éternelle n'est qu'une chimère, mais cela en fait le meilleur parcours initiatique pour peu qu'il ne soit pas vain. Et une telle quête ne peut être vaine si elle est déclenchée par l'amour.
The fountain est donc clairement un film qui divise. On aime ou on déteste mais il n’y a aucun juste milieu. Peut-être parce qu’il fait plus appel à nos émotions qu’à notre esprit conscient.
Et si l’on y ajoute la musique de Clint Mansell(Requiem for a dream) que l’on peut qualifiée de classique instantané et bien l’usine lacrymale fonctionne un maximum à la fin du film. Le compositeur fait ici appel à un orchestre des plus petits : le Kronos Kartet est accompagné par le groupe de rock Mogwai et le résultat s’écoute en boucle chez les possesseurs de la bande originale.
Le film se classe sans honte aux cotés d’un Blade Runner qui lui aussi cherchait à disséquer un peu l’âme humaine.
Pour l’anecdote il faut signaler que c’est Cate Blanchett qui devait tenir le rôle d’Izzy avant la défection du sieur Pitt. Qui depuis lors retrouve l’actrice dans divers films (Babel, The curious cas of Benjamin Button).
2 commentaires:
mmmh...
Je passe aussi. Désolé...
I'm not a Huge Jackfan.
(trademark pour blague pourrie déposée).
elle m'a fait rire elle est donc pas si pourrie comme blague... faut juste pas en abuser de cette finte lol ;-)
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