8 ans ont
passé depuis que Batman a endossé la responsabilité des meurtres commis par
Harvey " Double-Face" Dent ! Batman ne s'est plus jamais montré, Dent
a été porté aux nues et Gotham a gagné sa guerre contre la pègre. Cependant,
l'arrivée d'une cambrioleuse de charme et d'un terroriste masqué va forcer
Bruce Wayne à redevenir l'homme chauve-souris. Mais a-t-il encore le feu sacré
?
J'ai déjà
évoqué le fait que Christopher Nolan opère comme un magicien. Et donc que son
film Le prestige est une sorte de mode d'emploi de son mode de fonctionnement !
Avec sa trilogie Batman, j'ai maintenant une preuve de ce que j'avance !
Tout tour
de magie est composé de trois parties ou actes. Le premier s'appelle la
promesse. Le magicien vous montre une chose ordinaire, mais évidemment elle ne
l'est pas : Batman Begins était la promesse ! Un film qui posait des bases tout
en contenant une histoire autonome. Le second acte s'appelle Le tour : le
magicien accomplit un numéro et fait disparaître quelque chose : The dark knight était le tour, Nolan jouait avec nous et nos nerfs grâce au Joker et
Batman disparaissant dans la nuit. Mais faire disparaitre un objet n'est pas
compliqué, il faut le faire réapparaitre. C'est pour cela qu'il y a un
troisième acte appelé Le prestige ! Et The dark Knight Rises est prestigieux !
Moins qu'Inception par contre, mais j'y reviendrai !
Christopher
Nolan et son frère Jonathan ont joué avec nos attentes. Et ont composé avec un
élément dramatique : la mort tragique de Heath Ledger, dont la composition du
Joker lui a valu un Oscar posthume. En effet, The dark knight rises est un film
qui ne devait pas voir le jour dans sa forme actuelle. Depuis 2005 et la sortie
de Batman Begins, on savait via diverses interviews que la saga devait se
conclure dans un film qui aurait en toile de fond le procès du Joker. En
proposant une histoire qui se déroule 8 ans après The Dark Knight, les auteurs
proposent quelque chose de presque neuf.
Bruce Wayne
embrasse au début du film l'un des aspects récurrents des héros ou anti-héros
nolaniens : la douleur d'avoir perdu la femme de sa vie. Rachel Dawes dans le
cas qui nous occupe, personnage totalement original n'apparaissant nullement
dans le comic. Il se cloître dans son chagrin et son manoir, les rumeurs d'un
nouvel Howard Hughes sur son compte vont bon train (Nolan a voulu pendant des
années réaliser un film sur Hughes mais The Aviator de Scorsese a enterré son
projet). C'est l'arrivée de Selina Kyle, voleuse de charme et de biens qui va
le faire sortir de son cloisonnement, la pister lui redonnant le sourire, cela l'amuse un peu de jouer au chat et à la chauve-souris. Mais c'est l'arrivée de Bane, un redoutable terroriste fanatique héritier de Ra's Al Ghul, qui va
faire sortir Batman de sa grotte ! Et là fini de rigoler, Batman va en baver !
Nolan coupe
court à tout ce que l'on pouvait attendre de cette suite. Il semblait évident ,
vu la fin de The dark Knight, que le 3me opus verrait Batman continuer sa
croisade avec les flics aux basques. Que nenni , il a remisé cape et masque. On
s'attendait à un adversaire légendaire et emblématique ? Nolan nous sort Bane,
adversaire relativement neuf dans l'univers de la chauve-souris ( il est apparu
dans la saga Knighfall au début des années 90 ).
Tout comme pour
The Dark Knight,Nolan choisit de ne pas complètement faire de Bruce le
personnage principal , c'est un film où chaque personnage a de l'importance et
un beau temps de présence à l'écran : leurs interactions marquent durablement
les esprits et petit à petit tout ce petit monde nous mène vers un maelstrom
émotionnel. C'est la grande force du film : ses personnages et leurs
sentiments.
Mais que
serait des personnages sans des acteurs brillants derrière eux ? Christian Bale
est encore une fois excellent dans le rôle de Bruce Wayne et ce alors que Nolan
l'emmène vers des recoins jamais explorés dans les deux précédents films. Tom
Hardy en Bane, personnage constamment masqué, arrive à faire passer énormément
de choses par son simple regard. Et quand ces deux là se rencontrent pour en
découdre, ils sont littéralement habités par une force brute ! Les deux bonnes
surprises sont Joseph Gordon-Levitt dans le rôle d'un flic idéaliste qui croit
encore fermement que Batman peut faire changer les choses, sa conviction et sa
foi en cette idéal traversent le film de part en part et il n'est pas
foncièrement faux de penser que le vrai héros du film, c'est lui ; et Anne Hathaway
en Selina Kyle/Catwoman quant à elle est à tomber par terre. Son jeu est
subtil, sibyllin, félin ( son costume et son déhanché aide un peu)…et
terriblement violent quand les situations l'exigent. Ses tourments intérieurs
la portent jusqu'au bout du film.
Néanmoins,
le film n'est pas exempts de menus défauts : l'image ne rivalise pas avec le
niveau de détails de celle d'Inception et le montage est parfois un peu étrange
dans ses ellipses narratives qui donnent l'impression qu'une histoire devant se
dérouler sur plusieurs mois se déroule en fait sur quelques jours.
Broutilles évidentes quand le reste du film, son rythme, son souffle épique et son intimisme le tirent vers le haut de gamme absolu ! La musique d'Hans Zimmer n'est pas en reste et transcende parfois certains passages et sert de vecteur émotionnel et non plus démonstratif ou illustratif de l'action proprement dite. Pour ses raisons purement techniques,je place Inception au somment de la filmographie de Chris Nolan...Mais seulement d'une tête d'avance !
Broutilles évidentes quand le reste du film, son rythme, son souffle épique et son intimisme le tirent vers le haut de gamme absolu ! La musique d'Hans Zimmer n'est pas en reste et transcende parfois certains passages et sert de vecteur émotionnel et non plus démonstratif ou illustratif de l'action proprement dite. Pour ses raisons purement techniques,je place Inception au somment de la filmographie de Chris Nolan...Mais seulement d'une tête d'avance !
À un niveau
purement cinématographique, le film joue sur les antagonismes évidents ( les
looks de Batman et de Bane) mais aussi plus subtils dans le sens où ils ne
sautent aux yeux qu'à la seconde vision alors qu'ils apparaissent dans des
scènes d'actions ( revoyez les 2 combats de Bane contre Batman : l'un est clairement
l'opposé de l'autre en termes de contexte, décors,musique, etc…). Christopher Nolan continue aussi de nous
abreuver de son amour pour les films de James Bond avec une scène
d'introduction choc ou encore le personnage de Lucius Fox qui ressemble
énormément à Q (fournisseur de gadgets
mais aussi figure paternelle évidente, au même titre qu'Alfred ou James Gordon
).
Il y a encore beaucoup à dire sur ce film mais il faudrait rentrer dans les détails et ce au risque de trop en révéler. Ça sera donc pour la fin de l'article : une fois la critique finie,nous pourrons passer en mode d'analyse !
Nolan
réussit un double exploit : non seulement il conclut une trilogie composée de 3
films aux tons différents chacun et qui se tient de bout en bout ( des éléments
de Begins et de The dark knight servent de moteurs à The dark Knight Rises )
mais il pulvérise la concurrence super-héroïque, celle composée de héros plus
grand que nature et qui en mettent plein la vue mais oublie leur scénario dans
leur loge.
Comme toujours chez Nolan, ses propres thématiques (voire obsessions) se retrouvent dans son approche du film et des héros. D'aucun lui reprocheront de le faire, trouvant qu'il dénature alors l'œuvre de base et l'adapte en prenant trop de liberté ( comme il l'a fait sur Le prestige, très proche et très différent du roman). À ceux-ci je réponds : si vous voulez voir un Batman comme dans le comic book,lisez un comic book. Nolan livre un Batman de cinéma, fait pour le cinéma et dont l'histoire cinématographique dans son entièreté se tient !
Comme toujours chez Nolan, ses propres thématiques (voire obsessions) se retrouvent dans son approche du film et des héros. D'aucun lui reprocheront de le faire, trouvant qu'il dénature alors l'œuvre de base et l'adapte en prenant trop de liberté ( comme il l'a fait sur Le prestige, très proche et très différent du roman). À ceux-ci je réponds : si vous voulez voir un Batman comme dans le comic book,lisez un comic book. Nolan livre un Batman de cinéma, fait pour le cinéma et dont l'histoire cinématographique dans son entièreté se tient !
Avec The
Dark Knight Rises, Christopher Nolan surclasse tout le genre super-héroïque et a salé en quantité les terres derrière lui. Continuer à faire des films de super-héros après
son passage n'est donc pas que risqué, c'est suicidaire créativement ! *
Le prochain défi grand de Christopher Nolan serait de mettre en scène lui un être aussi connu et emblématique que Batman : James Bond ! L'agent 007 et ses aventures, dont Nolan est friand, vont sans doute atteindre des sommets insoupçonnés s'il arrive à convaincre les producteurs qu'il est la bonne personne pour cela. En attendant, Christopher Nolan a repris les rênes d'un projet de Spielberg : Interstellar !
Le prochain défi grand de Christopher Nolan serait de mettre en scène lui un être aussi connu et emblématique que Batman : James Bond ! L'agent 007 et ses aventures, dont Nolan est friand, vont sans doute atteindre des sommets insoupçonnés s'il arrive à convaincre les producteurs qu'il est la bonne personne pour cela. En attendant, Christopher Nolan a repris les rênes d'un projet de Spielberg : Interstellar !
*l'exception
sera sans doute Man of Steel, nouveau départ de Superman au cinéma et réalisé
par Zack Snyder et produit et co-écrit ( en sous-main, comme son frère Jonathan avant lui sur Batman Begins ) par…Christopher Nolan , qui impose du
même coup son compositeur sur le film !
SPOILER ALERT : à partir d'ici,nous aborderons certaines thématiques du film et certaines thématique purement Nolaniennes. N'allez donc pas plus loin si vous ne l'avez pas encore vu. Attention cependant, il est peut-être nécessaire avant d'attaquer que vous vous remettiez en mémoire l'analyse que j'avais écrite sur Christopher Nolan sous peine d'être un peu perdu.
SPOILER ALERT : à partir d'ici,nous aborderons certaines thématiques du film et certaines thématique purement Nolaniennes. N'allez donc pas plus loin si vous ne l'avez pas encore vu. Attention cependant, il est peut-être nécessaire avant d'attaquer que vous vous remettiez en mémoire l'analyse que j'avais écrite sur Christopher Nolan sous peine d'être un peu perdu.
Vous êtes
encore là ? Ne venez pas dire que vous n'avez pas été prévenus !
Comme je le
disais plus haut, Bruce Wayne devient enfin un héros nolanien. Si la perte des
êtres chers a toujours été un moteur de ses héros, c'est souvent par la mort de
la femme de leur vie que les héros de Christopher Nolan se retrouvent dans la
situation dans laquelle le spectateur les trouve au début du film. Bruce colle
à ce schéma depuis qu'il a perdu Rachel Dawes. La mort de ses parents semble
enfin digérée puisqu'il a abandonné le masque !
Ce sont d'ailleurs deux "clones" de
Rachel qui le remettent en selle , deux jolies brunettes qui ne se laissent pas
intimider : Miranda Tate lui laisse entrevoir que l'amour est possible et
Selina Kyle le pousse à renouer avec son côté détective.
Bien
entendu, tout s'inverse par la suite. Car l'antagonisme est l'une des
thématiques de The Dark Knight Rises : Bruce est masqué jusqu'au nez et encapé,
Bane est tout en muscles saillants et son masque cache sa bouche. Leur premier affrontement
se fait mano a mano,la nuit sous terre, sans aucune musique quand leur dernier
combat se déroule au sein d'une bataille rangée ayant lieu en plein jour avec
la musique brute d'Hans Zimmer en arrière fond sonore.
Miranda est
la porte de sortie de Bruce vers une vie normale quand Selina le pousse à
reprendre certaines de ses habitudes ? C'est Miranda alias Talia Al Ghul qui se
révèle être la personne à attraper et Selina la femme qui lui donne une
perspective d'avenir ! Nolan vous a
montré une situation et l'a complètement changée : Prestige !
Un autre
grand thème est celui de la filiation ! Bruce, même s'il possède encore des
réminiscences de son père, a toujours recherché la présence de père de
substitution : Alfred est bien entendu l'exemple le plus évident. C'est l'homme
qui l'a élevé après tout et c'est à lui qu'il fait comprendre le plus clairement possible qu'il est vivant,qu'il a une femme et que sa vie va enfin pouvoir prendre un chemin que les parents rêvent de voir prendre pour leurs enfants : être heureux ! Mais James Gordon et Lucius Fox ne sont pas en reste non plus: la restauration du Bat-signal et la référence au correctif logiciel du pilotage automatique du Bat(wing) leur apprend aussi qu'il est sans doute bien portant.
Le personnage de John "Robin" Blake fonctionne sur le même schéma, logique
puisqu'il est destiné à prendre la relève de Batman. Il admire autant Batman
que Gordon et cherche à apprendre d'eux et tenter de les égaler. Malgré son
dégoût face au mensonge que Batman et Gordon ont créé pour cacher la vérité sur
Harvey Dent, Blake restera jusqu'au bout indéfectiblement à leurs côtés !
Talia
cherche à détruire Gotham pour honorer la mémoire de son père, mort avant
d'avoir pu se réconcilier avec elle. Un père qu'elle a déserté parce qu'il ne
supportait pas son protecteur/grand frère de substitution / voire peut-être
même amant ( il n'est pas interdit de le penser, leur relation reste ambigüe et
les lecteurs de comics savent qu'ils ont couché ensemble ). Avec un tel thème,
il est étonnant que Christopher Nolan n'ait même pas suggéré à demi-mots que
Selina Kyle est la fille naturelle du mafieux Carmine Falcone, chef de la pègre
Gothamites dans Batman Begins ! Mais cela aurait sans aucun doute alourdit un
film déjà très riche ! Inutile de provoquer une indigestion chez le spectateur! Au final, ce sont ces liens émotionnels forts et complexes qui créent la tension dramatique du film ( allez, Bane qui chiale quand Talia évoque leur passé, ça reste beau ) !
Enfin, on
retrouve son goût pour la science-fiction au travers de certains gadgets comme
le fusil EMP (écran magnétique propulsé, ça coupe tous les circuits
électriques) ou encore le cœur à fusion capable de produire une énergie plus
propre ( ça ne sera pas faisable avant de longues, très longues années ) tout comme son amour du film policier : certaines séquences ( je pense entre autre à celle où Blake fonce fusil au poing vers l'hôpital ) ont la force des scènes chocs de Heat, film que Nolan a toujours présenté comme une source d'inspiration pour The Dark Knight. Et que penser du programme " Table Rase " qui renvoie au concept Hitchcockien du MacGuffin ?
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